Magazine Humeur

Jeunes, réacs, cancres et militaires (chronique amère)

Publié le 27 septembre 2017 par Legraoully @LeGraoullyOff

« Il ne faut pas désespérer des imbéciles. Avec un peu d’entraînement, on peut arriver à en faire des militaires. » (Pierre Desproges)

« Quand je les vois [les jeunes actuels], je trouve qu’ils ressemblent aux parents contre lesquels on s’est rebellés ! » (Lemmy Kilmister)

Chaque année, quand revient l’été, des millions de gens font de leur plein gré quelque chose qui leur paraitrait intolérable s’ils y étaient forcés par le pouvoir : ils font des kilomètres en voiture pour vivre pendant un mois dans un taudis en taule ondulée ou sous un bout de toile qui est signe ostensible de misère en ville. Pourquoi vous fais-je cette remarque que je ne suis sûrement pas le premier à émettre ? Parce que ce paradoxe n’est pas isolé.

Jeunes, réacs, cancres et militaires (chronique amère)

En effet, ma génération d’experts-comptables semble se jeter gloutonnement sur tout ce contre quoi leurs parents et grands-parents ont dû lutter, à croire que le plaisir bête et méchant de s’opposer à tout prix à ses géniteurs l’emporte sur l’ardente générosité que l’on s’obstine à présenter comme l’apanage de la jeunesse. Les parents ont lutté contre le mariage, institution poussiéreuse ennemie de l’amour, les enfants le pratiquent avec assiduité, quitte à enrichir les avocats quand ils se rendent compte de leur erreur. Les parents ont lutté contre le racisme, idéologie qui semblait alors condamnée à court terme au même titre que le recours aux saignées dans la médecine, les enfants votent Front National et soutiennent Dieudonné, persuadés d’être ainsi « anti-système ». Les parents ont combattu le service militaire qui ne servait à rien, les enfants ont laissé s’instaurer un véritable Frankenstein intellectuel : le service militaire VOLONTAIRE ! En d’autres termes, on propose à des jeunes d’aller perdre un an de leur vie dans une caserne vétuste DE LEUR PLEIN GRÉ !

Et le pire, c’est que ça marche : bien entendu, ça attire les « décrocheurs », c’est-à-dire les causes perdues de l’éducation nationale, les militaires recrutant chez les imbéciles, à l’instar des terroristes. On me dit que ce dispositif n’a pas vocation à former des militaires : mon oeil ! Pendant mon JAPD, ces braves soldats ne se sont pas gênés d’essayer de me bourrer le crâne en me vantant les bienfaits de leur institution : pourquoi croyez-vous qu’ils vont se gêner pendant un an alors qu’il ne sont déjà incapables de se retenir pendant une seule journée ? On me dit aussi que les « décrocheurs » ne sont pas nécessairement des imbéciles, pas plus que les militaires et que je parle de ce que je ne connais pas. Re-mon oeil !

Jeunes, réacs, cancres et militaires (chronique amère)

Les cancres, je les connais : pendant six ans, du CM1 à la troisième et même un peu au-delà, je les ai eus sur le dos, et je peux vous dire qu’ils ne sont pas sympas et sont pires que cons. L’image du sympathique cancre rêveur et anar popularisée par le grand Jacques Prévert, c’est vraiment de la littérature (de la bonne littérature, certes, mais de la littérature quand même) : les vrais cancres sont le plus souvent incapables d’imagination et de fantaisie (c’est justement pour ça que ce que le professeur pourrait éventuellement leur apporter glisse sur eux comme sur une toile cirée), ils gobent sans broncher toutes les conneries que leur balance la télé et, surtout, ils n’hésitent pas à se mettre à quinze pour rendre névrosé un « camarade » qui ne leur revient pas pour une raison x ou y – tous les prétextes leur sont bons et quand ils n’en trouvent pas, ils en inventent un.

Les militaires, je les connais aussi : j’habite à Brest où ils squattent la Penfeld depuis des années dans une semi-illégalité, et quand ils sortent de leur base, c’est pour faire chier la terre entière. Chaque Brestois en a au moins un de ses relations et risque au quotidien de croiser à un dîner « son » mataf venu débiter ses âneries racistes, patriotardes et réactionnaires : et si d’aventure on vient assister, par curiosité, à une commémoration où l’armée vient faire son numéro de majorettes où le fusil remplace la canne, gare à celui qui aurait l’idée de s’affaler pour être à l’aise, il sera rappelé à l’ordre par un galonné qui n’a aucun pouvoir réel sur lui mais qui ne le lâchera tant qu’il n’aura pas reprise une position « correcte » !

Jeunes, réacs, cancres et militaires (chronique amère)

Bref, les cancres et les militaires semblent faits pour s’entendre et on pourrait en déduire que le service militaire volontaire est une bonne solution… Mais une société qui n’a que l’armée à proposer pour lutter contre l’échec scolaire, c’est une société en bonne santé, selon vous  ? A une époque, les Grolandais avaient imaginé une réforme de Pole Emploi qui avait pour effet d’envoyer systématiquement à l’armée chaque demandeur d’emploi : la caricature dépasse souvent la réalité…


Retour à La Une de Logo Paperblog

Magazine