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Pacte de non agression

Publié le 17 juillet 2008 par Lili

Pacte de non agressionSes courbes sensuelles s'accentuaient lorsqu'elles gravissaient les escaliers du perron. Son parfum libérait un sillage séduisant. Chloé…Ses cheveux, dégradés sur lesquels reflétaient des lumières aux tons auburn contrastaient avec la pâleur de son visage. Ses grands yeux lui donnaient un regard émerveillé, légèrement candide atténué cependant par la couleur de jais de l'iris qui m'avait immédiatement fasciné.

Chloé, la nouvelle responsable commerciale de la région Sud…

Je l'avais croisée plusieurs fois à la cafèt., mais ce n'est qu'à l'occasion d'une réunion générale des services commerciaux que j'ai pu l'approcher.

Et puis un jour je me suis lancé.

Encore vingt minutes d’attente. Je m’assieds sur un des sièges longeant le mur.

Peu de monde dans la gare à cette heure tardive. Musique! Je démêlai les fils de mes écouteurs et les enfonçai dans mes oreilles. J'effleurai la touche play et la mélodie de Kid Loco m'envahit instantanément.

Je me laissai à sourire et me plongeai à nouveau au cœur de cette soirée délicieuse.

Lundi dernier, j’avais enfin réussi à inviter Chloé à boire un verre en fin de semaine.

Et elle avait dit oui !

Un seul mot, un petit oui, franc et clair accompagné d’un léger sourire, sans gêne, sans regard coquin sans surprise même. Je n’avais pu entrevoir ce qu’elle cachait derrière ce sourire, mais je ne souhaitais pas chercher à savoir, ce oui me satisfaisait pleinement, j’avais hésité si longtemps à l’inviter. Un petit oui tout doux qui m’avait rempli d’un bonheur trouble.

Juste avant de partir, d'une main tremblante, j'avais saisi le combiné pour la prévenir de mon départ. Comme elle avait un dossier à terminer, je l’attendrai au Basta, un pub à quelques rues du bureau. Je ne tenais pas à ce qu’on nous voit sortir ensemble de l'immeuble, je préférais protéger ma vie privée et ne voulais pas prendre le risque de croiser un collègue, les rumeurs vont si vite dans une entreprise, et rien n’était joué pour l’instant.

Les écouteurs dans les oreilles, je me laissais bercer par la musique de Love me sweet, qui m’emportait dans les bras de Chloé. Je me laissais à rêver. Vivre dans le monde de Chloé…

Bientôt peut-être, je lui prendrai les mains, je caresserai son cou et ses épaules, l’idée de cette caresse me fit frissonner. Ce soir, je n’ai pas osé l’embrasser, pas la première fois. Et puis de toutes façons avec la chance que j’ai, entre le jour de l’invitation et aujourd’hui vendredi, un rhume accompagné d’un douloureux mal de gorge m'obstruait les narines. Le temps frais et trop humide de cette fin d'été m'avait piégé sournoisement. Je n’étais donc pas au mieux de ma forme ce soir, ni très séduisant avec mon nez rougi, mais bon, pas question d’annuler ce rendez-vous. Chloé, délicate, n’avait fait aucun commentaire.

Nous avons longuement discuté. J’aimais l’écouter, entendre sa voix qui me touchait sensiblement, je n’aurais jamais imaginé être si troublé par le timbre d’une voix. Je ne saurais expliquer pourquoi, je ne suis pas musicien et pourtant la mélodie de sa voix vibrait en moi. Sa bouche rose était mince mais s’ouvrait largement lorsqu’elle éclatait de rire en laissant apparaître de petites dents blanches, éclatantes. Une petite mèche de cheveux plus longue que les autres glissait constamment sur sa joue, elle la replaçait sans cesse derrière une de ses oreilles. Ce geste était si charmant !

Soudain, une main vigoureuse interrompit brusquement cette agréable rêverie. Un jeune garçon était posté devant moi, les jambes écartées, les poings sur les hanches

-   Hé mec ! J’te parle.

Sans doute m’avait-il déjà sollicité. Cependant mes divagations mentales et la musique m'avaient empêché d'entendre quoique ce soit.

-   Heu, pardon, oui ?

Je n’avais pas l’impression qu’il désirait un renseignement ou me demander un conseil. Son regard était noir, ses sourcils froncés

-     T’es sourd, ou quoi ?

-   Non, mais je n’ai pas entendu avec les écouteurs, désolé

-   Oh! C’est con, hein, répondit-il ironique. Hé ben c'est pas bon pour tes oreilles mec, tu devrais t'en débarrasser très vite.

-   Pardon ?

-   Arrête de t’excuser mec, c'est ton jour de chance, tu vas arrêter de faire souffrir tes oreilles.

J'esquissai un sourire forcé, ignorant l'attitude à adopter dans cette situation.

-   Ouais, t'as bien compris mec, je t' l' prends ton ipod, tu peux me dire merci.

J’hallucine ou quoi !

Je lui répondis sur un ton volontairement léger:

-   Je ne crois pas, non !

-   Hé mec, rétorqua-t-il faussement désolé, mauvaise réponse.

Je ne prétendais pas un instant jouer les courageux, mais je ne voulais quand même pas me laisser faire, j’improvisais :

-     C’est un cadeau de ma copine, j’y tiens

-     Hé bien, si elle tient à toi, elle t’en paiera un autre, ta meuf !

Il était seul, mais je craignais l'arrivée surprise de sa bande d’amis déferlant sur le quai à la rescousse du type. Je tentais de discuter pour gagner du temps. Le train allait bientôt arriver… mais à cet instant, il sortit une lame scintillante de sa poche.

Pas trop envie de me faire égorger, l’espoir de revoir Chloé… ne pas tout gâcher…

Tant pis, je donnerai mon ipod…

Je glissai alors la main dans la poche de ma veste et sentis la forme d’un tube métallique. Le Locabiotal! Je l’avais acheté la veille à la pharmacie pour soigner mon mal de gorge.

Je n’ai pas hésité un instant !

Je sortis instantanément le pulvérisateur et lui en aspergea le visage à plusieurs reprises. Surpris, il recula en fermant les yeux et j’en profitai pour m’enfuir à toute jambes…

J'avais un bon remède contre les maux de gorge. A présent, j'en avais découvert un contre le mal des transports!


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