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Le cas Charles Manson ou Réflexion sur la peine de mort

Publié le 21 novembre 2017 par Legraoully @LeGraoullyOff

« Personne n’est coupable absolument, on ne peut donc condamner personne absolument. » (Albert Camus)

Le cas Charles Manson ou Réflexion sur la peine de mort
Charles Manson s’est éteint à 83 ans : c’est curieux, j’étais persuadé qu’il était déjà mort depuis longtemps, je m’étonne qu’il n’ait pas été envoyé à la chaise électrique. Attention, ne surinterprétez pas mes propos : je ne dis pas que j’aurais souhaité qu’il subisse ce sort, je suis farouchement contre la peine de mort, je dis juste que je trouve étonnant qu’il ait pu vivre aussi longtemps dans un pays tel que les Etats-Unis, pourtant réputé pour dégainer assez généreusement la peine capitale. Renseignement pris, il avait été condamné à mort puis avait vu sa peine commuée en prison à perpétuité. Dans l’absolu, je préfère de loin ça, bien sûr.

Seulement voilà : alors que Manson a pu continuer à vivre, sous la haute surveillance, il est vrai, que justifiait sa dangerosité, vous pouvez être certain que beaucoup d’autres individus ont bel et bien été grillés au courant continu, alors même qu’ils avaient certainement moins de sang sur les mains que ce dingue voire avaient été condamnés par erreur ! Certains partisans de la peine de mort disent que c’est le seul moyen pour se débarrasser une bonne fois pour toutes des criminels les plus dangereux : preuve du contraire, elle n’a pas évité à l’administration pénitentiaire américaine d’avoir Charles Manson sur les bras pendant 46 ans !

Le cas Charles Manson ou Réflexion sur la peine de mort
Et pourquoi ? Parce que la justice est rendue PAR DES HOMMES (ou des femmes, oui, mais bon, vous m’aviez compris) et qui dit humanité dit faillibilité : la justice est humaine, elle ne peut donc pas être absolument cohérente et ne peut pas se permettre de disposer de la vie d’autres hommes. Condamner un innocent à la prison et laisser un coupable en liberté, c’est fâcheux ; mais condamner un innocent à mort et laisser un coupable en vie, c’est catastrophique : les erreurs de la justice sont inévitables mais on peut au moins faire en sorte qu’elles n’aient pas de conséquences dramatiques ; et même sans envisager des erreurs, la faillibilité de la justice fait que les jugements ne seront jamais complètement équitables, en tout cas jamais parfaitement proportionnés aux fautes promises : il est parfaitement envisageable, et c’est plus fréquent qu’on ne le pense, qu’un juge, parce qu’il est un homme, parce que son jugement dépend de toute une série de facteurs dont il n’est pas le seul maître, condamne un grand criminel à une peine plus légère qu’un délinquant de moindre envergure condamné sévèrement (vous suivez, j’espère ?) or, si la société peut s’accommoder de cette absence d’équité tant qu’elle ne se traduit que par des amendes ou des peines de prison, il en va tout autrement quand elle peut se traduire par des condamnations à mort !

Pour résumer, c’est parce que la justice est humaine et donc imparfaite que l’on est fondé à qualifier la peine de mort de « loterie sanglante » comme l’a fait Robert Badinter. C’est pourquoi, si je m’étonne que Charles Manson n’ait pas été exécuté, je n’aurais cependant pas souhaité qu’il le soit : j’aurais plutôt souhaité que plus personne ne soit exécuté : si on a laissé vivre un fou dangereux pareil, alors on doit laisser vivre tous les criminels. Mais je me doute qu’avec Trump, l’abolition généralisée de la peine de mort n’est sûrement pas à l’ordre du jour en Amérique : déjà que Donald veut condamner à mort la Terre entière…

Je suis assez content de cet article bien que la conclusion soit un peu angoissante, mais bon.

Le cas Charles Manson ou Réflexion sur la peine de mort


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