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Le journal du professeur Blequin (136)

Publié le 12 octobre 2018 par Legraoully @LeGraoullyOff

Le journal du professeur Blequin (136)Mercredi 10 octobre

11h30 : Je suis affligé. En ce moment, j’ai presque peur d’ouvrir le journal. Partout dans le monde, la peste brune se réveille et conquiert des ministères quand elle n’arrive pas carrément au pouvoir : aux Etats-Unis, au Québec, au Brésil, en Autriche, en Italie… Même en Allemagne, en Bavière pour être exact, les néo-nazis arrivent derrière les conservateurs ! En France, depuis la déculottée de la grosse blonde, on se croit à l’abri : il est vrai qu’elle porte un nom de famille qui est un handicap à lui seul, mais qu’est-ce qui empêchera Wauquiez de s’allier à elle et de la faire entrer en force au gouvernement avec ses sbires ? Et quand bien même on éviterait cette catastrophe, on n’en aura pas moins bonne mine quand une armée fasciste étrangère viendra nous envahir… J’entends déjà ceux qui crient au « mépris de classe » : « Mais professeur, les gens souffrent, ils expriment leur ras-le-bol ! » Peut-être, mais « les gens » comme vous les appelez, ont tendance à oublier que quand ils votent pour quelqu’un, ils ne se contentent pas d’exprimer leur colère, ils donnent les clés du pouvoir à ce quelqu’un, ce qui a des conséquences directes pour eux et pour le monde entier ! A quoi ça nous mène, de nous haïr les uns les autres, surtout à une époque où les défis écologiques devraient plutôt nous inciter à nous serrer les coudes ? D’autant que le leader populiste moyen, loin d’être un « représentant du peuple », est un homme d’affaires richissime sachant endormir la méfiance du bon peuple dont le réveil sera brutal. Brutal et tardif : quand il prend conscience qu’il a été arnaqué, il se retrouve déjà face aux matraques ou aux chars d’assaut. Bon, je noircis le tableau : il y a un espoir. Cet espoir, c’est que nous assistons aux derniers soubresauts de la tyrannie du mâle blanc. Le mâle blanc ne parvient pas à admettre que son règne sans partage a déjà pris fin, alors il porte au pouvoir des bouffons qui lui donnent l’illusion du contraire, croyant pouvoir « remettre à leur place » les femmes, les homos et les mal-blanchis. Mais il n’y a pas de retour en arrière possible : la chute définitive du mâle blanc aura lieu quoi qu’il arrive et les populistes ne peuvent que retarder l’échéance, laquelle échéance peut arriver encore plus tôt que prévu… Si nous le voulons.

20h10 : Au sortir du cours du soir, j’attends le bus pour réintégrer mes pénates. Tout à coup, je suis tiré de ma rêverie par une voiture qui fonce à toute berzingue presque sous mon nez et donc un passager, par la fenêtre ouverte, me hurle « Je suis enfermé, appelez les flics ! » Le pessimiste dirait qu’en n’obéissant pas à cette injonction, je me suis sans doute rendu coupable de non-assistance à personne en danger. L’optimiste dirait qu’il devait s’agir de jeunes glands en virée qui voulaient s’amuser à faire peur à un piéton et que j’ai donc bien fait de ne pas rentrer dans leur jeu. Le réaliste dira qu’il est grand temps que cet été indien interminable prenne fin car les gens sont surexcités !

Le journal du professeur Blequin (136)


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