Magazine Journal intime

Les enfants...

Publié le 08 juillet 2008 par Tazounette


« Nos enfants ne sont pas nos enfants. Ils passent par nous mais ne viennent pas de nous. Ils ne nous appartiennent pas. Nous pouvons leur donner notre amour mais pas nos pensées car ils ont leurs propres pensées. Nous pouvons loger leurs corps mais pas leurs âmes car leurs âmes habitent la maison de demain que nous ne pouvons visiter, pas même en rêve. Nous pouvons nous efforcer d’être semblables à eux mais ne cherchons pas à les rendre semblables à nous car la vie ne revient pas en arrière et ne s’attarde pas sur le passé… »

Khalil Gibran.

Cette phrase, mon papa me l’a envoyée il y a quelques mois. Un mail ne contenant qu’elle et « bisous, papa »…

Je travaillais ce jour-là, du temps où je partageais le bureau de L*, du temps où je ne partageais pas que le bureau d’ailleurs, j’y partageais ma peine et ma douleur, il m’aidait à la mettre en mots et en larmes, à vider ce cœur trop gros, trop enflé…

J’ai lu cette phrase et j’ai pleuré de plus belle. Il touchait en plein dans le mile. Le passé ne revient pas…

Je ressentais, dans ces mots-là, toute la peine de mes parents depuis tant de mois, me regardant perdre le goût de vivre, le goût d’aimer, surtout, et ne gardant mon énergie que pour réussir avec les filles.

Ils sentaient, à ce moment-là, que j’étais sur le point d’ouvrir les yeux, sur le point de rebondir, sur le point de changer ma vie. A tant de kilomètres ils avaient senti qu’il me manquait juste un tout petit peu de courage. Veillant sur moi tels deux anges-gardiens silencieux…

Et cette phrase ne me quitte plus, elle résonne aujourd’hui pour mes filles…

Je sais que mes filles un jour partiront, qu’elles auront leur vie propre, qu’elles feront leurs choix. Qu’elles seront heureuses ou qu’elles souffriront mais « sans » moi.

Et même si c’est douloureux de se projeter ainsi, c’est inévitable…

Alors je me prépare, doucement, lentement et à mon rythme à les laisser découvrir un maximum sans moi.

Je veille, je ne suis pas loin, je suis là, en sourdine, veillant sur elles à distance, par procuration même, ces jours-ci…

Je sais que c’est le plus beau cadeau à leur faire.

Les laisser vivre, grandir, aimer, rire, jouer, s’amuser, apprendre, avoir des milliers d’émotions, aussi, sans moi…

Savoir qu’elles peuvent tout vivre, tout ressentir, même si mes bras ne peuvent les accueillir pour y abandonner leurs chagrins, même si mes yeux ne peuvent, pour quelques temps se poser sur elles et les admirer, même si mes lèvres, pendant quelques semaines ne peuvent embrasser leur peau si douce.


C’est ainsi, c’est ça aussi la vie. On ne peut pas toujours avoir ce que l’on veut, quand on le veut. On ne peut pas toujours faire ce que l’on veut au moment où on le souhaite. On ne peut pas toujours faire ce que l’on aimerait.

Je n’aurais pas envoyé mes filles en vacances, si j’avais pu. Je les aurais gardées avec moi, pour ne pas sentir que ma vie sans elles est toute nue.

Elles ont le droit de rire, d’être en vacances, de profiter du beau temps pendant qu’il pleut ici, profiter du soleil et de la chaleur, pendant qu’ici l’hiver revient. Elles ont besoin du bon et du beau de la vie, elles ont besoin des autres pour grandir, d’autres habitudes, couper les miennes et les nôtres et réapprendre autrement à passer leurs journées…

Je sais qu’elles ne manquent de rien.

Elles sont en moi à chaque seconde…

Et elles, elles vivent. Elles vivent pour elles.

M’habituer, tout de suite, à ne pas être perdue sans elles, même dans cette vie toute nue, même dans cette vie si tranquille, si silencieuse…

Portez-vous bien, mes chéries, même si je ne suis pas dans votre ombre, je pense à vous chaque seconde qui passe…


NB : Mes filles me manquent mais je vais bien, je vais très bien... 


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