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Samira Negrouche | [J’aborde la plus haute rive]

Publié le 24 juin 2019 par Angèle Paoli

aborde la plus haute rive Samira Negrouche, [J'ABORDE LA PLUS HAUTE RIVE]
J'
par le chemin le plus étroit
une corde nouée
à l'envers
j'aborde la vague qui s'éteint
le port approximatif
les jambes fléchies Quai 2|1, Partition à trois axes, I, éditions Mazette, 2019, pp. 17-22.
Samira Negrouche  |  [J’aborde la plus haute rive]
j'aborde un songe
une attraction
je titube
je titube
a-t-on jamais su
marcher dans le jour ?
j'avance toujours
sur un fil incertain
sur une rupture certaine
et je tends la voix
comme je tendrais ma joue
j'allonge le pas
comme je frôlerais un seuil
je n'ai pas peur
du jour qui passe
ni des êtres qui
ne passent plus
je n'ai pas peur du vide
le vide n'est pas rien
le vide est sur le fil
le fil incertain
le fil invisible
sur lequel je suspends l'être
sur lequel me suspend l'être
là où ça se passe
là où ça accroche
là où tu abordes
le quai
j'avance à peine
les pas suspendus
sur la surface de l'huile
ou c'est le quai
qui avance
qui se détache
s'éloigne
sur la peau de cuir
la peau indomptable
aux reflets d'argent
ou c'est mon regard
qui glisse
qui se rapproche
du quai
qui me rapproche du quai
je vais nu.e
dans les champs d'oignons
et dans la jungle luxuriante
dans les bas-fonds
de Mexico
de Ouagadougou
et d'Aden
je vais nu.e
l'articulation libre
le dos sûr
je me balance
le dos vaste
le cou léger
le cou tendu
le jour s'invite
dans mes yeux
précoces
un fou danse
dans mes yeux
fait vaciller
mes mains
sur l'air qui vogue
dans le ciel
qui se laisse peindre
un fou danse
ou c'est moi qui danse
quand la ronde s'ouvre.


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