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Misérable réforme du bac

Publié le 18 août 2019 par Observatoiredumensonge

Le faible intérêt des médias et de la classe politique pour cette petite révolution est révélateur de l'apathie générale qui règne sur la France..

Misérable réforme du bac

Par Maxime Tandonnet

Misérable réforme du bacLe 6 août 2019, en pleine torpeur estivale, est tombé l'arrêté réformant le baccalauréat et définissant ses nouvelles épreuves. Le faible intérêt des médias et de la classe politique pour cette petite révolution est révélateur de l'apathie générale qui règne sur la France.
Cette réforme officiellement destinée à rénover cet examen, dépasse en médiocrité tout ce qu'il était possible d'imaginer. Elle achève de décrédibiliser le rituel de passage vers les études supérieures et indirectement, le contenu de l'enseignement secondaire.
Elle représente un pas supplémentaire dans la voie de l'abaissement intellectuel de notre pays, et pire, de ses futures générations:
40% de la note sera issue du contrôle continu pendant l'année scolaire, donc accordée par les professeurs qu'auront fréquenté les élèves pendant au moins un an: il n'existera aucune garantie d'impartialité de la notation et d'absence de prise en compte de l'affect et de la relation personnelle, ni la moindre assurance d'harmonisation du niveau de notation entre des établissements profondément hétérogènes.
15% de la note sera accordée à l'issue d'un grand oral ou " oral terminal ", reposant sur le projet personnel de l'élève et censé évaluer son aptitude à bien s'exprimer en français: cette nouvelle épreuve reflète le goût de l'esbroufe qui caractérise la France contemporaine.
Il n'est pas question de récompenser un travail, une réflexion, en l'absence de tout contenu, mais du spectacle que donnera l'élève pendant 20 minutes devant un jury de trois personnes.
Le mérite reviendra-t-il à celui qui s'exprime avec le plus d'aisance: prime supplémentaire à la naissance? Ou bien au contraire, à celui qui inspirera pitié et compassion? Cela dépendra de la sensibilités des jurys... En tout cas, voici, institutionnalisée, " la note de gueule ".
Le pire tient au système des options.
Les séries, L, SES, S, sont supprimées et remplacées par un dispositif de choix de spécialités: outre le contrôle continu, le français, la philosophie, le " grand oral ", l'élève devra choisir, en terminale, deux épreuves parmi 12 options proposées: Arts; biologie-écologie; histoire-géographie, géopolitique et science politique; humanités, littérature et philosophie; langues, littérature et cultures étrangères et régionales; littérature et langues des civilisations de l'antiquité; mathématiques; numérique et informatique; physique/chimie; science de l'ingénieur; sciences économiques et sociales.
Ainsi, il deviendra parfaitement normal, courant, habituel, de passer le bac en esquivant toute épreuve d'histoire, de langues étrangères ou de mathématiques. Le nouveau bac sacrifie délibérément les fondamentaux de l'homme moderne que sont l'apprentissage des langues étrangères, de l'histoire et des mathématiques, rapportés au niveau de simples options.
En somme, il devient possible de passer le bac général, sans épreuve de mathématique, ni de physique chimie, ni de sciences naturelles, ni aucune langue vivante ou classique, ni d'histoire-géo, ni de science économique et sociale...
En apparence, cette réforme est dominée par une volonté de nivellement par le bas: l'appauvrissement, en termes de disciplines enseignées et évaluées, est vertigineux.
L'idéologie qui lui est sous-jacente est le relativisme: tout est égal à tout, par exemple les langues vivantes sont placées au même niveau que les langues régionales. L'histoire géographie est fondue dans un ensemble qui inclut " géopolitique ", science politique, etc. Que restera-t-il, dans cet étrange magma, de l'enseignement de l'histoire des faits, des idées, des hommes et des événements, de l'Histoire avec un grand H? La philosophie est réduite à un tronc commun à tous les candidats, évidemment le plus petit dénominateur commun, et ceux qui voudront l'approfondir opteront pour une matière étrange, non identifiée, englobant " humanités et littérature ", dont il est impossible de définir les contours.
Dans les faits, elle n'est que foncièrement inégalitaire. En aggravant la médiocrité, en sapant les bases de l'enseignement et de la sélection par le travail, le mérite, l'intelligence, elle favorise la sélection par l'argent, les relations clanique ou familiale, le piston, les privilèges et les passe-droits. Une fois le bac définitivement détruit et en l'absence de sélection par examen ou concours à l'entrée des universités - seule réforme, dès lors que le bac est annihilé, qui exigerait un vrai courage politique - comment s'effectuera l'accession aux métiers de direction et de conception? par l'argent, les grandes ou petites boîtes privées - seules qui garderont un concours d'entrée - , le réseau. Dans l'ordre de la destruction en marche, rien n'est plus grave que le bradage du patrimoine intellectuel de notre pays et la l'abêtissement volontaire des futures générations.

Maxime Tandonnet

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Ancien conseiller à la Présidence de la République sous Sarkozy, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...

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