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Fin du siècle – La vie mondaine -1-

Publié le 26 juillet 2019 par Perceval
Fin du siècle – La vie mondaine -1- Élisabeth de Gramont en 1889. ( Nadar)

Dans le cercle restreint de cette géographie politique, Anne-Laure rencontre, celle qui deviendra l'une de ses amies : Élisabeth de Gramont (1875-1954)

En effet, Albert de Mun, a pour cousine, Élisabeth de Gramont, duchesse de Clermont-Tonnerre. De plus, le frère d'Albert : Robert de Mun, a épousé le tante de la duchesse, Jeanne de Gramont.

Si Albert de Mun, joue le ''père la rigueur'', Élisabeth lui rappelle, qu'il ne fut pas toujours exemplaire, des études médiocres, puis après sa sortie de Saint-Cyr, il sert dans les cuirassiers en Algérie (1862-1867) ; il y mène dit-on joyeuse vie.... Lors de la guerre, il est capturé à Metz, et emmené en captivité à Aix-la-Chapelle avec son ami René de La Tour du Pin, rencontré sur le champ de bataille de Rezonville. Prisonniers sur parole, les deux hommes partagent le même désarroi devant la défaite...

A 26 ans, il épouse sa jolie cousine ( au troisième degré ) Mlle Simone d'Andlau... Son père était comte de Briouze, seigneur de Mesnil-Jean et de Sainte-Marie. Il avait conjoint à cet héritage celui de sa mère, héritière de la baronnie de Cuy, à l'âge de huit ans, toutes terres situées dans l'Orne....

Fin du siècle – La vie mondaine -1-
Albert de Mun

Cependant, le couple n'hérite d'aucune terre, d'aucun château... Ils mènent une vie sage et bourgeoise... Albert de Mun, à la fin du siècle, se targue de l'élégance avec laquelle son épouse «vêtue d'une simple robe noire» et indifférente aux lorgnette des loges puisse aller s'asseoir au parterre de l'Opéra, ce que madame Verdurin n'aurait jamais imaginé.... !

Pourtant, depuis le second empire, on considère que les salons aristocratiques et même de la cour impériale, entretiennent une vie dissolue. C'est aussi en cela que voulait se distinguer le célèbre salon de Juliette Adam... Il était devenu l’un des principaux salons républicains de Paris et il a joué un rôle important dans la vie politique française. Au salon du boulevard Poissonnière se rencontraient hebdomadairement certains des plus importants hommes politiques républicains. L’hôte le plus influent fut sûrement Léon Gambetta, ami d’Edmond Adam, qui instaura aussi une relation très amicale avec Juliette Adam ; jusqu'à ce que Gambetta semblât montrer des signes de sympathie envers l’Allemagne de Bismarck... Ce fut l'un des éléments de la rupture entre le « tribun » et son ancienne « égérie ». Le ''mythe'' de Juliette Adam : '' la grande française'' n'a cessé de se développer...

Si Juliette Adam avait été très proche d’Émile Girardin (1802-1881)... ''La Revue des deux Mondes'', avait des sympathies orléanistes. Le Directeur de la revue est Ferdinand Brunetière (1849-1906). Antidreyfusard, mais non antisémite : il publie en 1886 une réfutation ferme de La France juive, de Drumont, il accuse, en 1898, les intellectuels dreyfusards de se dévoyer... Son amie Flore Singer - importante salonnière de Paris - dreyfusarde, tente à plusieurs reprises de lui faire changer de position...

Fin du siècle – La vie mondaine -1-

Dans l'intimité des salons, et du cercle restreint de l'aristocratie ; parcourons le Paris mondain...

Si, Anne-Laure se dit l'amie d’Élisabeth de Gramont (1875-1954), Elisabeth est la fille d'Agénor et de sa première épouse, et la demi-sœur d' Armand de Gramont (1879-1962) duc de Guiche, ami de Marcel Proust (1871-1922), marié avec la fille d'Elisabeth de Caraman-Chimay Greffulhe qui règne sur le tout-Paris... D'ailleurs la duchesse publiera un livre en souvenir de son amitié avec Marcel Proust qu'elle a côtoyé jusqu'à la fin. Dans ses Mémoires, elle évoquera nombre de personnes qui inspirèrent Proust pour À la recherche du temps perdu.

Fin du siècle – La vie mondaine -1-
acquise par la baronne de Poilly


 

Ainsi, Anne-Laure a connu la baronne de Poilly : Annette du Hallays-Coëtquen (1831-1905), une égérie du Second-Empire... A 14 ans le comte de Brigode l'avait demandée en mariage, qu'elle épousa trois ans plus tard... Elle devint vite veuve (1859), libre et sans frein d'aucune sorte … Elle s'investit dans son salon, au 50, avenue des Champs-Élysées...

Qui ne rêve de se rencontrer autour d'un foyer de vie et de beauté... ? Les plus habitués du salon, furent le docteur Albert Robin, le ''connétable '' Barbey d'Aurevilly, un jeune poète François Coppée, Edmond de Polignac, et Paul Bourget... Elle est une des meilleures amies de Judith Gautier ( la fille de Théophile). La belle se remarie avec le baron de Poilly (1860) qui décède deux plus tard...

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chez la baronne de Poilly

On dit qu'elle aima l'amour sans fausse honte... Dame d'honneur de l'impératrice, on raconte qu'elle tenta de ''dégeler'' Louis II lors d'une fête aux Tuileries (1867), en vain … Dans son salon, on pouvait rencontrer les fameux docteurs Robin et Pozzi auréolés d'avoir connu bibliquement Sarah Bernhard (1844-1923), Guy de Maupassant en quête de documents vécus, et le jeune Paul Deschanel toujours admirablement bichonné et bourreau des cœurs et habitué des ruelles de la baronne de Poilly, de Mme Beer, de Mme de Loynes, de la comtesse Diane... et promis à devenir le président de la République tombé de son sleeping, errant pieds nus sur la voie ferrée du côté de Montargis...

Note : Affaire Dreyfus : Les intellectuels ont pris parti ; parmi les antidreyfusards se comptent Cézanne, Degas, Renoir, Lorrain, Valéry, Louÿs, Léautaud, Arthur Meyer, le propriétaire du Temps, Barrès, F. Brunetière, Lemaître, Coppée, et chez les femmes de lettres, Gyp alors fort en vogue à l'époque, Colette et Rachilde. Dans les rangs des dreyfusards, Zola bien sûr, mais aussi Anatole France, Lugné-Poe, Fénéon, Courteline, Monet, Tristan Bernard, Rostand, Martin du Gard, Jean Jaurès, Léon Blum...


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