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C’est Raymond câlice

Publié le 22 mai 2017 par Barbu De Ville @barbudeville

C’est Raymond câlice

On est mercredi comme plusieurs mercredis. Et le mercredi, c’est la journée du chinois à la cantine mobile. Soupe won-ton, général Tao, chop suey, spare ribs et egg rolls au bout brûlé, directement de la légendaire maison Pékin.
Il est 10 h, l’heure du break a sonné. C’est l’heure aussi d’agacer ou de se faire agacer par l’ineffable Réal notre gars de cantine.
Ce matin là, il y avait avec un gars que je connaissais pas avec Réal.

Réal: Hey! Pat! J’te présente Raymond. J’y ai dit que tu connais le barbu de ville mais y me cré pas.

Moi avec le sourire fendu jusqu’au oreille: Je l’connais certain.

Raymond sort 20$ de sa poche et il me dit: Tu peux d’abord m’amener son livre SVP? Ma femme a cherché à la bibliothèque pour barbu de ville pis elle a rien trouvé, c’est quoi son vrai nom?

Je sors mon portefeuille et fais semblant de lire sur mon permis de conduire: Patrick Beauséjour c’est le vrai nom du Barbu de ville.

Raymond: Ah ben bout de criss. C’est toé ça, le Barbu de ville? J’en reviens pas.

Il me prend par les épaules et me regarde direct dans les yeux, et d’un ton solennel il me dit:

Raymond: Mon tabarnak! J’ai 63ans, je suis analphabète, pis à cause de toé mon calice j’apprends à lire. Les premiers mots que j’ai lu c’est dans un de tes textes. T’es mieux de continuer… le premier livre que je veux lire c’est le tien mon sacrament. T’es pas un gars de shop toé, bin voyons donc sacrament.

Moi: ….

Raymond: Réal m’a dit que t’es un buveur de Pepsi? J’t’en paye un.

Moi: Raymond, merci! Raymond t’es fin! Humblement merci!

Raymond: C’est juste un Pepsi calice.

Moi: J’parle pas du Pepsi.

Raymond: J’sais bin. Pis lâche l’humilité. Si t’es capable de me faire lire, t’es capable d’en faire lire un crisse de paquet. Un ostie de paquet.

Moi: Tsé, vivre de son écriture, c’est compliqué Raymond. Mais j’travaille à chaque jour sur mon rêve maintenant!

Raymond: C’est pas compliqué, écris câlice. Quand t’es pas au travail, écris câlice. Quand tes enfants dorment, écris câlice. Écris pis écris pis quand tu vas être tanné d’écrire, écris encore saint-sacrament. Veux-tu vieillir dans un osti d’container, crisse?
Le soir ma Pauline me faisait la lecture de tes textes pis un soir je me suis dit que lui le Barbu de ville mets de l’effort pour écrire, moé  je vais en mettre pour le lire. Merci Patrick!

Moi avec les yeux dans l’eau: Jamais au grand jamais j’aurais pensé que mes textes auraient fait lire un analphabète. C’est moé qui te remercie Raymond.

Réal, le gars de cantine: Câlice les gars voulez-vous que je vous paye une chambre de motel là? Moé Raymond câlice, tu m’as jamais faite des beaux compliments de même pis ça fait 23 ans que je te serre. Pis toé Nelligan va finir de vider ton container!

Moi et Raymond: Jaloux 

Je vais écrire un texte sur notre rencontre improbable. Que je lui dit. Pis si un jour je publie, tu vas être invité avec ta Pauline à mon lancement pis tu vas être VIP mon Raymond.

Il me fait une demande…

Raymond: Tu pourrais-tu pas me faire sacrer sur ton Barbu de ville. Ma Pauline aime pas ça quand je sacre. Ma Pauline, elle sait pas que mon surnom à la shop c’est Raymond Câlice.

Promis mon Raymond, promis.

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