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Le journal du professeur Blequin (121)

Publié le 30 juillet 2018 par Legraoully @LeGraoullyOff

Le journal du professeur Blequin (121)Dimanche 29 juillet

10h15 : Plus que trois fois dormir et je pars pour la Sarthe rejoindre mes parents qui y ont pris leurs quartiers d’été il y a déjà six semaines : j’y resterai un mois histoire de me faire dorloter un peu et prendre un peu de repos. Comme tous les hyperactifs, je prends des vacances surtout par nécessité : si on me voyait avec un t-shirt portant le slogan « dingue de vacances », on serait en droit de me traîner en justice pour publicité mensongère ! Mais aujourd’hui, je ne regrette pas de partir bientôt : après plusieurs semaines ensoleillées, le temps est exécrable, ce matin. Au risque de paraître indécent vis-à-vis de ceux qui souffraient (et souffrent peut-être encore) de la canicule, ça ne m’a pas manqué. Bien sûr, ça fera sûrement du bien aux pelouses et ce n’est pas aussi pénible que si tout le mois de juillet avait été pourri, comme l’année dernière, mais j’espère quand même que ça ne va pas durer, histoire que je ne retrouve pas mes compatriotes bretons déprimés quand je rentrerai. Cette humidité est d’autant plus désagréable qu’elle n’atténue qu’assez peu la chaleur et m’oblige à garder la fenêtre ouverte, laissant l’eau pénétrer dans ma chambre… Décidément, rien n’est simple, ici-bas.

Le journal du professeur Blequin (121)
La citation de François Fillon est rigoureusement authentique, pas mon geste : tant mieux ou tant pis ?

18h55 : Il y a de quoi sauter de son siège ! Un jeune homme de 17 ans, accompagné de ses parents et de ses frères, s’est vu refuser l’accès à un avion-car à Dubaï ! Pourquoi ? Je vous le donne en mille : parce qu’il est autiste ! Non mais je rêve ! C’est encore possible, des trucs pareils, à notre époque ? Il faut se pincer les miches pour y croire ! En tout cas, voilà qui peut redonner l’espoir au « docteur » Corinne Skorupka : vous savez, celle qui prétend qu’on devient autiste à force de rester trop longtemps devant les écrans et qu’on peut guérir de l’autisme ! Elle a été radiée de l’ordre des médecins, (bien fait !) mais elle peut demander l’asile politique à Dubaï ! On peut aussi y envoyer François Fillon qui croit encore que « autiste » est synonyme de « débile mental » : il n’y a pas que les autistes que son départ soulagerait ! Sauf que les émirs du Golfe risquent de lui refuser le voyage en avion à lui aussi, en : « On sait bien qu’on a des goûts de chiotte, mais quand même, il y a des limites ! Les Françaouis peuvent bien garder leurs ordures chez eux ! »

Le journal du professeur Blequin (121)

Le journal du professeur Blequin (121)
Lundi 30 juillet

11h : Vive le web ! Après mes recherches infructueuses dans les médiathèques brestoises, je suis finalement parvenu, grâce à une boutique en ligne, à me procurer l’intégrale de Mafalda éditée par Glénat ainsi que l’album Siné comme chez lui publié par Fluide Glacial. Ce dernier volume me « déçoit en bien » comme disent les Suisses (j’aime beaucoup cette expression helvète que je préfère à « agréablement surpris ») : je m’attendais à voir enfin compilés les reportages manuscrits et illustrés que Siné avait rapportés des quatre coins du monde pour le magazine Lui mais l’éditeur (en l’occurrence, notre compatriote lorrain Yan Lindingre) a préféré faire la part belle aux dessins de cul, ce qui n’est cependant pas pour me déplaire. Il n’empêche qu’un recueil « Siné reporter » qui ferait la part belle à cet aspect de son œuvre serait bienvenu, non seulement pour l’humour mais aussi parce que ces reportages, même axés sur la gaudriole, n’en étaient pas moins instructifs, c’est du moins l’opinion que je m’en fais d’après les rares que j’ai pu lire à ce jour (à l’Oktoberfest de Munich, à Bali, à New Orleans…), sans compter qu’il n’est pas inutile que si Cabu a été un pionnier du reportage dessiné dans les années 1970, il n’en avait pas le monopole. Un jour, peut-être… 

Le journal du professeur Blequin (121)

11h30 : Nouvelle visite à l’hôpital des armées pour porter du chocolat à mon amie nonagénaire hospitalisée. J’entre une nouvelle fois comme dans un moulin alors que je suis chargé comme un mulet : quand je pense qu’on se fait contrôler chaque fois qu’on entre dans une salle de spectacle ! Cette fois, je croise deux militaires en treillis qui ne me prêtent pas la moindre attention : et dire que mon look de « djeun » (cheveux longs, casquette, blouson noir et jean troué) m’a valu les soupçons de flics qui me prenaient pour un étudiant en grève ! L’un des deux G.I.Joe de prisunic est une femme qui me confirme, bien malgré elle, que le kaki enlaidit la femme bien plus efficacement encore que n’importe quel voile islamique, ce dont j’avais déjà pris conscience étant adolescent : en effet, à l’époque, je regardais la quotidienne de Ruquier sur la Deux (et je vous emmerde), émission avant laquelle était programmée la série JAG dont la vedette féminine, interprétée par Catherine Bell, me paraissait tout à fait banale, jusqu’au jour où la chaîne a diffusé un épisode où elle se montrait en bikini et révélait ainsi qu’elle avait un corps à tomber par terre… J’en ai donc tiré la conclusion, citée plus haut, concernant les ravages des uniformes militaires sur les charmes féminins ; j’en ai aussi conclu que la femme en bikini serait une preuve de l’existence de Dieu si mon incroyance n’était pas à toute épreuve ! Je ne peux pas en dire autant de la ravissante Catherine Bell : j’ai appris peu après qu’elle était scientologue… Décidément, personne n’est parfait !

Le journal du professeur Blequin (121)
Allez, OK, je vous la montre, Catherine Bell en bikini ! Après tout, c’est de saison. Et pour ne pas être accusé de machisme, je vous montre aussi le musclé qui jouait avec elle : il y en a qui aiment, parait-il.

11h40 : Je retrouve ma vieille amie et lui tiens compagnie pendant son repas : avec ses cheveux blancs comme l’ivoire et ses yeux bleus comme des saphirs, elle est belle comme un diamant qui ne serait pas encore taillé. Exténuée mais radieuse, elle m’annonce qu’elle partira en convalescence au moment même où je partirai moi-même en vacances : je peux donc prendre congé sans remords, on s’occupera bien d’elle, ouf ! Je lui dis qu’elle est tout de même robuste pour une femme de son âge : elle attribue ça à ses origines mixtes – américaines et russes, et oui ! Quoi qu’il en soit, je suis impressionné de la voir si sereine et si souriante : quand je pense à tous ces vieillards geignards et à tous ces patients casse-couilles qui pourrissent la vie des infirmiers ! La vie serait belle si on avait tous l’assurance de vieillir comme elle ! Je prends congé pour porter un message de sa part à une de ses amies, fier comme un pou d’être investi comme messager au service d’une vraie reine !

12h40 : En sortant de l’hôpital, je regrette presque de ne pas y croiser de marin : malgré mon antipathie assez farouche pour toutes les armées, je me dis qu’à tout prendre, le costume du matelot est quand même plus joli à voir que le battle dress couleur vomi-de-vinasse ! J’obtiens une bien maigre compensation en croisant, à la sortie, un type portant une moche tenue bleue marine estampillée « marine nationale » au dos… Bien que la nostalgie ne soit pas ma tasse de thé, je regrette franchement les cols bleus et les pompons rouges ! Je vous renvoie à la chanson des Goristes « Remettez les pompons rouges dans la rue »… Une fois le message arrivé à bon port, je rentre chez moi : c’est que je pars après-demain, mine de rien ! Allez, bonnes vacances à tous ! On se revoit en septembre, promis !

Le journal du professeur Blequin (121)
Ce magnifique dessin m’a été inspiré par une chanson interprétée par François Morel. Non, il ne s’agit pas de l' »Amsterdam » du « Grand Jacques » mais de « Tous les marins sont des chanteurs » d’Yves-Marie Le Guilvinec.

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