Magazine Journal intime

Donne nous ... (7) - L'Ultime Congrès (partie 1)

Publié le 14 juillet 2008 par Audine

Monsieur le Président de Notre République,

Madame la Ministre de Notre Défense et de Notre Sécurité, Intérieure et Extérieure,

Monsieur le Commandant Suprême de Notre Vaillante Armée,

Bien que n’étant point de nature paranoïaque et sans me vanter, pratiquant un certain cartésianisme doublé d’un sens des réalités plus élevé que la moyenne, j’ai néanmoins et également à mon grand regret, l’impression nette qu’il est de mon devoir de vous adresser en pièce jointe ci annexée, des documents trouvés par le plus pur des hasards si tant est qu’un hasard puisse ne pas être pur, à coté de la poubelle qui est située sous la bouche du vide ordure, lequel vide ordure fait l’objet de ma part d’une demande incessante et réitérée de suppression auprès du Conseil Syndical de la Copropriété , qui la rejette sous le prétexte fallacieux que je suis minoritaire à habiter le rez de chaussée, exploitant ainsi le peu de goût de l’effort de mes voisins, ce qui n’est pas une gloire.

Comme vous pouvez de vos yeux le constater, ce document semble être une partie des actes d’un colloque ou d’un congrès, bien que le titre soit à moitié rongé par la pourriture, qui se développe à une vitesse galopante du fait de l’humidité entretenue par des fuites continuelles suspectées par moi-même de provenir du premier étage, mais que le Conseil Syndical de Copropriété, bien qu’informé dûment par mes soins, se refuse à faire colmater par un artisan désigné après appel d’offre, nous pouvons aisément le déduire à l’aide d’une lecture rapide des lettres encore intactes sur la page de garde, ainsi que de celle des écrits qui suivent.

J’ai dès le début de l’étude de ce document, dont la présence dans cet immeuble dépourvu d’habitant susceptible de participer à quelque chose d’aussi élaboré et collectif qu’un colloque m’intriguait, tout de suite repéré les quelques lignes extraites d’un discours de présentation des Brigades de Défense de l’armée syrienne devant Rifaat El Assad dans les années 70, avec ses femmes soldats mangeant à pleines dents des serpents vivants pour prouver leur bravitude ainsi qu’une ligne extraite d’une réponse de Kadhafi déclinant d’une façon insolente votre invitation à venir participer à l’UPM, alors même qu’il aurait du se sentir honoré de se voir renouveler une telle offre, sachant que le gazon des jardins de l’Elysée vient à peine de repousser suite à la présence de ses gazelles lors de sa première venue en notre Beau Pays.

Cependant, étant donné la nature pour le moins belliqueuse de ces écrits, l’hypothèse un peu folle et pourtant envisagée un quart de seconde par moi, qui consistait à soupçonner que certains des pays participants à l’UPM tiendraient un double langage et n’honoreraient en rien les paroles de paix données en votre présence, et du fait également même que justement, votre présence et votre Présidence garantissent l’absolue efficacité de ces démarches de paix et que les participants par vous invités en notre Beau Pays ne peuvent que l’admettre et avoir changé profondément pour abandonner leurs viles habitudes de dictature, y compris culinaires, j’ai donc renoncé à croire à une nouvelle guerre traditionnelle, à savoir les bons contre les méchants.

C’est avec un certain effroi, je vous l’avoue, que j’ai peu à peu réalisé l’horrible vérité par ces écrits révélée, et non sans avoir auparavant, muni d’une loupe et d’un éventail, déchiffré plusieurs fois ces textes, et avalé plusieurs whisky secs, pour me contraindre à admettre ce qui ne va pas manquer de vous frapper, après que vous ayez vous-même pris connaissance de cet envoi, que je ne me permettrais pas, croyez le, si je ne pensais pas que l’heure est grave, ce dont vous conviendrez aisément je crois.

Je vous prie d’agréer, monsieur Notre Président, madame la Ministre de Notre Défense et de Notre Sécurité, et monsieur le Chef de Notre Vaillante Armée, mes salutations les plus déférentes et sincères, bien que je doive l’avouer, un peu angoissées, mais veuillez bien croire que si vous avez besoin de mon témoignage, je me tiens totalement à votre disposition, à toute heure du jour ou de la nuit, sachant que l’interphone est mis en veille à partir de 20 heures en semaine et 22 heures le week-end, malgré mes remarques pertinentes au Conseil Syndical de Copropriété, remarques qui se voient fondées, à présent qu’il me faut pouvoir être joint par Vous rapidement, mais peut être pourrez vous appuyer ma demande auprès du Conseil Syndical, tout au moins pour les interphones du rez de chaussée, s’il faut vraiment respecter la volonté d’habitants qui n’ont aucune conscience de rien.

Montpellier, le 13 juillet 08,

E. Pluchon


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