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Le journal du professeur Blequin (104) Crise de misanthropie

Publié le 23 juin 2020 par Legraoully @LeGraoullyOff
Le journal du professeur Blequin (104) Crise de misanthropie

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Le journal du professeur Blequin (104) Crise de misanthropieDimanche 21 juin

13h30 : Ne sachant plus quoi faire, je redescends au bois de la Brasserie pour lire en plein air. Je suis à peu près tranquille jusqu'à ce que trois blaireaux débarquent pour jouer à la pétanque : d'une voix qui trahit autant leur inculture que leur degré d'ébriété avancée, ils me demandent si j'ai envie de me joindre à eux, je refuse aimablement (mais fermement) malgré l'agacement que génère en moi leur tutoiement spontané - une sale manie commune à tous les cas sociaux que je rencontre, à croire que j'ai une tête qui n'inspire par le respect. Je m'éloigne légèrement, pas suffisamment hélas pour ne pas être légèrement perturbé par leur appareil connecté (ou ce que je distingue comme tel) qui crache de la musique sur laquelle ils chantent de temps en temps, massacrant au passage " La tribu de Dana " (Manau) et la " Chanson pour Pierrot " (Renaud) qui ne leur avaient pourtant rien fait... Voilà tout ce qu'aura été la fête de la musique pour moi, cette année ! Que les gens aient la manie d'emporter de la musique avec eux, je le comprends bien, mais pourquoi faut-il qu'ils l'imposent à autrui ? On ne vend plus d'écouteurs ? Où sont les walkmans d'antan ?

17h : J'ai eu ma dose d'air frais, je rentre. Alors que je replie ma chaise, l'un des trois " kassos " se dirige vers moi et me demande ce que je lisais : je lui réponds que ça ne le regarde pas ! Ce n'est pas une réponse très amène, j'en conviens, mais il n'y a rien à faire, je ne supporte pas d'être abordé de façon familière par un inconnu : c'est peut-être lié à mon autisme, mais il me semble que ne pas adresser la parole à n'importe qui comme si c'était un vieil ami constitue le premier stade du respect élémentaire dont l'homme civilisé doit faire montre envers son prochain. Arrivé à mon domicile, je m'installe à mon bureau pour faire mon courrier : l'air est doux, j'ouvre la fenêtre et j'entends dans le lointain, résonner des chansons d'Indochine ! Sans raffoler du groupe de Nicolas Sirkis, je supporte, mais je plains ceux qui y sont allergiques... Pas folichonne, la fête de la musique, cette année...

Lundi 22 juin
Le journal du professeur Blequin (104) Crise de misanthropie

10h : On the road again. Je risque un crochet dans mon ancien lycée ; je n'y croise aucun élève, ce qui m'étonne en ce jour. Quand j'arrive au bureau de la vie scolaire, j'ai l'explication : ils sont en train de vider le bâtiment en vue de sa destruction. En soi, rien de surprenant : il y avait longtemps qu'il était prévu de détruire cet édifice vétuste et de déménager le lycée dans des bâtiments neufs. Sauf que pour l'instant, il n'y a PAS de bâtiments neufs et les personnels sont en train de tout déménager sans savoir où entreposer le matériel... Ce bazar résume bien la situation actuelle de l'éducation nationale ! Il n'y a pas que les soignants qui méritent d'être applaudis...

12h45 : Après avoir emprunté quelques ouvrage à la bibliothèque universitaire et fait quelques courses, j'attends le bus pour rentrer, malgré ma répulsion pour le port du masque : à ma décharge, l'heure est déjà avancée, je suis déjà fatigué et mon estomac crie famine. Sur le trottoir d'en face, trois petits branleurs jouent les " racailles " en se traitant de " bâtard " et en criant fort ; quand je vois ça, je suis presque nostalgique du confinement : il vaut mieux être seul que mal accompagné ! Je me sens très proche de Carmen Cru, parfois...


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