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Nuno Júdice | Semiología

Publié le 18 février 2018 par Angèle Paoli

SEMIOLOGÍA D igo: el amor. Hay palabras que parecen sólidas, Nuno Júdice, J e dis : l'amour. Certains mots semblent solides, Nuno Júdice,
al contrario de otras que se deshacen entre los dedos.
Soledad. O también: miedo. Las palabras, podemos
escogerlas, meterlas dentro del poema como
si fuese una caja. Pero no esconderlas. Ellas
quedan en el aire, invisibles, como si no necesitasen
de los sonidos con los que las decimos.
Ahora, el efecto de las palabras. Su rotación
en la cabeza, y por las arterias, hasta el centro:
el corazón. Otra palabra con que se dice: el
amor. Pero no hablo de sinónimos; además,
hay palabras que esconden lo contrario de lo que
quieren decir, y solo las conoce quien ama, si
la vida no lo llevó por caminos confusos.
Te amo. También podría decir: la soledad
con que te amo, o el miedo a amarte. A partir
de una palabra todo se puede hacer, en una página,
cuando lo que está en ella es un poema. Mientras,
esas palabras me conducen a ti, esto es,
te hacen vivir por dentro de ellas. Por eso
todo se confunde: el amor, la soledad, el miedo,
y hasta la vida, que también es una palabra.
o movimento do mundo, Quetzal Editores, 1996.
SÉMIOLOGIE
lorsque d'autres sont friables entre les doigts.
Solitude. Ou encore : peur. On peut choisir ses mots,
les faire entrer dans les poèmes comme
dans une boîte. Mais pas les cacher. Ils
restent dans l'air, invisibles, comme s'ils passaient
des sons avec lesquels nous les prononçons.
Voyons maintenant leur effet. Comment les mots
tournent dans la tête, les artères, jusqu'au centre
le cœur. Cet autre mot par lequel on dit : l'amour.
Mais laissons les synonymes ; du reste,
certains mots masquent le contraire de ce qu'ils
signifient, et seul l'amant les connaît, si la vie
ne l'a pas égaré sur des chemins qui ne mènent nulle part.
Je t'aime. Je pourrai aussi bien dire : la solitude
avec laquelle je t'aime, ou la peur de t'aimer. En partant
d'un seul mot tout devient possible sur une page,
lorsqu'il s'avère qu'elle porte un poème. Pourtant,
c'est à toi que ces mots me conduisent, car
ils te font vivre en eux. C'est pourquoi
tout se confond : l'amour et la solitude et la peur,
et la vie même, qui elle aussi est un mot.
Le Nom de l'amour, anthologie (1975-2015) composée par Manuela Júdice [ Tu, a quem chamo amor, Ediciones Hiperión, 2008], La Nouvelle Escampette éditions, Collection Poésie, 2018, page 17. Traduction du portugais par Max de Carvalho.
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