Le journal du professeur Blequin (158)

Lundi 3 décembre

8h50 : Les lycéens manifestent de nouveau ; de bon matin et sous une pluie battante… Comme quoi les jeunes ne sont pas si apathiques qu’on le dit ! Mon bus est obligé de faire un détour qui me contraint du même coup à poursuivre mon trajet à pied sous la flotte… Si j’attrape la crève, je saurai pourquoi ! Mais je n’en voudrai pas aux lycéens pour autant…

10h30 : Pour la deuxième fois en un semestre, j’ai reçu une offre d’emploi d’un particulier qui se prétend propriétaire de logements et de magasins et me demande de collecter ses loyers. Une amie me confirme que c’est une escroquerie et qu’il ne faut surtout pas répondre à ce genre de message. N’empêche qu’escroquer les demandeurs d’emploi, c’est limite : les Pieds Nickelés, en BD, c’est drôle, mais dans la vraie vie, c’est moyen

18h30 : Le retour au bercail m’a pris deux fois plus de temps que de coutume : non seulement il y avait des embouteillages monstres dus, parait-il, à un « encombrement » d’origine obscure mais, de surcroît, l’autobus a dû faire un long détour pour arriver jusqu’à Guilers. J’ai donc dû traverser une zone que je ne fréquente jamais, qui plus à la tombée de la nuit : il n’en a pas fallu plus pour m’angoisser !

Mardi 4 décembre

8h50 : Me dirigeant vers l’arrêt de bus, je vois les pompiers et les gendarmes stationnés devant le collège privé voisin. Je n’ose pas aller leur demander la raison de leur présence, ne voulant pas perturber les soldats du feu dans leur noble tâche ni me faire taper dessus par les pandores : oui, j’ai un respect de l’uniforme à géométrie variable, mais le résultat est le même !

11h50 : A Brest, au niveau de l’église Saint-Martin, une bouche d’incendie grande ouverte déverse des hectolitres d’eau dans le caniveau… Toute cette eau gaspillée alors qu’il y a tant de gens qui souffrent du manque d’eau dans leur pays ! Voilà qui n’émeut pas la « France qui en a ras le bol » !

13h40 : Je prends le chemin du retour plus tôt qu’hier, ce qui me permet de découvrir la cause de l’encombrement de la veille : il y a la queue à la station-service située à la sortie de la ville. La station a été réquisitionnée par la préfecture mais les particuliers tentent quand même leur chance… Qu’ils en profitent pour s’y habituer, ce n’est rien qu’un avant-goût de ce qu’ils vivront quand on aura épuisé les énergies fossiles !

14h : Fidèle abonné, je déballe mon Fluide Glacial qui est arrivé à bon port et j’apprends que notre compatriote lorrain Yan Lindingre quitte la rédaction en chef après six ans de bons et loyaux services : depuis le début de ce siècle, le vénérable journal d’humour aura eu cinq rédacteurs en chef successif et Lindingre  aura été le seul, avec Thierry Tinlot, a rester en poste pendant six ans ; on ne peut donc que le féliciter. Et ayons une pensée pour le fondateur de la célèbre revue, le grand Gotlib, qui nous a quittés il y exactement deux ans jour pour jour…