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Le journal du professeur Blequin (5)

Publié le 04 décembre 2017 par Legraoully @LeGraoullyOff

Le journal du professeur Blequin (5)Samedi 2 décembre

18h30 : Je retrouve mes parents qui reçoivent, pour le week-end, leur charmante petite nièce (qui est donc ma cousine). La fillette n’est en CP que depuis trois mois et lit déjà très bien : quand je pense que certains arrivent au collège sans savoir lire ! C’est vrai que l’éducation nationale pratique le nivellement par le bas et qu’on bâcle l’instruction des gamins afin qu’ils puissent sortir du système scolaire et entrer sur le marché du travail le plus vite possible, même s’ils ne méritent même pas leur bac… Mais surtout, il est un fait contre lequel on ne peut rien : nous ne sommes pas tous égaux face à l’éducation, certains apprennent moins vite que d’autres sans y mettre de la mauvaise volonté. Le cancre insolent et fier de lui, ça existe, mais l’élève dit « en difficulté » n’est pas une simple fiction : rien que pour ça, l’idée de revenir au redoublement est loin d’être sotte…

Dimanche 3 décembre

16h : Je particie à une scène ouverte afin d’y « colporter mes gaudrioles » pour parler comme Brassens : la vie d’artiste n’est pas toujours très lucrative mais elle apporte des moments d’ivresse incomparables ! Ainsi, en lisant mon poème intitulé « Tart’à gueule », j’ai l’occasion de faire dire une dizaine de fois cette expression à un public composé essentiellement de retraité(e)s venu(e)s s’occuper en attendant l’heure du Scrabble ! Appelez-moi le faiseur de vieillard(e)s indignes !

Le journal du professeur Blequin (5)
17h : A l’entracte, un café est servi aux participants. L’une d’elles, une dame âgée, me vante les mérites de tels événements pour permettre aux gens ayant les mêmes intérêts de se rencontrer. Je ne peux que l’approuver : quoi qu’on en dise, les NTIC ne peuvent pas revendiquer la même efficacité dans le domaine. La preuve ? Quand Internet a commencé à être mis à la disposition du public, la publicité nous vantait la naissance d’un « village mondial » où les frontières seraient abolies et où les citoyens tisseraient des solidarités internationales. Qu’en a-t-il été ? Pour ma part, voilà sept ans que je suis sur les réseaux sociaux et, mis à part l’équipe fondatrice du Graoully qui a fait appel à moi, ça ne m’a pas apporté grand’ chose de positif : j’ai même le sentiment que les gens se connaissent encore moins bien qu’avant Internet, qu’ils sont plus repliés que jamais sur eux-mêmes et sur leurs certitudes. Si on se parlait dans la rue comme on se parle sur le Net, ce serait la guerre civile en moins de cinq minutes ! Quant à l’histoire du type qui devient riche et célèbre en publiant ses oeuvres sur la toile, c’est une vaste fumisterie : pour un artiste qui veut se faire connaître, rien ne vaut le contact direct, en chair et en os, avec le public, et Internet ne peut, au mieux, que confirmer ce qui est déjà conquis dans la vie réelle. « Mais m’sieur, et Norman, alors ? » J’ai dit pour un ARTISTE, bordel de merde !

17h30 : Je descends la rue Jean Jaurès (je rappelle que ça se passe à Brest) pour rentrer chez moi et je redécouvre un contraste saisissant : sur la moitié « haute » de la rue, pas un chat, des commerces fermés, une ambiance de ville morte. Une fois passé le quartier de l’Octroi, on retrouve la vie, la foule, le mouvement… Cette possibilité de changer radicalement d’ambiance rien qu’en faisant quelques mètres m’a toujours abasourdi : j’en rirais presque si ce n’était pas si triste pour certains quartiers…


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