[TU ES LE VEILLEUR D'UN PAYS ENGLOUTI]
T u es le veilleur d'un pays englouti. Parmi les vestiges, tu cherches une trace, celle d'un paysage, d'un visage que le temps n'a pas retenue.
Tu ne retrouveras rien : les preuves autant que les murs se sont effondrées.
Tu demeures seul, fidèle à une attente qui ne sera jamais comblée.
Tu te maintiens en-deçà de tout espoir : ton souffle ne trouble pas le vent.
De l'autre côté du miroir, tu as fondé ton éternité.
On ne te voit que par transparence, à cet endroit où s'efface le monde.
Tu parles le langage des muets : ne répondent que le vent et les arbres.
Tu as pris tes quartiers : on ne saurait te rejoindre qu'en brisant avec les vivants.
Max Alhau, " Le temps secret " in En cours de route, éditions L'herbe qui tremble, 2018, pp. 94-95. Peintures de Marie Alloy.