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Lectures du SOIR

Publié le 10 novembre 2017 par Malm @3615malm

Lire, les enfants. Lire.

Lectures du SOIR

Un article publié dans Slate, datant de 2014 et rédigé par Nadia Daam (ici) m’a un peu titillé. La journaliste nous démontre en quoi la « dictature de l’histoire du soir » constituerait une forme de danger. Certains points de l’article sont assez justes – les questions liées à la répartition des tâches quotidiennes dans le couple, notamment. Le fait que certains parents voient dans l’histoire du soir un moyen grotesque de faire de leurs enfants de bons petits soldats à l’école est bien traité, aussi. Mais on peut regretter, je trouve, le ton un peu amère de l’ensemble.

De plus, l’essentiel manque à la démonstration de Nadia Daam : si vous, parents, ne lisez pas vous-même (déjà, pour commencer) pourquoi exiger de vos enfants qu’ils lisent, franchement ?

Lectures du SOIR

Histoire du soir, au revoir

La lecture avant d’aller au dodo devrait pouvoir idéalement être celle « de n’importe quel moment ». Bourrer le crâne de son enfant avec des mots parce qu’ils sont écrits (Dieu que c’est mal dit…) spécifiquement avant de dormir, ne lui fera pas mieux assimiler le vocabulaire, les situations, l’orthographe. Son imaginaire ne s’en développera pas plus ou mieux. On peut, on doit donc zapper cette obligation qui consiste à s’emparer d’un bouquin juste parce que l’heure de l’histoire est arrivée, bon sang.

Lire, transmettre « l’envie de » ne peuvent revêtir un caractère obligatoire ou névrotique : on ne se jette pas sur l’étagère jeunesse de la chambre des enfants comme sur une fringue un matin d’ouverture des soldes chez H&M. J’exagère ? À partir du moment où elle.il est en capacité de prendre des décisions, on ne choisit pas l’histoire, nous, parents, à la place de la petite personne. Non. Même si Bébé Koala vous est remis entre les mains plusieurs fois par jour, il faut accepter. C’est comme ça. Vous pouvez toujours tenter de négocier un autre titre : rien ne vous l’interdit.

On peut passer plus de temps à bouquiner le week-end, en revenant de la crèche ou de la petite école. Lire n’importe quand, ouvrir cette possibilité-là paraît plus saine que l’instauration d’une obligation stricte liée au coucher. Les rituels valent ce qu’ils valent : s’ils ont le don de rassurer certains petits, le fait de les imposer systématiquement comme c’est le cas aujourd’hui et particulièrement en ce qui concerne la lecture, n’est pas idéal dans toutes les familles. L’enfant peut aussi rester seul avec ses bouquins, les tripoter, raconter ce que lui.elle perçoit de l’ouvrage et ce, même si on ne comprend encore rien à ce qu’il.elle raconte. Peu importe.

Et quant à dire qu’on ne veut plus lire certaines histoires parce qu’elles nous ennuient, nous, papa-maman, il semble important de réfléchir à l’idée selon laquelle le parent peut être en recherche. Oui : on peut faire de la veille facilement en 2017, avec la littérature jeunesse aussi.

Transmission simplifiée

Alors ? On transmet ce qu’on a envie de transmettre : ça ne va pas plus loin que ça. Si les parents ont vraiment décidé coûte que coûte de lire des histoires à leurs mômes, sachant la richesse absolue de la littérature jeunesse aujourd’hui, il n’est pas nécessaire d’aller chercher midi à quatorze heure pour trouver ce qui réjouira toute la famille (youpi, je l’ai déjà dit). Pas la peine de dépenser des cent et des mille non plus, la médiathèque du coin fera très bien l’affaire. Sa fréquentation régulière permettra notamment le choix des bouquins qu’on voudra acheter pour les conserver jusqu’à la fin des temps

Encore une fois, lire ne devrait en aucun cas résulter d’une décision mais doit plutôt venir d’un élan naturel. Pour en revenir à l’article de Daam, j’ai quand même du mal à concevoir qu’on puisse aimer lire et ne pas envisager de transmettre ce plaisir d’une manière ou d’une autre à ses enfants, mais bon. Si d’aventure la lecture ne fait pas partie de votre vie à vous, il vaut effectivement mieux laisser tomber. Passer dix minutes par jour à danser comme des fous, à cuisiner ensemble ou pouffer de rire devant un programme neuneu auront des effets bénéfiques beaucoup plus forts. L’important, c’est juste de sentir son petit porter de l’intérêt à ce qui nous tient à coeur. Faut peut-être pas chercher plus loin.

MALM / 20171110



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