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Le journal du professeur Blequin (33)

Publié le 07 décembre 2019 par Legraoully @LeGraoullyOff

Le journal du professeur Blequin (33)Vendredi 6 décembre

9h30 : Je ne suis pas sorti de chez moi hier ; avec la grève, de toute façon, j’aurais sans doute eu du mal à me déplacer… Je passe à la fac où j’ai quelques formalités à régler, et j’y vois des tables déplacées pour bloquer les portes (les entrées principales ont quand même été dégagées) et des agents de sécurités qui patrouillent. Visiblement, il y a un peu de grabuge ! J’ai connu ça, les blocages, quand j’étais étudiant : je n’ai assisté qu’une seule fois à une AG et c’est de cette expérience que j’ai tiré la conviction que la « démocratie directe » risquerait d’exacerber la loi du plus fort au lieu de la vaincre…

10h : Sortant de la fac, je croise deux charmantes jeunes filles, qui se présentent comme des étudiantes en médecine, et qui font la quête pour le Téléthon. Je n’ose pas dire non, je leur laisse juste dix centimes, ce qui n’est pas si mal compte tenu de mes revenus… Peu après, je croie une autre quêteuse (ça sonne bizarrement, comme mot, je sais), encore une mignonne demoiselle, à laquelle je dis aimablement que j’ai déjà donné : visiblement, les étudiants en médecine ont déjà tout compris au marketing et envoient les plus jolies filles en première ligne !

11h : Rendez-vous avec deux personnes qui étaient enfants pendant la seconde guerre mondiale et ont toutes deux perdu des proches dans les bombardements. De quoi relativiser bien des malheurs présents…

Le journal du professeur Blequin (33)
Samedi 7 décembre

12h : Je me rends dans un fast-food dont je tairai le nom ; pas en tant que client, je vous rassure, mais parce qu’une copine m’a demandé de venir y faire des caricatures à l’occasion du dixième anniversaire de l’établissement et j’ai accepté pour rendre service. Je plaide donc coupable avec des circonstances atténuantes ! Vous l’avez compris, je ne suis pas très fier de moi mais, fort heureusement, il y a tellement de gens qui viennent se faire tirer le portrait que je n’ai même pas le loisir de prêter attention au cadre malsain qui m’entoure. Tout le monde a l’air content de mes dessins, ce qui achève d’adoucir cette épreuve finalement peu pénible : il y a tout de même quelque chose de grisant à faire ce qui est habituellement interdit, à savoir entrer dans cette mangeoire pour faire autre chose que bouffer, s’asseoir dans un couloir au risque de gêner la circulation et surtout, pour finir, manger gratuitement. Car bien sûr, j’ai un repas gratuit : et heureusement qu’on me l’offrait, car ça n’aurait pas mérité la moitié de ce que j’aurais depensé ! Passée l’heure convenue, je plie les gaules, avec la satisfaction d’avoir eu du succès, c’est déjà ça !  Bah, une fois tous les dix ans…

15h : Le tram arrive près de la Place de la Liberté mais s’arrête : il y a une nouvelle manifestation… Je rejoins à pied l’arrêt pour prendre la correspondance qui me conduira jusqu’à mon quartier : je suis ralenti par un homme qui pousse deux enfants, vraisemblablement des jumeaux, pour qu’ils montent la côte sur leurs vélos. Je regrette presque de ne pas être délateur : c’est typiquement le genre de père que j’ai envie de dénoncer à la DDASS !


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