Magazine Journal intime

Transvaluation, vérités et démocratie

Publié le 07 février 2020 par Deklo

Transvaluation, vérités et démocratiePierre Huyghe - A journey that wasn't

On ne peut pas prouver par l'absence de preuve que quelque chose est faux.

Et balayons la question de sa possibilité, puisque, même pour Nietzsche, elle ne pouvait pas se poser, qui louait le " pouvoir actif " de l'oubli, permettant de " faire silence, un peu, faire table rase dans notre conscience pour qu'il y ait de nouveau de la place pour les choses nouvelles " : " Nul bonheur, nulle sérénité, nulle espérance, nulle fierté, nulle jouissance de l'instant présent ne pourrait exister sans la faculté de l'oubli. " ( in La Généalogie de la Morale). Las, rappelons à qui voudrait y trouver une faille logique, que Nietzsche, précisément, maintient ensemble ces termes : " commencement ", " éternité ", " oubli " dans un même jeu dansant : " À chaque moment commence l'existence ; autour de chaque ici tourne la boule là-bas. Le centre est partout. Le sentier de l'éternité est tortueux... " poursuit Zarathoustra après s'être réjoui de la faculté d'oubli... Oui, ces termes sont incompatibles et leur combinaison résiste à la logique, bien entendu.

Admettons donc cet éternel retour dans ce qu'il a de plus impensable, c'est-à-dire aussi de plus éprouvant, le retour à l'identique. Nietzsche entre bel et bien dans le détail, " cette araignée ", " ce clair de lune entre les arbres ", chaque chose à vocation à s'en retourner. Y compris les plus douloureuses. L'entendre autrement serait tricher : cette pensée est " lourde et difficile ", comme il est écrit dans un recueil tenu pour apocryphe (trouver des moyens nouveaux contre le fait de la douleur " ( la Volonté de Puissance) ou n'est pas. Car il s'agit de " supporter l'idée de l'éternel retour " et " ibid)... Dans une note plus personnelle ( in Contre Wagner), Nietzsche évoque des difficultés qu'il ne faut pas seulement supporter, mais aussi aimer : " Amor fati : c'est là le fond de ma nature. "... Et de conclure ainsi : " Et pour ce qu'il en est de ma longue maladie, ne lui dois-je pas beaucoup plus qu'à ma santé ? Je lui dois une santé supérieure, une santé qui se fortifie de tout ce qui ne la tue pas ! - Je lui dois aussi ma philosophie ... ". Que la chose soit entendue : l'éternel retour ne peut consister pour Nietzsche qu'à revivre chaque chose, aussi éprouvant cela puisse être, puisque précisément il s'agit d'une épreuve.


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