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La Shoah, un dogme ?

Publié le 28 juillet 2018 par Georgezeter
La Shoah, un dogme ?

Si le génocide juif perpétré pendant la Seconde Guerre mondiale est aujourd'hui communément appelé La Shoah en France, certains récusent l'emploi de ce terme. C'est le cas du linguiste et traducteur Henri Meschonnic. Il précise que le terme " shoah " signifie - catastrophe naturelle. Elie Wiesel conteste aussi ce terme autant que celui d'holocauste même s'il l'emploie. Dans ses entretiens avec Michaël de Saint Cheron en 1988, il dit lui préférer le terme " ", qui, dans la littérature yiddish portant sur l'événement, signifie également " destruction " et se réfère à celle du Temple de Jérusalem.

La Shoah donc: en hébreu, littéralement : " anéantissement ", mais aussi " cataclysme ", " catastrophe ". Ce mot a été rendu célèbre par le titre du film de Claude Lanzmann " Shoah " et adopté majoritairement en France, par opposition aux termes génocide ou holocauste.

Trois précisions : Si Shoah se traduit par catastrophe et que le sens du mot " catastrophe est : un dénouement tragique, un malheur effroyable, une catastrophe naturelle et brusque et que ses synonymes sont : calamité, cataclysme, désastre, on est loin de la Solution Finale qui n'est absolument pas le fait d'une action brusque, sans contrôle, mais au contraire d'une volonté étatique et d'une organisation de planification méticuleuse. Cependant, La Shoah n'est dramatiquement pas le seul génocide industrialisé de l'Histoire ; voir, la " famine d'Ukraine ", les camps de la mort de Pol Pot et je pourrais en citer une bonne dizaine seulement au cours du siècle dernier.

Quant au mot génocide : Du point de vue sémantique, le génocide est la destruction méthodique d'un groupe ethnique. Ainsi, l'extermination méthodique des Juifs par les Nazis de 1941 à 1945 est un génocide. Le concept juridique de génocide est né en 1944, créé par un juriste américain du nom de Raphaël Lemkin, devant l'ampleur prise par le massacre des Juifs, exterminés simplement parce qu'ils étaient juifs. Il a été depuis ratifié par la Convention de 1948. Il paraitrait donc logique d'employer ce deuxième terme, en spécifiant " génocide des juifs " lors de l'enseignement de l'histoire et non pas " shoah ", qui de par sa racine de l'hébreu focalise seulement sur les personnes juives et israélites.

Des précisions : les juifs d'Europe et de nord Afrique communiquaient en yiddish et non pas en hébreu. Le yiddish a servi de langue vernaculaire aux communautés juives d'Europe centrale sépharades et orientales ashkénazes à partir du Moyen Âge. Le yiddish était parlé par les deux tiers des Juifs du monde, soit onze millions de personnes à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Depuis le génocide des Juifs par les nazis, au cours duquel la majorité de la population juive d'Europe fut exterminée, la langue yiddish est devenue la langue d'une minorité dispersée en voie de disparition. En contrepartie, l'hébreu classique est la langue rituelle et liturgique de la religion juive, tandis que l'hébreu moderne compte plus de 10 millions de locuteurs en Israël et dans le monde. L'hébreu est devenue très récemment la seule langue officielle de l'État d'Israël. (avant il y avait aussi l'arabe, mais Israël veut être uniquement " la nation du peuple juif ")...

Je prendrais en exemple : Auschwitz, un cours d'histoire : épisode 1. (lien vidéo en fin d'article) - Cela commence par une professeure qui annonce : " nous voulons vous soumettre un projet appelé " Auschwitz travail de mémoire ", et donc en fait on va vous faire travailler autour de la question de La Shoah, le génocide des juifs et des tziganes ".

J'ai un commentaire à faire : " on va vous soumettre "... ce serait donc qu'ils ont le choix ? Soudainement les élèves, dès l'annonce, car ils n'ont pas l'air très motivé par le projet; alors, ils lèvent tous la main et refusent de travailler Et proposent au lieu de cela ; Napoléon et ses conquêtes ou la vie à Florence durant la renaissance, ou alors vue le nombre d'élèves d'origine africaine de cette classe: l'implication de la traite négrière dans les ports français au 17eme siècle...Je suis sûr que la professeure dirait : Okay ! banco ! Allons-y! Mais bon ça c'est de la rhétorique. Par contre déjà en annonçant " seulement " " le génocide des juifs et des tziganes ", tombent à la trappe des millions, éliminés systématiquement eux aussi par la faim, par le gazage ; Ces prisonniers de l'armée russe, et de tous les pays de l'est, les homosexuels, les témoins de Jéhovah, les franc-maçon, les esperantophones, les communistes, les noirs, les opposants politiques allemands, les handicapés, les résistants français et d'autres pays de l'ouest, les maquisards slaves, les, le, la... J'en oublie ; Pour cette enseignante qui suit la consigne il y a les juifs et les tziganes, point. C'est là où j'en viens : de cette orientation et de ces mensonges historiques par omission. Cette professeure de lettres-histoire Madame Houda Bouadi dans la vidéo se posant en une sorte de commissaire du peuple qui distillerait la bonne et vraie parole à ne pas mettre en doute. Pourtant dans cette classe de lycée professionnel, un des élèves, qui s'exprime très bien nous dit, et cela devrait alerter cette enseignante " à partir de la première j'ai commencé à aimer l'histoire, par exemple les Vikings, mais après la sixième on a parlé des juifs, et tout ça et ça m'a pas intéressé, et après on en a parlé tous les ans, tous les ans et encore aujourd'hui donc ça m'a saoulé " et toute la classe qui rigole car, lorsque la caméra les filme ils ont tous l'air désintéressés par ce sujet rabâché et rabâché.

Plus loin dans la vidéo nous voyons les élèves travailler sur des documents iconographiques des camps, des copies de photo quoi. Je sais car j'ai été professeur moi-même que ces jeunes gens n'ont aucune notion plus élargie sur ce sujet imposé : le traité de Versailles, le sentiment du coup de poignard dans le dos des allemands, l'antisémitisme montant des années 20, d'abord venu des pogroms des pays de l'est lointain, Mein Kampf, l'élection d'Hitler au pouvoir en 1933, les lois restreignant les droits des juifs allemands, puis durant la guerre, l'espace vital, le génocide par balle, puis les camps d'extermination (je fais un grand raccourci). Les élèves eux planchent sur ces photos de camps, point ! Aucun recul, aucune possibilité d'émettre une opinion, un avis, une critique ! Waouh, t'es dingo cousin ! Une critique sur la SHOAH ! Et la loi gayssot t'en fais quoua mec ! Donc, nos petits français comme tant de générations précédentes doivent avaler la bouillie sans broncher en faisant acte de contrition sur leur rédaction finale ; doivent expier ces potentiels descendants de collabos jusqu'à la nuit des temps ! Les élèves de d'origine africaine ont peu de chance d'avoir eu des grands parents collabos ou dans la milice, ou des flics de la rafle du Veld'hiv ; quant aux musulmans ils n'ont rien à voir là dedans non plus à part le grand mufti de Jérusalem qui pactisa avec Adolph. Quant aux petits gaulois, il y a ceux dont les ancêtres finirent en camps, furent torturés, exterminés pour des faits de résistance...

Un dernier " détail " : l'extermination des Tsiganes dans les programmes est mentionnée, mais sans précision aucune, et dans le cas présent, sans outil documentaire ou pédagogique spécifique pour les enseignants...

Ayant été élevé dans les années 70, où le mot Shoah n'existait pas, mais où nous parlions ouvertement en classe, d'extermination, de rafles, de trains en partance qui, me voyant grandir, ces connaissances de ces pages dramatiques de l'histoire humaine me firent découvrir par moi-même la monstruosité du régime nazi, et me rendirent à jamais hermétique à toutes thèses fascisantes, nazilantes. En fait mon instituteur, ma famille, mes professeurs et mes copains avaient distillés au fond de moi sans que je le sache, ce que nous appelons aujourd'hui le devoir de mémoire de ne pas oublier. J'allais à la bibliothèque de l'école lire " le journal d'Anne Frank " " si c'est un homme ", " la 25eme heure ", " à l'ouest rien de nouveau " et bien d'autres parutions nettement plus enrichissantes que ces programmes clé en main fabriqués par les nervis au service d'une cause, je pense à la LICRA particulièrement.

La Shoah devint une cause nationale lorsque Jacques Chirac en 1995 durant la commémoration de la rafle du vel d'hiv reconnut la responsabilité de l'État français dans la déportation des juifs. Jack Lang en 2000 souhaita très vivement que dans les classes, les professeurs et les élèves évoquent ces pages sombres de notre histoire et réfléchissent à leur signification profonde. En 2008, Nicolas Sarkozy, toujours dans la surenchère annonçait lors du dîner annuel du CRIF une nouvelle initiative mémorielle concernant les élèves de CM2. Il demandait que chaque année, à partir de la rentrée scolaire 2008, tous les enfants de CM2 se voient confier la mémoire d'un des 11 000 enfants français victimes de la Shoah. Cette proposition tomba à l'eau heureusement, mais fut toutefois relayée par le rapport de Madame Hélène Waysbord-Loing sur la façon d'enseigner la Shoah à l'école primaire qui proposa d'utiliser la thématique des enfants victimes comme axe privilégié de l'enseignement au . L'étude d'un nom, d'un visage ou d'un parcours permettant d'introduire le sujet de l'extermination des juifs durant la seconde guerre mondiale. L'accent ainsi mit sur la vie de ces enfants jusqu'à leur déportation et la mémoire des enfants sauvés par des Justes leur sera rappelée.

Dans le secondaire, son enseignement est obligatoire. En troisième dans le chapitre "Le génocide des Juifs et des Tziganes", puis en première, dans le cadre d'une approche thématique instaurée en 2011 par les programmes de Luc Chatel. La Shoah revient en terminale L et ES, sous l'angle de la mémoire, dans le cadre de la thématique " Le rapport des sociétés à leur passé "

Un chiffre qui parut étonnant. Europe1 voulut confronter ce chiffre à la réalité du terrain en interrogeant deux enseignants.

- Antoine est professeur d'histoire-géographie dans le Loiret. Pour lui, "ce chiffre est surprenant, il est faux de dire que les petits Français ne savent rien de ce qui s'est passé pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est impossible de passer au travers". L'enseignant rappelle ainsi que la question de l'extermination des juifs est vue en CM2, en Troisième et en Première, il ajoute : " je m''interroge plutôt sur le terme choisi, celui de "La Shoah": c'est peut-être ce mot qui pose problème. Il n'est pas forcément employé par les professeurs qui utilisent d'autres termes comme "extermination" ou "génocide" ".

- Yves enseigne l'histoire-géographie dans la région parisienne. Il tient à insister sur un point : " les nouveaux programmes posent un problème en terme de compréhension par les élèves. En première, contrairement en troisième, on aborde la matière de manière thématique et non plus chronologique, cela conduit à une confusion dans les têtes des élèves entre la Première et la Seconde Guerre mondiale. Du coup, le processus qui a amené à La Shoah est mal cerné et pas bien compris par les élèves. " Tout cela pour dire, qu'il y aurait une sorte de saturation de la part des élèves et un problème de transmission de la part des enseignants. Ce qui est certain, c'est que cette page de l'histoire humaine, où un régime (élu) a exterminé sciemment des populations et non pas Une population, que ce genre de système planifié de destructions organisées fut aussi employé au cours du 20eme siècle par Staline, par Pol Pot et bien d'autres dictateurs, fait que les élèves n'ont qu'un apprentissage partiel, une vision plus que limité du phénomène d'extermination voulu, qui si compris devrait naturellement installer la notion évidente de " plus jamais ça ! " ; au lieu de cela, on matraque de force le " devoir de mémoire ", alors, qu'il est impossible naturellement de bien mémoriser un événement s'il n'est pas compris dans sa globalité... Il est vrai que l'enseignement du génocide des juifs commis par les nazis est de teneur fort complexe, car, il ne se distingue des autres tueries de masse ni par l'ampleur ni par l'horreur, mais par l'obscurité qui recouvre ses mobiles et ses mécanismes : ni cupidité, ni enjeu géopolitique. Cependant, ce glissement progressif du désintérêt de l'apprentissage du " devoir de mémoire " prend sa source dont la manière qu'est enseignée cette page d'histoire aux jeunes générations, relayée comme un devoir sacré auquel les prêtres-enseignants sont invités à présider. De fait, quelles valeurs véhiculent ces enseignants de la Shoah et ces visites des camps? Leur démarche semble reposer sur la conviction qu'Auschwitz immunise le visiteur contre la barbarie. Si tant est que cette opinion soit valide ce dont on peut douter tant elle implique une vision réductrice de la genèse des mouvements racistes et des conflits armés... Par contre ce qui se dessine est la récupération de l'empathie mémorielle au profit d'une cause visant à conditionner les esprits à l'acceptation des buts et des moyens du nationalisme israélien ou tout-au-moins à inhiber la critique. Cet enseignement de la shoah, bien trop partisan en ses termes, et bien trop à sens unique dans sa " story telling ", au final, cela devient contre productif...Le dernier mot : Au retour d'un voyage à Auschwitz, une enseignante s'est entendue dire par un parent d'élève : "Les voyages de la mémoire, ça ne sert à rien !"


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