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Au parc Richelieu

Publié le 26 septembre 2017 par Barbu De Ville @barbudeville

Au parc Richelieu

Laissez-moi vous raconter l’histoire d’un petit gars de 8ans…

Chaque été, le petit gars de 8 ans tentait d’améliorer son jeu, ses connaissances et sa collection de cartes de baseball! Plus tard, il voulait remplacer Garry Carter au marbre ou être journaliste et remplacer Serge Touchette du journal de Montréal.

Souvent, il traînait son petit frère de 4 ans avec lui. Chemin faisant, il s’arrêtait au dépanneur Gibeault dans le Petit-Canada sur la Filion. Il achetait des jus en sac qu’il fallait transpercer avec une paille en biseau. Ainsi, ils avaient assez de carburant pour faire le 10 minutes de marche qui les séparait du fameux parc Richelieu dans le temps de la piscine municipale!

Ils traînaient avec eux une balle de tennis, une balle de baseball, un vieux bâton de baseball Louiseville, deux gants aussi usés sinon plus que le bâton et beaucoup de bonheur à aller jouer au  »FLY PIS AU ROULANT ».

Le petit gars de 8 ans avait aussi dans les pieds de magnifiques souliers trois couleurs des expos! Avec ses souliers, il était persuadé qu’il était la réincarnation de Tim Raines. Il était persuadé qu’il courait aussi vite que lui du moins, les souliers lui donnaient un avantage certain sur les autres petits joueurs de balle!

Dans ses 8 ans de vie, le petit gars vous dirait lui-même que c’est le plus beau cadeau qu’il n’a jamais reçu.

Son petit frère de 4 ans lui était plutôt un pêcheur. Il pêchait  »toute la maudite été », il n’arrêtait que pour faire du bicycle et quand son frère l’achalait suffisamment pour aller jouer au  »FLY PIS AU ROULANT ». Si aujourd’hui, il n’y a presque plus de poisson dans la rivière du Nord, aux abords de Lachute c’est un peu de sa faute. Aucune espèce ne lui a résisté: barbotte, perchaude, carpe, crapet soleil, brochet, doré et la barbu remplie de mercure.

Du haut de ses 4 ans, il avait la patience des plus grands joueurs d’échecs russes et pouvait rester à la même place des heures et des heures sans rien pogner.

Ils pouvaient jouer des heures à se lancer des balles, à se faire des bleus partout sur le corps, à se chicaner pour avoir un tour au bâton, à pogner des fly, à savoir qui court le plus vite autour des buts, à se faire des relais du 2e but au 1er but etc…

Bref, il en a joué des parties de balle au Richelieu. Il a vu avec ses yeux de petit gars de 8 ans, les 4 chevaliers O’Keefe et le gros Claude Potvin faire de la magie. Que d’émerveillement! Seul au parc, comme un grand, assis dans les estrades avec un casseau de patates au vinaigre et un coke à regarder les grands jouer à la fastball et à la softball.

En plus de ses parties improvisées, le petit gars de 8 ans a joué des centaines de games de balle au mur. Il était une sommité dans le domaine. Si un jour on donne un prix pour ce jeu, il en sera le premier récipiendaire! Comme Picasso il maîtrisait son art!

Vers 7h PM, il rentrait à la maison prendre un bain, mettre son pyjama rempli de balles, manger un peu et il allait s’enfermer dans sa chambre jouer avec ses cartes dont sa préférée, celle du lanceur à la moustache  »Rollie Fingers ». Il mettait sa radio transistor à CKAC, la cachait sous ses couvertures, tenait son gant de baseball comme une doudou et se laissait bercer les soirs d’été par la voix rassurante de Jacques Doucet.

S’il y avait une certitude dans le monde de ce petit gars de 8 ans c’était que chaque soir d’été, Jacques Doucet serait au rendez-vous comme un bon père de famille. Certains avaient comme héros Superman, Spiderman, Batman… lui il préférait de loin les Gary Carter, Raines, Mike Schimdt et Babe Ruth!

Il y avait à chaque printemps dans le gymnase de la polyvalente Lavigne, un camp d’évaluation pour former les équipes de la ville. Ils avaient besoin de 4 clubs pour la ligue inter-paroissiale de niveau plus faible: ses équipes étaient St-Anastasie (2), St-Julien (1) et Immaculée-Conception (1).

Par la suite, il y avait les  »yankees » de cette ville, l’équipe qui allait représenter la ville partout dans les Laurentides. Les fameux Rotary, club de niveau (A). Ils avaient un bel uniforme jaune serin avec une casquette brune.

À chaque évaluation, le petit gars de 8 ans était choisi pour jouer avec les fameux Rotary. Il a appris les fondements de la balle à ses camps d’évaluation, il a appris à bloquer avec un genou à terre, à lancer par-dessus l’épaule, à raccourcir son bâton, à voler des buts même s’il n’a jamais été un marchand de vitesse, à faire le court et frappe, à ne pas attraper la balle comme  »Willie Mays ». Mais au camp il a appris aussi le sens du mot pauvreté car ses parents ne pouvaient lui payer l’inscription et l’uniforme. Il a été au camp quand même pendant des années dans l’espoir que ses parents, que quelqu’un lui aurait payé l’inscription et l’uniforme.

Si vous êtes attentifs chers lecteurs et lectrices… vous pourrez le voir coacher dans l’uniforme Orange avec le numéro 8 sur les terrains de St-Jérome . Si vous regardez attentivement, vous pourrez apercevoir à travers ses souliers de balle noirs Wilson, les souliers trois couleurs des Expos du petit gars de 8 ans. Et si vous savez lire entre les lignes de ce texte, le petit gars de 8 ans de Lachute est maintenant un barbu de ville.

*Message au petit gars de 4 ans*                                                                                              J’étais tellement content cet été quand le petit pêcheur est venu me voir coacher les Orioles B2 contre les Jets de Mirabel… il a même pas fallu que je le traîne. 



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