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Putain, mais quel(s) con(s) !

Publié le 28 septembre 2019 par Legraoully @LeGraoullyOff

Putain, mais quel(s) con(s) !« Quand on n’arrive pas à résoudre un problème, le mieux, c’est de changer de problème. » (Les Guignols de l’info)

Naturellement, ça ne pouvait pas rater : dès l’annonce de la mort de « Chichi », il a fallu qu’on évoque sa marionnette des Guignols de l’info. Canal+ a diffusé un best of spécial (Yves Le Rolland a dû râler, à juste titre), RTL a invité Yves Lecoq à évoquer ce personnage sur son antenne et même Cédric Villani n’a pas pu s’empêcher de rendre hommage au double de latex de celui dont il rêve de devenir le successeur (j’ai peur que ce soit mal barré)… C’est que c’est devenu une sorte de vérité intangible, un véritable dogme républicain. Au début, on disait « Les Guignols ont fait élire Chirac » puis, au fil du temps, on a modulé cette assertion pour le moins péremptoire et c’est finalement devenu « Les Guignols ont involontairement favorisé l’élection de Jacques Chirac en le présentant sous un jour sympathique ». Mais même comme ça, j’avoue que j’ai du mal à y croire.

Putain, mais quel(s) con(s) !

A mon humble avis, cette théorie fumeuse vient d’une manie française : celle de faire porter le chapeau des catastrophes politiques aux artistes en général et aux humoristes en particulier. Qui a-t-on accusé d’être responsable de la débâcle militaire de 1870 ? Le grand Jacques Offenbach, bien sûr ! Le juif allemand qui aurait fait perdre l’esprit de sérieux aux Français était le coupable idéal pour notre République si tolérante et fraternelle… Plus récemment, qui a-t-on accusé d’avoir provoqué la défaite de Lionel Jospin et le triomphe du père de Marine Le Pen en 2002 ? Les Deschiens, bien sûr ! François Morel, Yolande Moreau et tous les autres auraient permis aux « bobos » de se sentir autorisés à se moquer des « petites gens » et auraient donc renforcé le sentiment que seule l’extrême-droite comprenait le peuple et gnagnagni et gnagnagna… Et donc, une fois que les Français se sont aperçus qu’élire Jacques Chirac était une connerie (n’oublions pas les essais nucléaires, l’action de Juppé à Matignon et autres joyeusetés), ils leur a fallu un nouveau bouc émissaire et il a fallu que ça tombe sur les Guignols : « Ah, mais je vous jure, si les Guignols ne nous avaient pas fait croire que Chirac était si sympa, on n’aurait pas voté pour lui ! » Bande de cons va !

Putain, mais quel(s) con(s) !

La marionnette du « Bébête Show » n’a pas eu le même impact que celle des Guignols… On se demande pourquoi ! 😉

Pour moi qui suis un défenseur de la dérision en général et de l’esprit Canal en particulier, ce que je vais vous avouer est un véritable blasphème, mais je l’assume : je n’ai JAMAIS aimé le guignol de Jacques Chirac. Attention : je ne dis pas qu’il ne m’a jamais fait rire, je dis juste que je n’ai jamais eu d’affection pour lui, ça fait une différence. Quand j’étais enfant, ce personnage, pour moi, c’était une brute à gueule de loup dont les oreilles pointues et la grosse voix me terrorisaient, d’autant qu’il pouvait à tout moment devenir complètement hystérique – j’ai longtemps fait des cauchemars où il sortait de l’écran de la télé, avec ses yeux exorbités et sa langue pendante, pour m’agresser… Après, j’ai grandi : il a cessé de me faire peur, j’ai fini par le trouver drôle… Mais je ne l’ai pas trouvé plus sympathique pour autant. Au contraire : qu’est-ce que je voyais, à part un aigrefin hypocrite et rongé par l’ambition, doublé d’un gros beauf qui regarde le foot à la télé avec une bière à la main, qui traite son épouse comme une moins-que-rien (Bernadette avait beau être une vieille conne, elle ne méritait quand même pas ça) et qui restitue par un pauvre « machin-bidule » tous les termes un peu trop « techniques » qui ont été prononcés devant lui ? Voleur, arriviste, inculte, vulgaire, macho, incompétent : tout ce que je déteste ! Voilà le Chirac des Guignols ! Si les Français s’identifient à ce personnage, ce n’est vraiment pas à leur honneur…

Bref, je riais des « guignolades » du double de latex de Chirac comme je riais des conneries du beauf de Cabu et comme je ris des gros cons admirablement croqués encore aujourd’hui par Lefred-Thouron, Diego Aranega ou Yan Lindingre : je riais d’un rire sans solidarité, d’un rire qui me vengeait de l’antipathie que m’inspirait le personnage mis en scène. Est-ce à dire que je réprouve l’évocation du guignol de Jaques Chirac à l’occasion du décès de son modèle ? Absolument pas ! Mais, par pitié, qu’on cesse de dire que cette caricature l’a rendu sympathique : cette affirmation est une insulte à l’intelligence. C’est tout ce que je demande, ça ne doit surtout pas vous priver du plaisir de continuer à regarder les sketches de son guignol ! Et pour vous le prouver, je mets un lien vers cette vidéo en conclusion… Putain, mais quel con !


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