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Chevaliers et Dames, vers une nouvelle aristocratie au XVIIIe siècle – 2/-

Publié le 30 avril 2018 par Perceval

En l'honneur du mariage entre Jean-Léonard de la Bermondie, et Jeanne de Villoutreys... Nous découvrons la poésie du moment, qui préfigure ''le romantisme ''… Ces poètes sont des militaires comme Jean-Léonard, des aristocrates attentifs aux ''Lumières''...

Chevaliers et Dames, vers une nouvelle aristocratie au XVIIIe siècle – 2/-Évariste de Parny

Évariste Désiré de Forges (1753-1814), connu comme vicomte de Parny est issu d'une famille originaire du Berry, installée en 1698 à l'île Bourbon (La Réunion), où il naît... Il quitte son île natale à l'âge de neuf ans pour venir en France métropolitaine avec ses deux frères... Il envisage une carrière ecclésiastique , entre au séminaire de Saint-Firmin …

Son frère Jean-Baptiste, écuyer du comte d'Artois, l'introduit à la cour de Versailles où il fait la connaissance de deux autres militaires qui, comme lui, se feront un nom dans la poésie : Antoine Bertin, originaire comme lui de l'île Bourbon, et de Nicolas-Germain Léonard, qui était, lui, originaire de la Guadeloupe. En 1772, il est capitaine d'une compagnie de gendarmes du Roi.

Il s’installe en 1786 dans la maison qu’il possède dans le vallon de Feuillancourt, entre Saint-Germain-en-Laye et Marly-le-Roi. Avec Bertin et Léonard, il forme la "société de la caserne", qui a coutume de s’y réunir.

Chevaliers et Dames, vers une nouvelle aristocratie au XVIIIe siècle – 2/-
William Hogarth , 1730

Depuis 1770, cette Société se fixe pour but d'honorer l'amour et l'amitié dans un cadre naturel.

Sa poésie célèbre un amoureux désir pour une femme apparaissant sous le nom d’Eléonore, une femme de l’île Bourbon, que son père a refusé qu’il épouse et qui s’est finalement marié avec un autre.

Chevaliers et Dames, vers une nouvelle aristocratie au XVIIIe siècle – 2/-

Poésies érotiques - Évariste de Parny

- ill: Cabane ( L.A.)

Chevaliers et Dames, vers une nouvelle aristocratie au XVIIIe siècle – 2/-

Pour Parny « le plaisir est toujours légitime » (Poésies érotiques, livre I, Fragments d’Alcée) ; et la liberté d’aimer ne se confond pas, dans son esprit, avec une licence impétueuse. Il sait, en authentique épicurien, que la bride lâchée au désir en réduit les heureux effets et que la sagesse de ce que les Anciens ( et Horace) nommaient ''l’aurea mediocritas'' ( la ''médiocrité d'or'', quelque chose entre l'insouciance du lendemain et le juste milieu, prônée par JJ Rouseau ...) constitue le meilleur gage du bonheur charnel :

Chevaliers et Dames, vers une nouvelle aristocratie au XVIIIe siècle – 2/-
by William Hogarth vers 1760

« Sachons pourtant, près de celle que j’aime

Donner un frein aux transports du désir ;

Sa folle ardeur abrège le plaisir

Et trop d’amour peut nuire à l’amour même »

(Poésies érotiques, livre III, Réflexion amoureuse, p. 79).


 

« La scène des plaisirs va changer à mes yeux.

Chevaliers et Dames, vers une nouvelle aristocratie au XVIIIe siècle – 2/-

Moins avide aujourd’hui, mais plus voluptueux,

Disciple du sage Épicure,

Je veux que la raison préside à tous mes jeux.

De rien avec excès, de tout avec mesure ;

Voilà le secret d’être heureux . »

Poésies érotiques, livre III, Le Songe

Chevaliers et Dames, vers une nouvelle aristocratie au XVIIIe siècle – 2/-
Antoine de Bertin (1752-1790)

Les détails du rituel initiatique des chevaliers et chevalières sont connus grâce à des vers d'Antoine Bertin (1752-1790) , qui consacra d'ailleurs toute son énergie amoureuse à célébrer une " chevalière " : Marie Catherine Sentuary, mariée à un négociant bordelais ( Testart) mais venant souvent seule à Paris chez ses sœurs ( en particulier Michelle de Bonneuil, muse d'un autre poète : André Chénier. ) (et qui posa, en 1773, dans l'atelier de Mme Vigée-Lebrun). La jeune femme est décrite dans Les Amours sous le nom d'Eucharis. 

« Un air de négligence, un air de volupté,

Un sourire ingénu, la pudeur rougissante,

Les diamants, les fleurs, l’hermine éblouissante,

Et la pourpre et l'azur, tout sied à sa beauté... »

Chevaliers et Dames, vers une nouvelle aristocratie au XVIIIe siècle – 2/-

« C'est vous que je nomme Eucharis

Ô vous, des beautés de Paris

La plus belle et la mieux aimée.

Sous ce voile mystérieux

Cachons nos voluptés secrètes.

Dérobons-nous à tous les yeux :

Vous me ferez trop d'envieux

Si l'on sait jamais qui vous êtes.

C'est vous que, sous des noms divers,

Mes premiers chants ont célébrée. »

("À Eucharis", livre 1) »

Et, à présent, entrons dans ces salons que l'on désigne un peu vite de ''libertins''...

A suivre ...


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