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Macron, ou la « révolution » des dupes

Publié le 26 mai 2017 par Observatoiredumensonge

Édouard Philippe, choisi par Emmanuel Macron comme premier ministre, pratique la laïcité flexible


Macron, ou la « révolution » des dupes
Macron, ou la « révolution » des dupes

Par Ivan Rioufol

Le savoir : Édouard Philippe, choisi lundi par Emmanuel Macron comme premier ministre, pratique la laïcité flexible. Maire (LR) du Havre, il avait en 2012 fait jeter 8 500 desserts destinés aux cantines parce qu'ils contenaient de la gélatine de porc. Plutôt que de s'en tenir à la neutralité républicaine, l'élu s'était soumis à l'interdit alimentaire de la charia (loi islamique). L'anecdote est à retenir : elle laisse craindre d'autres détournements de la laïcité, un des piliers de la civilisation française. Macron, élu par beaucoup pour faire échec au " fascisme " de Marine Le Pen, a promis une " bienveillance exigeante " avec l'idéologie islamique. Ce choix de l'apaisement guide, mezzo voce, la recomposition politique en cours. Philippe, proche d'Alain Juppé, partage avec lui la mondialisation heureuse, l'accommodement raisonnable, la discrimination positive. Le chef de l'État est sur cette même vision " inclusive ". " Je veux accompagner les mutations ", a-t-il dit dimanche lors de sa prise de fonctions. Son gouvernement libéral mondialiste accélérera la cadence.
La marginalisation de Manuels Valls, qui voit la laïcité comme rempart à l'islamisme, confirme la stratégie arrangeante du macronisme. La République en marche a refusé son investiture à l'ancien premier ministre socialiste, qui n'aura néanmoins pas de concurrent face à lui. Commentaire de Valls (dans le JDD) : " Macron est méchant (...), il n'a pas de codes, donc pas de limites (...). Autant sur les questions économiques et sociales il n'y a pas de différence entre Macron et moi, autant sur l'identité on a un vrai désaccord. " Malek Boutih (PS), remarqué pour ses alertes contre l'emprise des prêcheurs de haine dans les cités, s'est pareillement vu écarter du parti gouvernemental, qui présentera un candidat face à lui. Durant sa campagne, Macron s'était gardé de désavouer le soutien de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), classée parmi les organisations terroristes par les Émirats arabes unis.
C'est la " révolution " des dupes qui se profile : là où François Fillon voulait interdire les Frères musulmans, Macron évitera l'épreuve de force avec l'islam politique. Sa descente des Champs-Élysées en véhicule militaire tenait du jeu de rôle. L'optimisme d'État récuse l'offensive du totalitarisme islamique, mise sur le compte de la crise économique et de l'Occident colonisateur. François Bayrou, ministre de la Justice, appuie cet angélisme. Pour Henri IV, Paris valait bien une messe. Son biographe devenu macroniste n'est pas loin de penser que la France de demain vaudra bien quelques sourates. Michel Houellebecq a tout dit dans Soumission. Alors que les chrétiens et les juifs ont eu à se soumettre aux exigences brutales de l'État, nombreux sont ceux qui plaident pour un régime de faveur vis-à-vis de l'islam conquérant. Cette capitulation, si elle devait se confirmer, tirerait un trait sur les territoires perdus de la République.
Les Républicains qui appellent la droite à " répondre à la main tendue par Emmanuel Macron " cautionnent peu ou prou ce choix communautariste d'une nation libanisée prête à acheter la paix multiculturelle. Parmi eux : Gérald Darmanin, devenu ministre, Thierry Solère, Franck Riester, etc., dont on comprend mieux les réticences qu'ils affichaient à soutenir Fillon dans son désir de " vaincre le totalitarisme islamique ".
Néanmoins, Macron a le mérite, en secouant le cocotier républicain, d'obliger cette famille de façade à en finir avec les faux-semblants. Le courant juppéiste et centriste a toute sa place dans le camp de Macron, qui a renoncé à assimiler les minorités culturelles. Les attentistes qui veulent prolonger la cohabitation au cœur de la droite plutôt que d'acter le divorce rendent illusoire une opposition structurée. Comment les responsables qui, comme François Baroin, ont appelé à voter pour Macron au deuxième tour peuvent-ils espérer convaincre de voter massivement pour les Républicains aux législatives ?
L'artifice de la théâtrocratie
La théâtrocratie que privilégie le chef de l'État, maître des horloges et de ses gestes, lui permet de demeurer dans l'ambiguïté. C'est ainsi que la question identitaire n'arrive pas à être abordée de face. Les courtisans rappellent l'homme de lettres et de culture qu'il est. Son premier ministre ne raffole-t-il pas de la série des Trois Mousquetaires, qu'il dit relire tous les dix ans ? D'autres thuriféraires croient reconnaître la silhouette du premier consul dans son " regard au profil d'aigle ". N'y a-t-il pas aussi, tant qu'on y est, un Bonaparte dans cette manière qu'à Macron de prendre l'oreille de ses grognards ? Dimanche, Gérard Collomb (devenu ministre de l'Intérieur) avait les larmes aux yeux, tandis que le chef passait ses briscards en revue en leur caressant nuque et joue. Pour le téléspectateur distrait, ces scénographies sur la continuité historique font leur effet. Il n'empêche : la vigilance devra être de tous les instants, tant est grande la tentation du président de voir dans les " quartiers populaires " l'unique expression du peuple français et de son destin. Dimanche, il a d'ailleurs boudé la grande parade parisienne.
Là aussi est la duperie : dans l'artifice qui s'attache au macroniste quand il parle de " clarté ". Elle a aussi fait gober la " farce antifasciste ", dont Alain Finkielkraut craint, dans Causeur, que les juifs ne soient les dindons. Le palestinisme a désormais ses entrées en haut lieu. Richard Ferrand, ancien secrétaire d'En marche ! devenu ministre, a financé France Palestine Solidarité en 2016. Marlène Schiappa, secrétaire d'État, soutient la " lutte pour la liberté du peuple palestinien ". Quant à l'exigence de transparence et de moralité qui ouvre ce quinquennat, elle pèche aussi par ses exceptions. Vouloir éviter les conflits d'intérêts en exigeant des politiques qu'ils dévoilent leurs éventuelles relations d'affaires est une bonne chose. Cependant, le chef de l'État ne dit rien de son réseau d'amis banquiers, responsables du CAC 40, créateurs de start-up, hommes d'influence qui ont financé sa campagne jusqu'à 15 millions d'euros (voir mon blog). Par qui Macron a-t-il été soutenu et pour quel objectif ? Question sans intérêt probablement.
Clivage élitaire-populaire
Le clivage élitaire et mondialiste qui s'opère derrière Macron, dans lequel l'horizontalité de la société civile a vite laissé place à la verticalité du pouvoir, est une aubaine pour la droite populaire libérale et sociale. Qui saura la réunir ?

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IVAN RIOUFOL

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