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Le journal du professeur Blequin (153)

Publié le 21 novembre 2018 par Legraoully @LeGraoullyOff

Le journal du professeur Blequin (153)Lundi 19 novembre

15h : A l’issue de la première journée de l’exposition « Segalen voyageur » à la fac, je fais deux constats amers. Premièrement, le pouvoir hypnotique de l’écran est décidément écrasant ; en effet, la secrétaire générale de l’association qui chapeaute l’événement avait eu l’idée de faire défiler pendant l’expo un film tiré d’un spectacle de Bartabas inspiré de la vie de Victor Segalen : ça n’a pas raté, la première visiteuse a passé plus de temps devant l’écran qu’à regarder les peintures ! J’ai donc renoncé à passer le film en boucle comme prévu : ceux qui voudront voir le film n’auront qu’à appuyer sur le bouton « play » du lecteur, point barre ! L’installation m’a donné assez de mal. Deuxièmement, un jeune homme est venu me demander jusqu’à quelle heure l’exposition restait ouverte alors que c’est écrit noir sur blanc sur toutes les affiches que j’ai collées partout dans l’établissement ! A quoi ça sert de se décarcasser à donner des informations claires, nettes, et précises, bonne mère ? Il y a vraiment des gens qui ont besoin qu’on leur tienne le cerveau par la main !

Le journal du professeur Blequin (153)

21h : Je n’ai pas grand’ chose à ajouter à la brillante analyse de mon copain Jérôme. Sauf peut-être une chose : si je résume bien, les gilets jaunes agressent les automobilistes qui ne manifestent pas avec eux, traitent de « bobos parisiens » ou de « pédés » les gens qui ne les soutiennent pas, leur lancent « retourne dans ton pays » s’ils ont le visage un peu trop bronzé et, cerise blette sur le gâteau moisi, leur égérie est une illuminée qui croit aux ectoplasmes et en a fait sa profession ! Ils en ont marre d’être arnaqués par les politiciens et ils écoutent une autre arnaqueuse… Et ces débiles seraient les représentants du peuple français ! Quelqu’un peut me dire comment on peut changer de nationalité ? Parce que là, j’ai VRAIMENT trop honte…

Le journal du professeur Blequin (153)
Mardi 20 novembre

12h : Je déjeune avec un ami qui me raconte ses démêlés avec les gilets jaunes : il a été bloqué par ces derniers qui n’acceptaient de le laisser passer qu’à la condition qu’il se mette à klaxonner, ce qu’il a refusé, jugeant qu’il n’avait pas à recevoir d’ordres de leur part. Il s’est alors retrouvé encerclé par des manifestants qui lui criaient sans relâche « klaxonne, klaxonne, klaxonne » ! Il a fini par sortir de sa voiture en leur faisant bien comprendre que ça risquait de se terminer en bagarre si ça se terminait ! Très franchement, je ne sais pas si j’aurais eu son courage dans de telles circonstances, mais je ne peux que le féliciter de ne pas s’être laissé faire. Décidément, le pluriel ne vaut rien à l’homme…

12h30 : Le même ami m’apprend l’arrestation de Carlos Ghosn au Japon : cet événement me rappelle l’arrestation de Strauss-Kahn en Amérique en 2011. L’un des aspects séduisants de la mondialisation, c’est qu’elle ouvre la possibilité d’un monde où un portefeuille bien garni ne suffit plus à rester à l’abri des foudres de la justice en passant la frontière. En tout cas, nos gilets jaunes nationaux peuvent se vanter d’avoir fait une recrue prestigieuse : le patron de Renault va lui aussi porter un gilet jaune ! Avec des rayures noires, d’accord, mas un gilet jaune quand même.

Le journal du professeur Blequin (153)
Il parait qu’après un certain âge, on a la gueule qu’on mérite…

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