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# 168/313 - Mélange occidentalo-japonais

Publié le 15 juillet 2017 par Les Alluvions.com

Après la rédaction de l'article précédent, j'ai replongé dans le livre de Kenzabûro Ôe (de fait, j'en avais interrompu la lecture le 13 juin à la page 206 - toujours la même tendance depuis des années à la lecture fragmentée, plurielle, qui comporte bien sûr avantages et inconvénients). Avec cette fois, l'ambition de le terminer dans la journée (les vacances sont bien faites pour ça, surtout lorsqu'il pleut comme aujourd'hui).

Et voici qu'à la page 255, j'ai la surprise d'un écho splendide à la coïncidence déjà relevée avec Descartes :

Le nom de votre personnage, Chôkô Kogito, a fait l'objet de beaucoup de commentaires. Un nom pouvant paraître vieillot, porteur d'une certaine rigueur morale, semble-t-il...
Il est comme un second premier rôle, proche de moi. J'ai écrit le nom de Chôkô en jouant sur les idéogrammes de mon propre nom Ôe, "grande rivière", qui peut se lire aussi Chôkô. C'est donc un nom qui peut convenir pour monpseudo-nyme. Dans le roman j'écris que c'est le grand-père, qui a appris des choses sur les mœurs américaines grâce à John Manjiro [1927-1998, premier Japonais à s'être rendu aux États-Unis] et entendu plus ou moins parler de Descartes, qui a choisi le nom de Cogito et puis, à l'instar de ma région de naissance où propriétaires terriens et commerçants ont étudié le confucianisme de l'école d'Itô Jinsai qui utilise le terme de Kogi pour dire "le droit chemin ancien", le Cogito de Descartes se retrouve associé avec le Kogi d'Itô dans ce nom de Kogito : il s'agit donc de l'étrange résultat d'un mélange occidentalo-japonais. Au cours de l'écriture du roman, j'ai ainsi ajouté des fioritures par rapport à l'origine de ce nom, mais au départ je l'ai choisi parce que la sonorité Kogito me plaisait. [...]
Il est vrai que depuis ma jeunesse j'aime la phrase de Descartes, "Cogito ergo sum". La traduction japonaise qui en a été faite est plutôt bonne, mais au fond le sens n'est pas "parce que l'homme pense il est un être à part" ou "c'est parce que j'existe que je pense" : se poser la question est-ce que j'existe ou pas, c'est inutile, ce n'est pas un autre qui pense, c'est moi qui pense, donc je suis. Cette définition m'a été expliquée par un professeur français et elle m'a beaucoup plu."

Voilà. C'était une belle prise faite, comme aux échecs, en passant. Je retourne au livre alors que le soleil revient après la pluie.

# 168/313 - Mélange occidentalo-japonais



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