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Charlotte Corday

Publié le 17 juillet 2018 par Legraoully @LeGraoullyOff

Il y a 225 ans jour pour jour, le 17 juillet 1793, Marie-Anne-Charlotte de Corday d’Armont, âgée de 24 ans seulement, était décapitée, condamnée à mort pour l’assassinat de Jean-Paul Marat. La mère de la meurtrière était elle-même décédée depuis une dizaine d’année : qu’aurait-elle dit à sa génitrice, avant d’être exécutée, si elle avait pu lui parler ?

Ma chèr’ maman, je t’en supplie,

Ne rougis pas de moi ta fille.

Cert’s j’ai tué ce triste sire

Qui souffrait déjà le martyre

Mais conduisait tant d’innocents

A l’échafaud que je n’ressens

Pas plus de regrets que de remords

Pour mon gest’ qui me vaut la mort.

Ma chèr’ maman, je t’en supplie,

Ne rougis pas de moi ta fille.

Ce politicien fourb’ était

En mal de popularité :

Par conséquent, il ne pouvait

Me refuser la charité

Ainsi ai-j’ calmé la méfiance

De ce boucher de notre France.

Ma chèr’ maman, je t’en supplie,

Ne rougis pas de moi ta fille.

David est un peintre menteur :

Son vieux corps était une horreur

Ravagé par la maladie,

Par la mort encore enlaidi

Et nul ne trouva la monnaie

Qu’il m’avait, dit-on, destinée.

Ma chèr’ maman, je t’en supplie,

Ne rougis pas de moi ta fille.

Les hommes ont l’exclusivité

De leur fameuse liberté :

Parler est en soi un forfait

Si sans un pénis tu es née.

Je n’eus que mon arme affutée

Pour rétablir l’égalité !

Ma chèr’ maman, je t’en supplie,

Ne rougis pas de moi ta fille.

J’irai au bourreau sans trembler,

Ils n’auront pas ma dignité :

Mêm’ la têt’ dans une poubelle,

Je serai toujours la plus belle.

J’aime encor’ mieux quitter ce monde

Que vivre cette époque immonde.

Ma chèr’ maman, je t’en supplie,

Ne rougis pas de moi ta fille.

Sans hain’ pour le peuple je pars,

Je me suis taillé dans l’Histoire,

A coup d’poignard dans un’ baignoire,

Une place tout à fait à part.

Les femm’s devront encor’ lutter

Pour pouvoir seul’ment exister…

Charlotte Corday


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