Le journal du professeur Blequin (27)

Samedi 20 janvier

18h : J’apprends la mort de Paul Bocuse ainsi que celle de Dorothy Malone. Le point commun entre les deux ? Aucun, je vous l’accorde, mais il y a quand même beaucoup de morts célèbres ces derniers temps. Décidément, c’est la fin d’une époque… Et franchement, c’est tant mieux. Quand je vois quel monde nous lègue la génération qui est en train de s’éteindre, je me dis que je ne vais pas regretter de la voir disparaître…

Dimanche 21 janvier

11h : J’apprends que la Corée du Nord enverra deux athlètes aux prochain Jeux olympiques d’hiver, en l’occurrence un couple de patineurs. Franchement, je plains d’avance ces deux jeunes gens : comme il y a fort peu de chances pour qu’ils ramènent une médaille d’or à leur dictateur, leur carrière risque fort de se finir dans un camp de travail voire dans un charnier… J’ai beau ne pas aimer les sportifs, ils ne méritent pas ça : on devrait accorder systématiquement l’asile politique à tous ceux qui ont la chance de pouvoir sortir du territoire d’une dictature, même s’ils n’en font pas la demande ! A moins que… A moins que ce couple soit prêt à accepter sa punition s’il rentre au pays sans médaille ! Ce ne serait pas la première fois que des victimes lécheraient le bâton qui les frappe : mais s’ils sont abrutis à ce point, même Amnesty International ne peut rien pour eux…

Lundi 22 janvier

12h : J’apprends que l’ex-président du MoDem Gironde s’est suicidé en se jetant d’un pont ; l’espace d’un instant, j’ai pensé à dessiner Bayrou en train de voler avec ses oreilles et disant « si j’avais été là, j’aurais pu le sauver ». Mais est-ce que ça n’aurait pas été un peu facile ?

19h30 : Après une réunion dans un café de Brest, je longe la place de la Liberté, actuellement en cours de réaménagement. Il fait déjà nuit, je passe à côté d’un groupe de jeunes à casquette qui me lancent « bonjour m’sieur » ; je ne réponds même pas et je m’écarte pour ne pas les croiser. Si ça se trouve, ils ne me voulaient aucun mal mais j’ai quand même eu peur. Alors qu’ils n’avaient rien à me voler ! Mon portable ? C’est un vieux modèle pourrave. Mon portefeuille ? Il est presque vide. Des cigarettes ? Je ne fume pas. Oui, j’ai été con. Con comme un lecteur du Figaro. La droite sait parler au bon peuple.

22h : On me l’avait dit, mais je ne voulais pas le croire : un ancien footballeur est devenu chef d’Etat. George Weah a prêté serment, le voilà président du Liberia pour six ans. Vous me direz que ça ne peut pas être pire qu’avec Donald Trump aux Etats-Unis ? Je vous accorde que le personnage, issu d’une famille démunie, ne me déplait pas complètement, mais reconnaissez que ça en dit quand même long sur l’Etat de la vie politique d’un pays : quand un parti se paie une tête de gondole issue du monde du show-biz ou du sport, c’est rarement bon signe, voyez l’Italie où la Cicciolina a pu devenir députée et Berlusconi chef du gouvernement – même si je préfère la première, écologiste, humaniste et progressiste, au second dont je préfère ne même pas parler. Vous avez le droit de trouver que mon dégoût du sport en général en particulier et du foot en général m’aveugle, mais je vous préviens que si Eric Cantona devient le candidat de la France Insoumise, je rends ma carte ! Bon, j’avoue, cette promesse ne me coûte rien, je n’ai même pas ma carte…