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Fabienne Courtade | [le fleuve s’entend au loin]

Publié le 25 janvier 2019 par Angèle Paoli

[LE FLEUVE S'ENTEND AU LOIN]

Nous respirons ensemble le fleuve s'entend au loin
un grand feu nous soulève

embrase les odeurs, le grain de la peau

la douceur des cheveux

son haleine

cette fois j'inventais les souvenirs
j'aspirais à grands poumons


qui a disparu ?
qui était là
juste avant
je ne sens plus rien

pas une respiration
J'écoute seulement
la rumeur

un flottement au-dessus
ville remplie d'arbres et d'allées

toutes les ombres sont effacées
je ne reconnais rien

au milieu

je refais le même rêve
un autre temps
se décline
que nous devons descendre
ou traverser

à nouveau

au bout du couloir
des formes humaines

des portes
nous descendons trop vite

notre vie presque à reculons
d'un claquement
tombe


doigts, pensées, muscles noués

bouche et yeux

nettoie par terre les sacs
éclatés


se perd
un peu de sang renversé ( balayé )

morceaux de kleenex ont déjà servi
plusieurs fois ramollis effilochés en bouillie
ces jours-là on les reprend au début
sortis des poches des sacs
écrasés
sous les talons

Petite passerelle entre nous
et ces mots sur un mur

Collés en pleine nuit

s'en aller est impossible

" À qui la vie humaine est une expérience à mener le plus loin possible "

Fabienne Courtade, Corps tranquille étendu, Flammarion, Collection Poésie/Flammarion dirigée par Yves di Manno, 2017, pp. 115-118. Couverture d'après une photo de l'auteur.

Fabienne Courtade  |  [le fleuve s’entend au loin]


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