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Revue de presse BD (291)

Publié le 08 novembre 2018 par Zebralefanzine @zebralefanzine

+ Certains lecteurs de la presse satirique expriment la nostalgie du temps où Cabu, Wolinski, Reiser, Siné,webzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande dessinée,revue,presse,hebdomadaire,novembre,2018,fémina,philippe lançon,lambeau,luz,catherine meurisse Gébé, dessinaient encore, et déplorent la fadeur de la presse satirique actuelle. D'autres rétorquent qu'il y a encore de très bons dessinateurs en activité.

La question du niveau technique des uns et des autres est sans doute secondaire ; on peut tout de même dire que le talent de reporter de Cabu est supérieur ; quel caricaturiste est capable de caricaturer, non pas seulement telle ou telle grosse légume, mais une ville entière et ses habitants, comme Cabu l'a fait avec Paris ?

Il faut d'abord tenir compte d'un contexte politique -la Ve République-, particulièrement défavorable à la liberté de la presse. Certains signes ne trompent pas, comme la rapidité et l'efficacité des pouvoirs publics, de gauche comme de droite, à colmater les brèches dès qu'il y en a - naguère les radios libres, aujourd'hui internet.

Par conséquent l'aventure de "Charlie-Hebdo" implique une audace exceptionnelle de la part de ses inventeurs, Cavanna et Choron - non seulement du talent.

La différence entre la première mouture de "Charlie-Hebdo" et la seconde est celle qu'il y a entre Elvis Presley et Johnny Hallyday, c'est-à-dire entre la contre-culture et la contre-culture digérée et assimilée par la culture dominante et ses "intellos de service", jouant le rôle d'enzymes gloutons.

Ce n'est pas seulement rendre hommage aux pionniers que de souligner cette différence entre les pionniers et les héritiers : cela permet de mieux comprendre la manière dont la culture bourgeoise se défend contre les attaques dont elle est la cible.

+ Après Catherine Meurisse, Patrick Pelloux, c'est au tour de Luz et Philippe Lançon, choqués ou grièvement blessé par la fusillade à la rédaction de "Charlie-Hebdo" de publier leurs témoignages. A croire que les gens heureux n'ont rien à dire...

Philippe Lançon (journaliste à "Charlie" et "Libération") vient de recevoir le prix Fémina pour "Le Lambeau", récit de sa pénible convalescence. Il s'est déplacé pour recevoir le prix en mains propres. A en croire P. Lançon : "L'esprit critique (...), la caricature, tout cela est bien vivant". Cela sonne un peu comme un "Allahou Akbar !" germanopratin.

A propos de "Le Lambeau", le club des lectrices (en décolleté) du "Figaro" a rendu son verdict.

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Yves Chaland vu par C. Berbérian.

+ Les BD d'Yves Chaland, auteur du "Jeune Albert", en disent plus long sur la BD franco-belge qu'une longue thèse fastidieuse et hagiographique. Suivant le procédé du pastiche qui consiste à caricaturer le style d'un auteur, Y. Chaland souligne les stéréotypes d'un genre destiné aux enfants, dont Hergé est considéré comme le maître.

Chaland se plaît ainsi à souligner le décalage radical avec la réalité de ces récits ; c'est probablement ce qui plaît aux jeunes enfants, mais on peut s'interroger sur l'intention des adultes qui ont conçu cette culture et sa portée éthique.

Chaland souligne aussi, avec son trait de designer automobile, plus maniaque encore que celui de Hergé, l'arrière-plan industriel de cette culture. Chaland n'a pas été publié dans "Métal Hurlant" pour rien !

TV7 Bordeaux diffuse un long documentaire sur Yves Chaland (2018). En dépit du ton proustien ou dévot d'Avril Tembouret, son auteur, ce documentaire éclaire plusieurs aspects de la personnalité et de l'oeuvre de cet auteur, via ceux qui l'ont côtoyé ou qu'il a influencés (F. Margerin, F. Avril, C. Berbérian, Zep, B. Poelvorde...).

On pourrait croire en le lisant que Yves Chaland tente de s'évader de la BD et de son horizon fictif.


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