Magazine Humeur

Le journal du professeur Blequin (71)

Publié le 12 avril 2018 par Legraoully @LeGraoullyOff
Le journal du professeur Blequin (71)Dessin d’Elsa Mahé

Mercredi 11 avril

18h : Vernissage de l’exposition « Frankiz U.S.A. » qui combine enregistrements de musiciens de rue de Louisiane et d’Oregon, extraits du carnet de voyage d’Erika Jambou qui a collecté les musiques et œuvres de graphistes bretons (Géraldine Cohat, Elsa Mahé, Mikel Béchu, Romain Maillet, Amélie Jégou et Marie-Armelle Neollier) directement inspirées des enregistrements. Cette expo qui sort de l’ordinaire en sollicitant toutes les sensibilités du visiteur est visible à la maison de l’international jusqu’au 20 avril : c’est un peu court, mais Erika compte faire voyager l’exposition, ce qui est assez conforme avec l’esprit d’aventure et le souffle de liberté qui l’anime. Donc, si vous êtes un peu blasé, courez-y : vous retrouverez le feu sacré !

20h30 : J’apprends la mort de F’murr, le créateur du Génie des alpages. Cette série basée sur les aventures d’un troupeau de brebis frapadingues pourrait sembler fantaisiste : elle l’est effectivement en grande partie, mais elle l’est finalement moins que toutes les représentations idéalisées qui ont pu être faites de la vie pastorales. Certains bergers avaient demandé au dessinateur s’il avait lui-même exercé cette profession, signe qu’il ne s’était pas trompé sur tout, et certainement sur le mauvais caractère dont les ovins peuvent faire montre. Il ne faut pas s’en étonner : même ses histoires les plus absurdes obéissaient en fait à une logique implacable, pour ainsi dire poussée dans ses derniers retranchements ; F’murr fait partie de ces auteurs dont le talent a été reconnu comme il le méritait mais qui n’es pas devenu « grand public » pour autant pour le bonne raison qu’il nous montrait les apories et même l’inquiétante étrangeté de cette rationalité occidentale dont nous sommes si fiers : montrer que même l’intelligence peut être ridicule est trop souvent mal vu… Au revoir et merci, monsieur Peyzaret (c’était son vrai nom) !

Le journal du professeur Blequin (71)
Jeudi 12 avril

11h : J’ai vent du coût quotidien de l’évacuation de Notre-Dame-des-Landes : non content d’être injuste, cette évacuation est imbécile ! En fait, si on laissait les zadistes poursuivre ce qu’ils avaient entrepris, il y a fort à parier qu’ils auraient fini par inventer la ville de demain et leur expérience serait devenue RENTABLE ! Le pouvoir s’en fout, il n’a qu’une vision à court terme : comme on dit, l’histoire jugera. Mais c’est quand même malheureux que les coups de matraque et les gaz lacrymogènes soient si souvent le passage obligé pour ceux qui finissent par avoir raison.

12h30 : Vente de documents à prix cassés à la médiathèque des Capucins. Faut-il que j’aie envie de faire des bonnes affaires pour m’engouffrer là-dedans ! L’espace, étroit, est noir de monde en moins de cinq minutes, il faut chaud et je suis rapidement en nage, au brouhaha inévitable s’ajoutent les piaillements des gosses qu’on n’a pas pu faire garder, et surtout, bonjour la bousculade : si encore tout le monde faisait montre d’un minimum de courtoisie, ça irait, mais figurez-vous qu’un gazier qui inspectait les étagères les plus basses a failli me faire mal en se relevant brusquement ! Et tout ce qu’il a trouvé à répondre quand on le lui a fait remarquer, c’est « distance de sécurité » ! Comme si cette notion avait pu avoir une quelconque signification dans une telle foule… Vous n’êtes pas seul au monde, hé, obscur !


Retour à La Une de Logo Paperblog

Magazine