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Josh Gibson

Publié le 02 août 2017 par Barbu De Ville @barbudeville
Josh Gibson

Une journée sans baseball c’est une journée gaspillée disait Gibson.
En 1930, Gibson n’était pas un homme de race noire, mais plutôt un nègre. À l’époque, les Afro-Américains n’étaient pas plus considérés que le singe par l’homme blanc. Un Noir, c’était bon pour ramasser le coton, faire le ménage et être pendu lors d’une cérémonie du Ku Klux Klan! Les Blancs, dits de la race supérieure, étaient assis en avant dans les autobus, et les Noirs devaient s’asseoir en arrière. Il y avait des abreuvoirs pour les Blancs et d’autres pour les Noirs. Gibson, malgré son immense talent, n’avait pas la bonne couleur à l’époque. Il n’était qu’un nègre de service, une bête de cirque, sans plus.
La carrière de Josh Gibson s’est échelonnée de 1930 à 1946. Il a joué avec les Grays de Homestead et les Crawfords de Pittsburgh. Gibson est considéré par les historiens du baseball comme l’un des meilleurs joueurs de balle de tous les temps! Il n’a jamais joué un match dans le baseball majeur, il a passé toute sa carrière dans la Negro League. Malgré tout ça, ceux qui l’ont vu jouer vous diront qu’il était le meilleur.
Quand Gibson a commencé à jouer dans les années 30, c’était encore le
Far-West au baseball. Il n’était pas rare de voir un gars glisser au deuxième but et planter ses crampons dans la jambe de l’adversaire. Des crampons en métal dans une jambe, ça rentre comme un couteau dans du beurre chaud. Certains joueurs comme Ty Cobb allaient même jusqu’à affiler leurs crampons.

Il était homme-orchestre sur un terrain de balle. Il pouvait frapper pour la puissance, courir plus vite que ses jambes, frapper au-delà de la moyenne et, défensivement, il était un catcheur exceptionnel avec un bras canon! Avec ses gros bras de Gibson, il pouvait vous pulvériser les balles comme une piñata.

Si le Bon Dieu avait sculpté un joueur de balle de ses mains, il l’aurait sculpté à l’image du légendaire Josh Gibson.

Josh Gibson

Il n’avait qu’un but, qu’un rêve, c’était de jouer au baseball tous les jours de sa vie. Il disait à qui voulait l’entendre que de jouer un programme double était un cadeau du ciel. En offrande, il s’appliquait à offrir un circuit à la vie, au soleil et à tous les spectateurs qui lui faisaient l’ultime privilège de payer pour le voir jouer. Son rêve ultime était de jouer dans les ligues majeures, mais à l’époque, Martin Luther King n’avait pas encore eu son rêve!

Par un beau soir de juillet 1930, quelque part à Kansas City…
Le ciel est sublime et les lumières éclairent le terrain de tous leurs feux. Des pères de famille sont assis dans les estrades avec leurs fils qui se bourrent la face de patates frites et de hot-dogs, comme quoi même l’évolution n’a pas changé le baseball.

Les monarques de l’endroit affrontent les légendaires Grays de Homestead, qui allaient remporter neuf championnats consécutifs dans la Negro League!
En fin de 7ième manche, le catcheur toute étoile des Grays se casse un doigt en trois morceaux. Pour fin du texte, il s’agit de Buck Ewing. L’entraîneur de Homestead cherchait son catcheur substitut. C’était la jeune recrue de 18 ans, Josh Gibson. Il était dans les estrades avec les spectateurs, en train de s’enfiler des hot-dogs (son point faible).

Il est descendu des estrades, a pris un bâton et, à sa première apparition dans la ligue, au premier lancer contre lui, il a envoyé la balle dans les estrades. Ewing n’a jamais plus catché pour Homestead.
Et lors de sa saison recrue, Gibson a frappé pour une moyenne ronflante de .461!
Saison après saison, Gibson était régulier comme un métronome. Avec son bâton, il faisait des feux d’artifice. Lors d’un match au vieux Yankee Stadium, car il faut maintenant dire le vieux Yankee Stadium, Josh a ajouté à sa légende. Ce jour-là, il a frappé un circuit tellement loin dans le champ que la balle est sortie du terrain. La balle s’est retrouvée dans la rue. Dans toute son immense histoire de 1923 à 2008, aucune autre balle n’a été frappée en dehors du vieux Yankee Stadium.
Il est commun de la frapper hors du Wrigley Field de Chicago ou du Fenway Park de Boston. On parle ici d’une frappe à plus de 600 pieds, ce qui est à la limite de l’impossible! La preuve, le seul homme à l’avoir sortie fut ce bon vieux Gibson! Tous les autres frappeurs qui ont essayé, même ceux qui déjeunaient avec des stéroïdes dans leurs céréales, n’ont pas réussi.
Josh n’arrêtait jamais de jouer à la balle. Aussitôt la saison de la Negro League terminée, il se dirigeait soit vers Mexico, Cuba ou Puerto Rico! Il était considéré comme une icône en Amérique centrale. Durant toutes ses saisons mortes passées là-bas, il a maintenu une moyenne de .453!

Gibson jouait tout le temps et, quand je dis tout le temps, c’est tout le temps.
Même après les matches, il allait dans les parcs pas loin de chez lui dans la région de Pittsburgh et il s’offrait pour jouer avec les jeunes. Le tout se terminait toujours par une démonstration de sa puissance. Il était commun de voir Josh en pleine rue avec les enfants en train de jouer à la balle un beau samedi après-midi! Il n’y avait pas de p’tite partie, toutes les parties étaient des cadeaux de la vie! Il aimait enseigner l’art de frapper. Josh aimait le baseball et le baseball aimait Josh.

Josh Gibson

Il a eu 60 apparitions au bâton contre des équipes étoiles du baseball majeur! Pendant ses matches, il a frappé pour une moyenne de .462! L’homme blanc avait à l’époque sa réponse versus le talent de Gibson.
Le 20 janvier 1947, Gibson est mort d’un cancer du cerveau. Il n’avait que 36 ans. À l’époque, la médecine était au même niveau que la boucherie, ou presque, alors imaginez les traitements pour un cancer de la sorte! Trois mois plus tard, Jackie Robinson devenait le premier Noir à jouer dans les ligues majeures. Comparativement à Gibson, Robinson était un être docile, et l’homme blanc aimait son Nègre docile!
La légende des Grays et des Crawfords a terminé sa carrière avec une moyenne de .362 à vie. Pour comparaison, le meilleur en 135 ans d’histoire des ligues majeures fut Ty Cobb, qui frappa pour une moyenne à vie de .367! Gibson frappa 800 circuits en carrière, au naturel, ce qui est à des années lumières du roi des coups de circuit des ligues majeures, Barry Bonds, qui en a frappé 762 avec beaucoup de stéroïdes et d’hormones de croissance! Lorsqu’il a pris sa retraite en 2007, Bonds déclara : « Ce bon vieux Gibson est encore le premier. »
Quand Gibson fut enterré, il n’avait même pas de pierre tombale en son nom. Une simple croix blanche en bois, avec inscrit dessus « Gibson ».

En 1972, soit 25 ans après sa mort, le grand Josh Gibson fut élu au Temple de la Renommée à titre posthume, malgré qu’il n’ait jamais joué une game dans les ligues majeures… son fils a reçu la plaque en main propre! Une injustice, l’injustice d’une vie, a été partiellement réparée. Et en 1975, des amoureux du baseball ont installé une pierre tombale digne de ce nom, là où le grand Gibson est enterré à Pittsburgh!
Note de l’auteur dans le texte:
À chaque fois que l’on me demande qui est le meilleur joueur de baseball de tous les temps, je réponds sans aucune hésitation Josh Gibson.

Josh Gibson
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