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Interview (presque) imaginaire : Simone Veil

Publié le 09 juillet 2017 par Legraoully @LeGraoullyOff

Interview (presque) imaginaire : Simone Veil

RENAN APRESKI : Bonjour, amis lecteurs. Aujourd’hui, le professeur Blequin ne se sent pas en veine pour vous raconter sa semaine, ce qui me permet de vous revenir après une longue absence. C’est donc tout à la joie de vous retrouver que je reçois, en exclusivité exclusive pour Le Graoully déchaîné, madame Simone Veil.

SIMONE VEIL : Bonjour, monsieur Apreski.

R.A. : Alors madame Veil, on a beaucoup parlé de vous cette semaine, vous avez fait la une de tous les journaux, et il a même été décidé de vous faire entrer au Panthéon, qu’est-ce que ça vous fait ?

S.V. : Honnêtement, ça m’indiffère : je suis morte, maintenant ! Et quand on est mort, on est mort ! Les hommages posthumes, ça ne sert à rien si ce n’est à aider les survivants à se donner bonne conscience ! Pour tout vous dire, quand je vois tous ces politiciens véreux qui versent leurs larmes de crocodile sur mon corps déjà froid, je me dis que je vomirais si je le pouvais encore ! Je vous parie que s’ils avaient été déjà députés en 1940, ils auraient voté les pleins pouvoir à Pétain sans se faire prier, histoire de sauver leur peau en sacrifiant la mienne ! Et en 1974, ils auraient été les premiers à me mettre des bâtons dans les roues histoire de ne pas se fâcher avec leur électorat réac ! En fin de compte, ça les arrange bien que je sois morte et que je ne sois donc plus là pour leur rappeler leur lâcheté et leur médiocrité ! En m’enterrant, ils espèrent aussi enterrer ce que j’incarnais et qui leur était fondamentalement insupportable ! Envoyer des juifs à la chambre à gaz, ça ne leur ferait rien : pour eux, la vie du citoyen de base, c’est de la crotte ! Et l’égalité entre les sexes, ils s’en tamponnent le coquillard, ils n’y voient que des caprices de bonnes femmes !

Interview (presque) imaginaire : Simone Veil

R.A. : Heu… Notez quand même que les réactions à l’annonce de votre mort n’ont pas toutes été élogieuses : il y a eu l’évêque de Bayone qui a publié sur Twitter, je cite : « Je prie pour Simone Veil, car « l’avortement n’est pas un moindre mal, c’est le meurtre d’une vie innocente. »

S.V. : Oui, j’en ai entendu parler : on accable cet évêque, mais il n’a fait que citer le Pape François. Visiblement, l’Église n’a pas changé depuis 1974 ! Que voulez-vous, si ce monsieur était capable de penser par lui-même, il ne serait jamais entré dans les ordres ! Apparemment, il doit s’imaginer que j’ai dû affronter une armée d’âmes d’enfants qui ne sont pas nés mais je ne peux que le décevoir : ça va faire dix jours que je suis morte et il n’est trouvé personne pour me demander des comptes sur la conduite que j’aie eue de mon vivant, je n’ai vu aucun grand barbu ni aucune « victime innocente de l’avortement » qui m’ait demandé des explications. Bref, j’ai pu constater ce dont je me doutais : il n’y a rien, après la mort. Alors cessez de vous raconter des histoires : profitez de la vie tant que vous êtes encore debout, ne la perdez pas à vous rendre digne d’un paradis qui n’existe pas, personne n’ira en enfer pour avoir avorté ! D’ailleurs, l’avortement est déjà un enfer en tant que tel : vous ne trouverez aucune femme qui y a recours de gaité de cœur !

Interview (presque) imaginaire : Simone Veil

R.A. : Hum ! Dernière question : qu’est-ce qui vous ferait vraiment plaisir, comme hommage ?

S.V. : Je vous l’ai dit, là où j’en suis, les hommages m’indiffèrent, mais si vous y tenez vraiment, veillez à ce qu’il n’y a pas de récidive de l’holocauste et à ce que les droits des femmes ne régressent pas : commencez déjà en cessant de prendre la défense, au nom de la liberté, de ces gens qui prétendent être des rebelles en faisant l’apologie du racisme et du machisme !

R.A. : Et bien, vous n’y allez pas avec le dos de la cuillère !

S.V. : Que voulez-vous ? Je n’ai rien à perdre puisque je suis déjà morte ! Je peux retourner gésir ?

R.A. : Oui, je vous en prie… Elle est marrante, elle : si on n’invite plus les néo-réacs, comment on va faire de l’audience ? C’est pas avec des petits pédés de progressistes qu’on va y arriver !

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