*
Une dernière image de Vivre, de Kurosawa. Extraite de l'une des plus belles séquences.
Elle prend place dans la seconde partie du film : on apprend qu'une nuit d'hiver, un agent municipal a observé Watanabe dans le parc où il a trouvé la mort, assis sur une balançoire en train de chanter Gondola no Uta, autrement dit Gondola Song, cette même ballade romantique qu'il avait interprétée avec tellement de désespoir dans le cabaret tokyoïte. Mais là, au contraire, il semblait heureux. Pensant qu'il avait affaire à un individu ivre, l'agent ne lui est pas venu en aide, ce qui laisse supposer que Watanabe, déjà fragilisé par la maladie, est probablement mort de froid.Je trouve merveilleuse cette vision du vieil homme se balançant comme un de ces enfants à qui il est venu en aide, chantant avec bonheur une chanson mélancolique.
*
"Vers 1945, raconte Marcelle Bouteiller, dans la commune berrichonne de Bouesse (Indre), une jeune fille dépérissait "de langueur". Un devin discerna l'action d'une voisine à laquelle il transféra le mal. La fille guérie, ses parents, pris de remords, dirent au devin de guérir la sorcière. Mais aussitôt la jeune fille retomba malade. Semblable expérience m'a été racontée à Fontenay-le-Comte (Vendée)."En note, elle indique que cette information provient du Dr Allain. Or, ce Dr Allain, décédé en 1997, eut un rôle majeur dans la préservation des vestiges de la cité gallo-romaine d'Argentomagus. "Initié aux techniques de fouilles par le célèbre professeur, André Leroi-Gourhan, Jacques Allain commença à prospecter en 1946, à Saint-Marcel, les grottes de La Garenne, devenues un site européen majeur de la période magdalénienne.
La qualité de ses travaux et sa rigueur scientifique lui valurent, en 1965, le poste de directeur des Antiquités préhistoriques de la région Centre." (N.R. du 22/11/2013)
Le Dr Allain (à droite sur la photo)
Jacques Allain fut médecin de campagne à Bouesse, or, je sais par mon père, natif précisément de Bouesse, qu'il employa mon grand-père Lucien, revenu de captivité, dans ses premières campagnes de fouilles.Ceci dit, jamais je n'ai entendu parler de sorcellerie et de jeteur de sorts dans ma famille paternelle. Ni mon père, ni ma grand-mère que j'ai beaucoup vue dans les dernières années de sa vie, ni mes oncles et tantes n'ont soufflé mot à ce sujet. Parce qu'il était tabou ? Je ne pense pas. Ce sont des gens au demeurant peu religieux que le sujet ne doit guère intéresser. Mais peut-être me trompé-je ? Il va falloir que je les interroge, que j'en ai le cœur net.*Lu le deuxième volet de l'histoire de Jean-François Billeter et de sa femme Wen. Dans Une autre Aurélia, il évoquait sa disparition et les années qui ont suivi, dans Une rencontre à Pékin, il raconte comment le jeune étudiant qu'il fut réussit à se marier avec une jeune Chinoise dans la période qui précéda la funeste Révolution culturelle. Évocation d'une Chine qui n'est plus, d'une capitale qui a perdu son visage ancien, de l'histoire tragique des parents de Wen, ce petit livre écrit avec simplicité et sans pathos, n'en est pas moins poignant.