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Lettre à Monsieur le contrôleur des TL (Transport Lausannois)

Publié le 12 juillet 2017 par Sweetmama
Lettre à Monsieur le contrôleur des TL (Transport Lausannois)

Hier soir, dans le bus qui me remontait depuis le centre-ville de Lausanne jusqu'à ma voiture garée sur le parking-relais du Parc Vélodrôme, après ma longue journée de travail, j'ai eu le plaisir de me faire contrôler par vous.

Assise confortablement dans mon siège, c'est tout à fait sereinement que je vous ai présenté mon ticket de transport, daté du 9 juillet et valable pour 1 mois. Titre de transport qui va de pair avec mon abonnement au parking puisque c'est le principe même du parking-relais : pour 125.- CHF (113€ environ) pour 1 mois, je paye un abonnement à la fois pour ma voiture sur le parking et pour moi-même dans les transports en commun.

Quelle ne fût pas ma surprise donc quand vous m'avez réclamé ma carte de d'abonnement. Je n'ai pas saisi de quoi vous parliez sur le moment. J'ai même échangé un regard surpris avec une de mes voisines de bus. Après avoir contrôlé les gens autour de moi, vous êtes revenus à la charge pour me réclamer cette fameuse carte, dont je n'ai jamais entendu parler.

Devant ma mine circonspecte, vous avez enchaîné en me disant que mon titre de transport n'était valable qu'avec cette fameuse carte, où devrait figurer ma photo. Puis vous avez sorti votre matos _ stylo et carnet _ pour m'adresser une contravention bien salée de 100.- CHF (90€).

C'est à ce moment là, quand j'ai compris que vous étiez réellement en train de me mettre une amende que mon cerveau a tilté. J'ai littéralement éclaté en sanglots. J'ai été secouée de spasmes tellement violents que j'avais de la peine à parler. Ca ne m'étais plus arrivé depuis ce jour. J'aurais aimé me justifier et vous expliquer que je n'ai pas voulu frauder, que je pensais sincèrement que le simple fait d'avoir acheté mon ticket à la borne pour le mois était suffisant.

J'ai tout de même réussi, entre 2 sanglots, à vous dire que j'ignorais qu'il me fallait une carte d'abonnement. Vous m'avez répondu qu'en effet, ce n'était indiqué nul part et que c'était à moi de me renseigner, que je n'étais pas la première à me faire avoir, et que vous aviez épinglé une de mes compatriotes françaises à peine quelques heures plus tôt dans la journée (???).

J'aurais aimé vous dire que cette amende me parait totalement injuste. Comment pouvais-je deviner que les P+R de la ville avaient changé de système. Cela fait 6 ans que je ne suis pas revenue travailler sur Lausanne. Comment aurais-je pu deviner ?

J'aurais voulu vous dire combien cette toute récente reprise du travail est importante pour moi, en tant que maman, en tant que femme; combien il est difficile d'arriver à caser mes 4 enfants entre les copines, la famille, la nounou quand on a un planning fluctuant; comme c'est fatiguant de rester concentrée au maximum toute la journée pour éviter les erreurs de caisse, que je suis en période d'essai et que je n'ai pas trop le droit à l'erreur; comme le sort s'acharne un peu bêtement sur nos voitures et que les frais augmentent et s'accumulent ...

Mais je n'ai pas pu me défendre. Ravagée par mes sanglots, j'étais là devant vous, à pleurnicher comme une gamine. Vous avez été ma goutte d'eau, celle qui a fait exploser toutes mes retenues, tous les murs que je me suis construit caillou après caillou depuis ma reprise. Vous avez fait sauter les remparts, laissé parler la fatigue sous-jacente et l'émotion submergeante.

Aurais-je pu vous faire changer d'avis, vous convaincre de ma bonne foie et vous faire me donner un simple avertissement, à titre informatif, de façon à ce que je puisse régulariser ma situation au plus vite ? Je ne pense pas non, votre travail n'est pas d'informer, mais bien de verbaliser et de récolter du pognon.

Je ne vous en veux pas, monsieur le contrôleur, j'ai même de la peine pour vous. Vous faites un travail bien pourri pour devoir soutirer de l'argent à des personnes dans l'ignorance. Preuve de ma bêtise mon honnêteté, je vous ai même donné ma nouvelle adresse pour mon amende, alors qu'il me suffisait de vous laisser recopier celle qui était sur ma carte d'identité et où je n'habite plus depuis belle lurette.

C'est contre moi que je suis en colère, d'avoir honteusement craqué comme ça dans ce bus, à la vue de tous. J'ai honte de ma réaction, je me croyais plus forte, plus forte que ça, plus forte que vous monsieur le contrôleur. J'ai tellement honte de moi que je n'ai pas réussi à en parler à mon homme ou mes amies.

Maintenant que je me suis calmée, j'ai bien l'intention d'aller faire une réclamation, car il n'est pas question que je paye presque 2 fois ce foutu abonnement de parking.

Merci à vous, à plus dans l'bus...


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