Magazine Humeur

SUITE avec le bon larron

Publié le 14 mai 2017 par Crioult

"mais qui peut mesurer l'action de la grâce ? Qui oserait désespérer à jamais d'une âme d'homme ? pendant que le bruit des blasphèmes retentit,sur le Calvaire, l'un des malfaiteurs s'est tu, et il a contemplé Jésus-Christ.

Il voit cette face sur laquelle le sang ruisselle, et il découvre une grandeur, une majesté qui l'étonne; dans son regard il aperçoit un amour qu'il n'a jamais entrevu; au milieu des clameurs de la foule, il entend cette parole: "Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font." Alors, dans les profondeurs ténébreuses de l'âme de cet homme, commence un drame étrange. C'est comme une lumière divine qui s'y lève et qui rayonne. Pour la première fois, il a vu la sainteté, il a vu l'amour. Pénétré d'une émotion inconnue, il regarde et regarde encore, et à l'oeil de son âme, la grandeur divine du crucifié apparaît de plus en plus.

 mais cette vérité qui l'éclaire, il ne peut la garder pour lui-même. Jésus n'a fait aucun mal; il faut qu'il le proclame; qu'importe qu'il soit criminel, il veut parler. Et il parle. Y avez-vous réfléchi ? Jésus avait enseigné pendant trois années, et les multitudes l'avaient acclamé; mais au Calvaire, il ne s'est trouvé que ce malfaiteur pour proclamer sa bonté. Souvenez-vous en, chrétiens timides dont la foi se laisse troubler par la vue de la foule abandonnant Jésus-Christ. Pour croire, il vous faut l'assentiment du nombre. Eh bien, souvenez-vous qu'à l'heure solennelle où la Vérité crucifiée a été donnée en spectacle au monde, elle n'a eu qu'un témoin et que ce témoin était un supplicié.

 En même temps qu'il contemple Jésus-Christ, sa propre misère se révèle à lui-même. Jusque là, il avait étouffé la voix d e sa conscience, il s'était volontairement endurci, mais maintenant il commence à distinguer les crimes de sa misérable existence, la lumière d'en haut lui rend visibles ses propres ténèbres.

 Devant cet amour qui pardonne, son égoïsme, sa révolte, son iniquité apparaissent dans toute leur noirceur. Ecoutez cet aveu: "Pour nous, nous souffrons ce que nos crimes méritent." Ah! Voilà bien, mes frères, le langage d'une âme touchée ! Pas de justification, pas de vaine excuse. Il s'est vu, il se connaît lui-même. C'en est assez pour que sur ses lèvres, qui blasphémaient il y a quelques instants, vienne se placer le cri du repentir. C'en est assez pour qu'il nous serve à jamais le modèle, pour qu'il nous apprenne à confesser sans détour de notre misère et à recourir comme lui à la miséricorde du Sauveur.

  Quoi ! en si peu de temps ! dira le sceptique, et c'est avec un sourire d'incrédulité qu'il accueillera cette histoire. C'est que le monde, mes frères, ne croit pas à ces brusques changements, et comment y croirait-on aujourd'hui surtout que l'on prétend tout expliquer par la simple action de la nature, disons mieux, par le fatalisme du tempérament ? On nous concédera tout au plus des transformations lentes, insensibles, dont le germe, nous dit-on, serait dans le caractère antérieur de l'individu; c'est à dire qu'on veut écarter toute action divine de l'histoire des individus comme de l'histoire du monde.  Mais, de même qu'au fatalisme de la science nous opposons notre foi au Dieu créateur, de même aussi au fatalisme de la morale nous opposons notre foi au Dieu qui convertit. Sans doute, dans ses voies ordinaires, Dieu se sert des lois qu'il a faites, et le plus souvent c'est par des impressions successives, c'est par des expériences multipliées, c'est par des appels répétés que les âmes reviennent à lui. le Dieu de la grâce est un Dieu d'ordre, et pour n'être pas soudaine, pour suivre un développement que nous appelons naturel, la conversion n'en est pas moins profonde et radicale. mais s'il lui plaît aussi, Dieu agit avec puissance, et le temps lui obéit. Vous ne croyez pas aux conversions soudaines, à ce que nous appelons les coups de grâce...quel espace de temps vous plaît-il donc d'assigner à Dieu ? Le temps! et qu'est-il, je vous prie, dans les choses de l'âme ? N'y a-t-il pas  des heures qui pèsent autant que des années dans une existence d'homme ? N'y a-t-il pas de ces instants décisifs où se concentre une intensité de vie et d'action que nul ne peut mesurer ? Dieu, en un mot, a t'il besoin du temps pour accomplir son oeuvre ? N'est-il plus le Tout-Puissant qui a dit: "Que la lumière soit," et la lumière fut.

Et le sermon d'Eugène Bersier de se poursuivre en disant son étonnement en la reconnaissance de la royauté du Christ de ce larron, par ses mots "Seigneur, souviens-toi de moi, quand tu seras entré dans ton règne" appuyant non seulement sur la foi nouvelle mais sur la totalité de cette foi.


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