Magazine Journal intime

Les dernières fois

Publié le 01 juillet 2008 par Frédéric Romano
Lui : Tu vas nous manquer je pense…
Moi : Ha oui ?
Lui : Ben oui tout de même !
Moi : Merci, c’est gentil…

Hier était un jour rempli de “dernières fois”, l’une de ces journées qui clôturent un chapitre et mettent en caisse quelques années. Pour la dernière fois je me suis levé à six heures avec le but inconscient de rejoindre Mons. Pour la dernière fois j’ai couru jusqu’à l’arrêt du tram. Pour la dernière fois j’ai sauté du tram au métro. Pour la dernière fois j’ai patienté un instant sur le quai numéro cinq en engloutissant une canette de coca light. Pour la dernière fois j’ai dormi entre Bruxelles et Soignies et émergé ensuite avant de descendre du train. Les couloirs, le hall de la gare, le feu de signalisation et la navette “C” en direction des Grands Prés… tout ça pour la dernière fois.

Mons

Ce fut une dernière journée paisible, tristement festive. On a mangé, on a bu, on a ri, j’ai presque pleuré. Angela souriait, comme toujours. Damien et Valérie ont montré leur flegme tournaisien incomparable. Il y avait quelque chose d’étrange dans l’air, un air de vacance mais aussi un relent de malaise, des non dits et beaucoup de retenue. J’ai passé plus de deux ans de ma vie avec ces gens, un peu moins avec certains. Ils m’ont dit “au revoir” comme on dit au revoir à un ami qu’on est pas certain de revoir. Pourtant, ça ne tient qu’à moi de passer outre mes envies de table rase et de terres brûlées. Damien était malade, il est parti à seize heures, me privant du désormais habituel “retour à la gare”.

Seize heures et quarante minutes, un dernier pointage. Je retourne voir mon chef de service et je lui rends ma carte, mon badge et mes clefs. En plaisantant je lui dit : “je te remets mon arme de service ?“. Il ne rit pas. Je ne suis pas drôle. Il me remet un cadeau. Ça me fait plaisir. Je quitte le bâtiment. Une dernière fois traverser l’avenue Edison, longer le périphérique et manquer de se faire décapiter par un rétroviseur de bus. Patienter sur le quai numéro quatre, dormir entre Mons et Braine-le-Comte, émerger à Hal, descendre à Bruxelles… tout ça pour la dernière fois.

J’ai tourné la page, rangé le livre. Il est là, bien en place sur une étagère. Il est discret et sa tranche n’est pas bien épaisse mais il compte vraiment…


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