L’asphalte brûlant défile à toute allure sous nos roues. Un soleil de plomb fait chauffer toute la carlingue du véhicule m’obligeant à garder un oeil attentif sur la température du moteur. Cela fait quatre heures que nous roulons, non stop, à travers le désert de sable rouge. Seuls les goannas, les geckos et les chèvres sont suffisamment cinglés pour être dehors à cette heure. Il fait quarante-cinq degrés et le taux d’humidité dans l’air doit être inférieur à cinq pourcent. La sueur qui s’écoule de nous en continue sèche en direct, nos corps se déshydratent à vive allure nous forçant à consommer six litres d’eau en un après-midi. Si les choses devaient être parfaites, nous serions au volant d’une dodge challenger de 1970 avec un V8 Hemi 426, option la plus puissante du modèle de cette année, à boite manuelle. Si les choses étaient comme dans un film, Zoé et moi serions un couple de bandits venant de dévaliser une banque, le coffre plein de petits sacs en toile avec un symbole dollar imprimé dessus, fuyant vers le désert. Peut être pourchassés par quelques flics hargneux au volant d’une Ford Falcon XB coupé et s’en suivrait une scène de duel dantesque dans ce paysage infernal. Nous utiliserions chacun la moindre ressource de nos puissantes machines mécaniques, mais à la fin ce serait nos capacités pures de pilote qui nous différencieraient. Je ferais un demi-tour virulent au frein à main sur la route alors qu’il aurait avancé le nez de son véhicule au plus proche de mon aile arrière droite. Ma challenger partirait en tourbillon sur l’axe de ses roues avant – eh oui, la challenger est pourvu d’un moteur à propulsion – et nous virevolterions autour d’eux avant de repartir dans l’autre sens. Zoé leur ferait un petit coucou et un sourire espiègle par la fenêtre – évidement nous n’avons pas d’arme, alors pas de coups de feux – lors de notre pirouette. Et le temps qu’ils comprennent qu’ils doivent exécuter la même manoeuvre nous aurions gagné de la distance sur eux. Bien sur toute fuite directe serait impossible et le but de cet effet de pilotage n’aurait pas été là. Ils l’auraient compris. Nous mettrions seulement un kilomètre de distance entre nous avant d’exécuter un nouveau demi-tour et de leur faire face. A cet instant, ils stopperaient net leur véhicule et avec les yeux du faucon nous nous regarderions les uns les autres.
Aaahh!!! Pardonnez-moi cette longue rêverie mais voyez-vous, quand on conduit plus de quatre milles kilomètres en trois semaines au volant d’un pauvre Toyota Tarago – boite automatique – se trainant péniblement comme un veau à quatre vingt kilomètres/heures, on laisse son esprit divaguer un peu. L’Australie a toujours été pour moi le synonyme de Road Movie. Vanishing Point de 1970, Mad Max ou encore Gone in 60 Secondes – l’original, pas la daube avec Nicolas Cage – tous ces films tournés dans les paysages
désolés australiens ont eu un profond impact sur ma jeunesse et mon amour de certaines mécaniques.
De notre côté, nous avons continué la route en direction de la Great Ocean Road, deux cent cinquante kilomètres d’asphalte longeant la mer au sud après Melbourne. Notre premier arrêt fut au campsite de Big Hill à quelques minutes de Lorne. Un coin reculé dans la forêt où les petites créatures australiennes étaient supposées y être nombreuses. Nous avons dîné tardivement sur la plage et avons dû faire route de nuit vers ce point. Il faut savoir une chose avec la conduite en Australie, ne jamais faire de route de nuit! On – touristes loueurs de véhicules – n’est plus assurés à partir du moment où on le fait, donc le moindre truc qui arrive est pour notre pomme. Les kangourous, koalas et wombats sont des créatures nocturnes et une de leur passion est de venir se chauffer les patounes sur le bitume encore chaud des routes. Alors, tandis que la nuit tombait et que nous nous rendions vers le seul campsite du coin… On ne faisait pas les malins. On avait réduit notre allure au maximum et ouvert nos deux paires d’yeux au plus grand. Soudain sur la route, deux petits kangourous surgirent à quelques mètres devant nous. Prêts à cette rencontre, nous n’eûmes aucun mal à nous arrêter. Ils nous toisèrent du regard un instant. Nous étions tout proche d’eux. Ils repartirent finalement brouter dans les hautes herbes et on reprit notre route. Chaque fois que nous avons dû conduire sur la fin de journée nous avons vu cette faune active qui nous semble encore maintenant des plus exotiques. C’est un fait. En Australie on voit des kangourous et autres. Quand on arrive on pose la question à tout le monde et on ne les croit pas forcément quand ils nous disent de ne pas nous en faire, qu’ils viendront forcément à nous. Mais voilà, je vous le dis : C’est vrai! Ils sont là, partout. Il faudrait être aveugle pour les manquer.
La journée suivante nous avons débuté notre itinéraire sur la Great Ocean Road avec des touristes venus voir – comme nous – les gros cailloux du coin et les amoureux de bagnoles qui sortaient leurs Porsche, Ferrari et autres Lamborghini pour s’amuser dans les virages et montées/descentes perpétuelles de cette route – ou pour frimer. Nous avons croisé des paysages naturels magnifiques bordés par une eau d’un bleu azur et nous avons même croisé…
– Euh Zoé, comment c’est le mot français pour les restes de bateau sur la plage?
– Une épave (sourire)
– Oui, c’est ça… Une épave.
L’épave, donc, du W.B. Godfrey est un navire qui en 1891 faisait route depuis San Francisco pour Melbourne. Arrivant à proximité des cotes, il se trouva aveuglé à cause de la fumée d’un immense feu de foret et fit naufrage sur les rochers. Tous parvinrent à gagner le rivage sain et sauf. Seulement si les corps étaient « saufs », les biens eux étaient prisonniers de l’épave. Aussi une première opération de sauvetage fut mise en place afin de venir récupérer la précieuse cargaison. La complexité des courants fit que ce bateau se naufragea à son tour entrainant la mort d’un des hommes d’équipage. Une seconde opération vit le jour et cette fois-ci entraina la mort de deux hommes. Par la suite, le capitain du W.B. Godfrey et le propriétaire de la marchandise assemblèrent un dernier équipage dans le but de faire une troisième tentative et trouvèrent la mort dans cette ultime opération. Ainsi le navire qui n’avait fait aucun mort, ni blessé dans son naufrage entraina rétrospectivement la mort de cinq hommes dont deux présents lors du premier naufrage. Je me suis surpris a avoir beaucoup d’empathie pour cette histoire que je trouve tristement très humaine. Il en ressort une morale élémentaire sur nos comportements. Aujourd’hui les restes visibles de l’épave ne sont plus très impressionnants à voir. On n’y devine pas vraiment le galion qui fut. Seul reste l’histoire de ces bouts de bois flottés.
Le soir venu, nous décidâmes de trouver refuge avec notre campervan sur un terrain de camping qui serait équipé de douches afin de pouvoir se laver correctement et à l’eau chaude. Zoé était partie prendre sa douche alors que je finissais de garer notre véhicule et allai l’attendre à une table située à la sortie du bloc sanitaire. Arriva près de moi un homme brun d’une quarantaine d’années du nom de Brent. J’ignore encore pourquoi il a choisi de m’adresser la parole, mais suis heureux qu’il ait décidé de le faire.
– Viens avec moi, m’a-t-il dit, il y a près d’une centaine de kangourous juste à coté.
Je me retrouvais soudain au beau milieu d’un champ cerné de kangourous bondissant, broutant et se gratouillant dans tous les coins. D’un oeil je les observai alors que de l’autre je guettai la sortie de Zoé afin de la faire nous rejoindre et partager ce moment un peu magique. Après cinq bonnes minutes, je la vis sortir et regarder dans tous les sens pour me chercher. Je criai pour l’appeler, mais j’étais trop loin. Je dis à Brent que je revenais et fonça en direction de Zoé qui regagnait le van. Arrivé à son niveau, je lui dis «Cours!». Nous courûmes vers le van, je balançai ses affaires de douche à l’intérieur, attrapai les appareils photos et la pris par la main pour l’entrainer vers le champ. On stoppa notre course à son approche et rejoignîmes Brent. Il était au milieu du troupeau – je ne sais pas si c’est le mot correct pour les kangourous – et nous fit signe de le rejoindre. On partagea tous les trois ce petit spectacle qui s’offrait à nous. Si pour moi l’Australie me fait penser aux Road Movies, pour Zoé l’Australie, c’est les bestiaux. Et ce soir là nous eûmes notre compte. Après une bonne demi heure avec la troupe bondissante, on regagna notre van pour le dîner et plus tard encore nous rejoignîmes Brent et sa compagne pour partager nos photos. On resta assis à discuter jusqu’à la nuit. Ou là, nouvelle surprise, le campsite étant relativement peu peuplé ce soir là, les kangourous se sentirent suffisamment confiants pour venir brouter la pelouse autour des véhicules. Nous nous endormîmes donc entourés par ces petites bestioles sur ressort, Zoé ponctuant leur déplacement de mignons petits «Boing! Boing!» avec ses yeux pétillants d’émerveillement.
La journée du lendemain devait marquer la fin de la Great Ocean Road, deux cent cinquante kilomètres de points de vues, c’est au final vite passé. Mais les meilleures étaient pour la fin avec les douze apôtres – qui ne sont plus que neuf, vu que certains sont tombés – le pont de Londres, la crique du tonnerre et encore d’autres aux noms évocateurs. En marchant sur le premier site de la journée nous avons croisé la route d’un couple de vieux Français. Il faut admettre une chose, le français sait, comme personne d’autre au monde, râler. C’est un truc d’ordre national. Et ça sur n’importe quel sujet. On râle quand
il fait froid, chaud, sec ou lorsqu’il pleut. On râle lorsque la nourriture ne va pas, parce qu’on ne fait pas comme ça, parce que les gens ne savent pas conduire. On a même écrit des chansons dans lesquelles on râle sur tout.
Elle disait :
– Moi! Je dis que quand tu fais une photo d’un beau paysage. Tu n’as pas besoin de venir coller ta grosse tête devant!
Et lui :
– Et moi! Je dis que tu peux très bien faire les deux. Une avec! Et l’autre, sans!
Ah! Ben moi, je les ai bien aimé ces deux là, pendant les quelques secondes où on les a croisé. On s’est senti comme à la maison avec ce petit couple de ralouilloux. Il faut toujours râler à propos des trucs pas important parce que dans le doute, ça pourrait le devenir.
C’est aussi sur ces sites que nous avons fait notre chassé croisé avec David et Laura. Je suis sur que vous voyez de quoi il s’agit. On arrive à un premier endroit où on remarque des personnes qui parlent la même langue. On fait d’abord mine de rien et puis on se retrouve dans un autre endroit sur la route – parce que tout le monde s’arrête dans les mêmes coins – et là on se fait un sourire parce qu’on s’est reconnu. Au troisième, on fait un genre de blague nulle du style «On va finir par croire que vous nous suivez». Et puis avant la fin de la journée on va boire une bière tous ensemble. Si Zoé et moi avons choisi de voir ce qu’on pouvait du monde en une année, eux avait choisi de ne se consacrer qu’à l’Australie dont ils avaient prévu de faire tout le tour. Ils avaient donc décidé d’acheter un bon 4X4 et de le rendre habitable par eux-mêmes. Je dois avouer que le résultat a de la gueule. Notre petit Tarago faisait pale figure à coté de leur machine. Ils devaient continuer la route vers Adelaide et nous, piquer vers le nord en direction du désert et de Broken Hill.
Aussi laissez moi vous conter maintenant l’épopée du désert. Une histoire faite de route de trois cent kilomètres sans un seul virage, ni le moindre signe de civilisation humaine. Au fur et à mesure que nous remontions la route vers Broken Hill, les Français, Allemands et les Américains qui étaient légions se firent de plus en plus rares jusqu’à disparaitre totalement à nos oreilles. Nous nous retrouvions soudain avec les australiens des terres, dont certains n’ont même jamais vu la mer, et se faisant de plus en plus de descendants des aborigènes. Bien que je doive admettre que nous n’ayons traversé qu’une seule ville où ils représentaient cent pourcent de la population et que je pense qu’ils en existent beaucoup d’autres et sûrement des endroits plus représentatifs que Wilcannia.
Alors que nous remontions, l’air frais de la mer fut remplacé par un vent aride et une chaleur sèche et suffocante. Le premier jour où le mercure atteint quarante deux degrés, nous dûmes arrêter de conduire pour nous réfugier dans les endroits frais et ombragés d’une ville. Bon moment pour faire un peu de lessive. Et c’est ainsi qu’on dû établir une stratégie de déplacement rythmée par notre nouvel environnement. La discussion avec le patron du bar à milkshake d’Horsham nous permis de comprendre le cycle de la courbe des températures sur une journée. Aussi nous pensions au départ que, comme dans le Sahara, il ferait chaud la journée et froid dans la nuit. Erreur. Là-bas la température grimpe toute la journée et reste à son paroxysme dans la soirée pour ensuite redescendre lentement et arriver à son moment le plus frais, trente degrés, un peu avant le lever du soleil à 6h. Et puis ça recommence à chauffer. Les bestioles du style des mouches et des moustiques sont légions au lever et coucher du soleil et ne vous laissent aucun répit. Les araignées se faufilent à l’intérieur de l’habitacle si jamais l’envie leur prend. Parmi tout ça, il fallait donc trouver le meilleur moment pour rouler, manger et dormir et les moments où on ne pouvaient clairement rien faire d’autre que de s’abriter dans un lieu climatisé en ayant planqué la voiture dans un coin à l’ombre. Vous connaissez la formule disant que : dans la contrainte naissent les libertés.
Voilà donc notre planning de survie :
– Lever entre 6h et 7h. Petit déjeuner rapide et brossage de dents.
– Passage du van en mode Jour.
– On roule jusqu’à 12h, 13h maximum.
– On s’abrite jusqu’à 16h 30.
– On roule jusqu’à 18h30, puis on se fait la cuisine avant l’heure des moustiques.
– 19h30 on se barricade dans le van et on roule – généralement en fuyant les insectes – jusqu’à notre lieu de stationnement pour la nuit.
– 20h30 – 21h, il fait nuit. On passe le van en mode dodo. S’il y a des douches, c’est le moment. Si non, le jerrican de quinze litres soulevé au-dessus de la tête fait l’affaire, mais pas avant que les moustiques aient fini de s’exciter vers 22h.
– Lecture et dodo avant de recommencer.
Sur les routes du désert, les locaux qui croisent votre route dans la journée vous gratifient tous d’un petit signe de main discret. Ils ne lâchent pas la main du volant, ils se contentent de lever deux doigts de la main qui est sur le dessus du volant. Et très vite on s’y met aussi car on comprend une chose simple, presque élémentaire. Ici, on est seul. Genre désespérément seul. Si on a le moindre problème, il y a au minimu 100 kilomètres dans toutes les directions avant de croiser une habitation. Alors ce petit geste de la main, qui à première vue semble banal, est en fait une sorte de signe. Un signe qui dit: «Je suis attentif à ce qu’il se passe ici et si tu devais avoir besoin d’aide lorsque que je te croise, je m’arrêterai sans hésiter pour t’aider.» Voilà ce qu’on appelle l’esprit de la route ici. Quand on est dans un lieu où la nature a le pouvoir de vous faire disparaitre aisément, les humains se serrent les coudes et gardent un oeil les uns sur les autres.
Et quand je dis que la nature peut vous tuer, ce n’est pas pour faire des phrases. On transpire presque les six litres d’eau qu’on boit. Les bords de route sont peuplés de charognes, de ce qui furent de gentils «boing, boing», que les corbeaux et les mouches se partagent voracement. La beauté de ce lieu n’a d’égale que son hostilité. Face à tout cela, on est faible. Et il vaut mieux prendre conscience de sa faiblesse rapidement afin d’acquérir les bons réflexes. Une fois qu’on les a tout va bien. On peut profiter du désert et des créatures qui y vivent. Ici, on croise des cinquantaines de chèvres dans la journée, des émeus, des kangourous, des dingos et autres oiseaux et animaux que je ne connais même pas.
Comme je le disais plus tôt, la petite ville de Wilcannia, à l’est de Broken Hill, est un lieu peuplé uniquement par les natifs Australiens. Si ça n’était pas le cas au départ, ça l’est maintenant. Nous avions à la base prévue d’y faire halte pour la nuit, mais les habitants de Broken Hill nous ont clairement conseillé de rouler au moins jusqu’à Cobar dans la journée et de n’y faire qu’une courte halte. Sur le coup, on s’est dit que ça devait être de la rivalité stupide entre village… Oui, mais une fois sur place… On ne s’est pas arrêté longtemps…
Tout avait l’air fermé, pété, laissé à l’abandon. Vous avez vu ces westerns où deux étrangers arrivent en ville et sentent que tous les regards sont braqués sur eux bien qu’ils n’arrivent à voir que de rares silhouettes dissimulées derrière leurs volets. Et j’ai sûrement vu trop de films d’horreurs, mais pour moi rien n’est plus glauque que la présence d’enfants dans des lieux où vous savez qu’ils ne devraient pas être à des heures où ils ne devraient pas y être. Aussi dans certains moments, même si mille questions assaillent votre esprit curieux et que vous savez que quelque chose d’étrange se passe – et vous voulez savoir quoi – il faut savoir prendre la bonne décision et faire un pas en arrière. J’imagine que vous devez vous dire qu’il ne se passe rien d’étrange à Wilcannia, que vous allez vérifier sur internet et que ce dernier vous dira que tout roule là-bas. Je vous dirai de ne pas vous y tromper. A l’entrée de la ville on trouva un panneau indiquant un café avec WIFI gratuit – génial, pile ce qu’on cherche – pour tomber finalement sur une petite maison avec une pancarte café accrochée de travers au-dessus de la boite à lettres. Combien de contes allemands commencent avec deux étrangers rentrant dans cette maison? En Bref, nous avons bien vite fuit ce lieu, mais pas sans en avoir fait un bon tour quand même. Bah oui, on va pas fuir sans raison. Et c’est après cet épisode que nous avons choisi qu’il était déjà temps d’en finir avec le désert et de faire route vers un autre climat.
C’est comme cela que nous nous sommes retrouvés, bien des kilomètres plus tard, à l’entrée des Blue Mountains afin de retrouver la fraicheur et se détendre un peu avant notre retour à Sydney. Nous avons donc passé nos dernières nuits proche de lacs ou de rivières entourés d’herbe verte. Nous sommes vraiment heureux du petit tour que nous avons fait en Australie. D’autant plus que de retour à Sydney nous sommes tombés sur un couple d’Australien d’au moins quatre vingt ans qui sont venus nous parler à cause de nos sacs à dos. Ils nous ont racontés leurs voyages autour du monde en nous demandant de raconter ce que nous avions fait ici. Quand deux vieux aventuriers comme eux finissent par vous dire que le petit tour que vous avez fait chez eux est à la fois bien mais aussi suffisamment représentatif pour nous donner une bonne idée de leur pays, vous vous sentez envahie par un sentiment d’accomplissement. Ils ont surtout félicité notre volonté d’aller dans les terres, soulignant que la plupart des touristes restent sur la cote et nous ont garnis de conseils pour la Nouvelle-Zélande, le Japon, la Malaisie, la Chine et l’Inde. Ils sont finalement partis en nous souhaitant bonne chance pour la suite. En les voyant tous les deux, j’ai pensé à mes grands-parents. Ils avaient l’air d’avoir atteint ce moment de la vie où votre âge vous confère cette sagesse qui conduit à une certaine paix de l’esprit. Celle qui est au moins aussi intense que la fougue de la jeunesse. On les a regardé s’éloigner en espérant leur ressembler un jour.