Magazine Humeur

Le journal du professeur Blequin (175)

Publié le 14 février 2019 par Legraoully @LeGraoullyOff

Lundi 11 février

14h : Réunion du comité scientifique d’un colloque de jeunes chercheurs : j’en fais partie et je constate une fois de plus que je ne suis pas très doué pour le travail en groupe. Devoir composer avec les idées des autres, dans l’absolu, ce n’est rien : disons que ça irait si lesdites idées ne portaient pas aussi sur l’organisation du travail ; en clair, non seulement il faut débattre de ce qu’on va faire mais il faut aussi débattre de la façon dont on va débattre de ce qu’on va faire ! Bon, on a quand même réussi à sélectionner vingts propositions de communications pour notre colloque, c’est le principal…

Le journal du professeur Blequin (175)

Votre serviteur avec Cabu.

20h : Outre les livres de Caza, j’ai aussi récupéré les albums de Cabu de ma défunte tante ; je suis sûr que beaucoup de gens se demandent ce que ce grand artiste aurait trouvé à dire sur notre époque. Ne cherchez plus : en feuilletant La France des beaufs, recueil de ses reportages dessinés sur la France profonde des années 1970, je me dis que Cabu aurait dit exactement la même chose sur la France d’aujourd’hui. Oui, les reportages de mon maître à dessiner restent actuels ! Quelle différence entre les « braves gens » de jadis, qui acceptaient sans rechigner le tout-nucléaire, et ceux d’aujourd’hui qui ont voté pour l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et s’obstinent à gueuler contre les prix du carburant ? Quelle différence entre les élus locaux d’hier et ceux de maintenant ? Toujours les mêmes magouilles, toujours la même vision à court terme, toujours les mêmes pratiques clientélistes… Cabu, ne reviens pas, ils sont toujours aussi cons !

Mardi 12 février

Le journal du professeur Blequin (175)

9h45 : Tout à la joie d’apparaître à nouveau dans la presse locale pour un entrefilet faisant la promotion de mon album, j’arrive à la fac : elle est fermée. Plus exactement, elle est bloquée : ça faisait longtemps que l’ambiance était tendue, avec un amphi occupé, les étudiants protestant notamment contre la hausse des frais d’inscription pour les étudiants non-européens (que les dirigeants de l’université de Brest ont pourtant décidé de ne pas appliquer), mais il y avait longtemps qu’on n’avait plus eu de blocus ! Un vrai baptême du feu pour notre nouveau doyen… Une poignée de protestataires un peu plus agités que les autres se prennent pour Che Guevara et crac, tant pis pour ceux qui avaient fait des kilomètres pour venir travailler, tant pis pour l’asso Handicapable qui organisait des événements pour sensibiliser au handicap, tant pis pour ceux qui avaient déposé leurs outils de travail en toute confiance dans le bâtiment la veille : après tout, ce dont de « pôvres cons de Macronistes », n’est-ce pas ? Il y a même des Gilets jaunes qui ont rejoint les étudiants grévistes : là, ça me fait peur, j’espère que les étudiants qui, à la base, se mobilisaient contre la xénophobie d’Etat, ne vont pas se laisser contaminer par la vilaine propagande antisémite de ces emmerdeurs !

14h : Rendez-vous à un office HLM : la personne qui m’accueille ne me demande même pas pourquoi je demande un logement social et m’interroge sur mon expérience professionnelle (en quoi ça la regarde ?) et mon « expérience locative » (si je cherche un logement, c’est justement parce que je n’ai pas d’expérience, hé !) : je me sens déshabillé par de telles questions ! Pire, elle me demande si j’ai déjà vu une assistante sociale et si j’ai aussi besoin d’une aide pour les formalités administratives… En clair, elle me prend pour un cas social ! Je suis effaré par tant de mépris !


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