Magazine Journal intime

Violence Cathodique et stress quotidien

Publié le 19 juillet 2008 par Willb77


Violence Cathodique et stress quotidien

« N’avez-vous jamais eu envie de « péter un cable » ?

J’ai honte mais bon… perdre son sang-froid parait souvent comme une solution plausible voire idéale.

Il y a des jours où rien ne va. Et le pire, c’est que vous le savez. Vous sentez que cette journée ne va pas être bonne.

Vous le savez parce que ce matin, en sautant hardiment de votre lit douillet, la tête dans un lieu inavouable, les oreilles vibrantes de cette sonnerie stridente qui vous sert de réveil, vous avez loupé vos pantoufles et l’angle de la table de chevet s’est planté dans votre pied.

Le cerveau encore brumeux, la sensation est doucement remontée pour vous arracher un cri malheureusement en dessous de la douleur qui vous a tétanisé les membres et ébahi vos yeux qui s’emplissaient déjà de larmes.

Un juron bien senti à l’encontre de cette satanée table ne vous a pas soulagé pour autant.

La deuxième décharge vous a traversé la main alors que vous tâtonniez dans le noir tout autour de ce p**** d’interrupteur pour finalement le saisir. Vous l’avez alors imaginé un sourire sur ses lèvres de plastique, se dérobant, hilare sous vos doigts nerveux. Pour se venger de s’être fait choper, il n’a rien trouvé de mieux que de vous envoyer une salve électrique.

Là encore, une injure fusa.

Et les heures défilent ainsi dans un catastrophisme crescendo.

La voiture d’abord. Un policier zélé l’a décoré d’une magnifique contravention pour mauvais stationnement qui rejoint la boite à gant. Presque plus de place d’ailleurs.

Un pied qui glisse sur la pédale du frein et le pare-choc avant fendu en son centre. Constat interminable avec un vacancier Hongrois qui n’a pas cru bon d’apprendre des rudiments de langue avant de débarquer. Stylo capricieux dû à l’humidité ambiante.

En contournant la voiture pour repartir, la chaussure et le pantalon s’enfonce dans une flaque d’eau boueuse. Belle ligne de démarcation en dessous du genou. De retour dans l’habitacle, le moteur refuse de démarrer. Toussotements intempestifs pendant de longues secondes. La mécanique capricieuse se résout enfin à se mouvoir.

Embouteillage monstrueux. Petite peste ornée de couettes narguant d’une langue jaune bonbon. Grimace en réponse alors que la mère de la fille se retournait. Signe évocateur signifiant un dérangement profond genre « va te faire soigner con…d » .

Arrivé au bureau-en retard- et débrayé.

Course vers la salle de réunion où tous se sont installés depuis 23 minutes.

Entrée sous forme d’infiltration silencieuse jusqu’à ce qu’un mouvement malencontreux débranche le projecteur. Regard chargé de haine de l’orateur et réprobation bruyante de l’assemblée.

Fin de réunion.

Café.

Sourire gêné de la séduisante Krista, geste discret en direction de l’entrejambe. Flatté puis horrifié en découvrant la braguette ouverte. Depuis ce matin… Rouge-honte sur les joues. Remerciement malgré tout aux accents de « je suis vraiment distrait, c’est craquant non ? ». Visiblement pas, la sirène tournait déjà le dos en pouffant avec ses copines.

Repas de midi.

Délicieux. Tellement que même la chemise y a goutté. Auréole disgracieuse partagée avec l’amie cravate claire. Irrattrapable.

Après-midi :

Série d’entretiens importants. Migraine lancinante.

Pause : miroir des toilettes. Un bout d’origan coincé entre les dents. Esthétique. Après de multiples tentatives et une gencive écorchée, l’intrus finit dans l’évier.

Et là, 2 minutes plus tard, une réflexion d’une secrétaire a mis le feu aux poudres.

Vous remettiez des papiers qui sont accueillis par un glacial « c’est pas trop tôt ».

Les mots tournent de plus en plus vite se changeant en maelstrom de colère grondante.

Un poing s’écrase sur le nez de l’infortunée. Un homme inquiet des gémissements s’approche et est fauché d’un coup de pied puissant dans le bas ventre. Il s’effondre.

Vous balayez les ordinateurs et dossiers de tous les bureaux alentours déchirant votre costume au passage.

Vous attrapez un feutre et badigeonnez tout ce que vous pouvez y compris l’homme et la femme à terre.

Vous piétinez les claviers jonchant le sol dans un geyser de A, Q, R, &, 1, P, à.

Un cordon de curieux s’est formé à 2 pas. Ils se bousculent pour voir la bête furieuse.

Vous ruez dans ce mur humain éparpillant les pauvres inconscients. Certains se ramassent lamentablement ou tombent l’un sur l’autre tel un mille feuilles burlesque.

Vous vous dirigez vers le parking en fracassant quelques portes ou portiques à l’aide d’un extincteur décroché en chemin.

Vous prenez le volant et zigzaguez à tombeau ouvert dans les rues détrempées. Bilan : 3 poubelles éventrées, une vieille dame déséquilibrée, un chat -non deux- en deux dimensions et 2 ailes ravinées.

Un carnage.

Vous rangez soigneusement la voiture en défonçant la porte de votre garage et gravissez les étages, renversant 3 collégiens en discussion dans la cage d’escalier. Un chat vous barre encore la route. Vous réalisez alors une splendide transformation de Rugby. Le pauvre animal s’écrase et demeure inerte.

Vous faites jouer les clés dans la serrure puis les balancez.

Vous foncez dans la cuisine allumez le gaz. Attendez un quart d’heure puis craquez une allumette… »

The end

J’éteignis la télévision. Et me couchai après avoir embrassé ma femme. « je t’aime, on va résilier l’abonnement télé, c’est du n’importe quoi »


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