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Le journal du professeur Blequin (58)

Publié le 21 février 2020 par Legraoully @LeGraoullyOff

Le journal du professeur Blequin (58)Mercredi 19 février

10h30 : J’ai dû faire un saut à la mairie de quartier de Saint-Pierre, dont je suis déjà un familier, pour régler une petite formalité. En repartant, comme j’ai deux courses à faire pour demain, je passe au magasin Spar qui est à deux pas de la mairie. J’ai toujours trouvé singulière la présence de ce supermarché, au demeurant à peine plus gros qu’une épicerie de quartier, dans ce coin peu commerçant, plus proche de la banlieue pavillonnaire que de la zone commerciale : je ne suis plus habitué à voir des supermarchés isolés ! Pour ne rien arranger, chaque fois que je l’ai vu, je l’ai trouvé peu animé et j’étais même presque étonné de constater que l’enseigne Spar existait encore en France… Quand j’y entre, je le trouve crasseux, mal achalandé et peu fréquenté. Bien sûr, je ne trouve pas exactement ce que je cherche et je me contente de ce qui y ressemble le plus, je vais ensuite payer à la seule caisse ouverte, tenue par une femme aussi accorte et enjouée qu’une femelle brontosaure qu’on viendrait de réveiller en sursaut pour lui annoncer qu’elle doit remplir un formulaire administratif… Il faut dire que, pas très loin de là, il y a le centre carrefour Iroise avec ses 45 boutiques : par conséquent, ne doivent passer au Spar de Saint-Pierre que les gens du coin ou les passants minables de mon espèce, quand ils n’ont que deux-trois courses à faire en coup de vent. J’ai eu l’impression de toucher du doigt la misère ordinaire, comme si j’avais visité dans un sketch du Groland ou une BD de Lindingre en vrai, ou alors comme si j’avais été client du dernier supermarché Mammouth à la veille de sa fermeture…

Jeudi 20 février

12h30 : Certaines personnes, dans mon entourage plus ou moins proche, me demandent parfois pourquoi je suis toujours célibataire. L’explication est simple : je suis chiant à vivre. J’en ai eu la confirmation ce matin : il pleuvait et le vent soufflait fort, j’aurais donc dû être heureux, mais je râlais de marcher dans ces conditions ! Mais s’il y avait eu du soleil, j’aurais râlé tout autant, peut-être même plus encore : en fait, ce qui ne me va pas, dans la vie, c’est l’extérieur. Et ce n’est pas d’aujourd’hui : déjà petit, au grand désespoir de ma mère, je me sentais un homme d’intérieur, je me disais qu’au fond, le type qui avait inventé l’extérieur avait eu une drôle d’idée ! Et pourquoi marchais-je sous la pluie ? C’est simple : ce matin, il y avait une manif (je me disais aussi, il y avait longtemps que je n’étais pas tombé sur un os de ce type), le tram ne circulait pas, le téléphérique non plus, ce qui compliquait quelque peu l’accès aux Capucins. Une fois arrivé là-bas, j’ai poireauté pendant un quart d’heure dans l’espoir insensé d’enfin obtenir le renseignement que j’avais vainement quémandé il y a deux jours. Une fois informé (enfin !), je me suis tapé une belle côte, à pied, toujours dans les intempéries, jusqu’à la prochaine station de bus, où trois gamins s’agitaient à qui mieux mieux en braillant, en courant dans tous les sens, en faisant semblant de se bagarrer… A bout de patience, je leur ai hurlé de se tenir tranquille ! Ils se sont exécutés… Non seulement je ne suis jamais content mais, par-dessus le marché, je terrorise les enfants, comme un Bidochon ! Quand je vous disais que j’étais chiant à vivre…


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