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Galerie de portraits (26) : Didier Raoult

Publié le 25 juin 2020 par Legraoully @LeGraoullyOff
Galerie de portraits (26) : Didier Raoult

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On n'était pas habitué à une figure de ce genre. Jusqu'à présent, les médecins qui avaient régulièrement les honneurs des médias étaient de beaux gosses posés, souriants et propres sur eux qui s'affichaient, triomphants, auprès de malades fraîchement guéris. Et puis IL est arrivé, avec son profil apparemment atypique. Apparemment, seulement. La télé ne nous montrait pas souvent un médecin comme ça : passablement hirsute, une dégaine évoquant simultanément le druide Panoramix et John Lennon si celui-ci avait vécu vieux, et, surtout, un ton quasi-unanimement décrié pour son arrogance voire sa brutalité. Mais autant être clair tout de suite : le docteur Raoult n'est PAS un marginal. Ce n'est pas un rebouteux venu de nulle part, c'est un vrai chercheur diplômé et reconnu, il est même directeur d'un IHU, ne l'oublions pas. Il est donc parfaitement intégré, et depuis longtemps, à ce " système " qu'il critique pourtant.

Concernant le ton sur lequel il défend sa tactique face à l'épidémie, je peux vous assurer une chose : j'ai déjà assisté à des débats où intervenaient des médecins et je vous assure que Raoult ne dit RIEN de pire que la plupart de ses collègues quand on critique leurs méthodes. C'est tout à fait logique et même banal : pour travailler dans la recherche, il faut être authentiquement passionné, ce n'est pas un emploi qu'on exerce comme on travaille dans les assurances ou dans l'administration ; les individus qui s'engagent dans cette voie sacrifient littéralement leur vie à l'étude des questions qu'ils se posent, et quand ils obtiennent des résultats, ils en sont légitimement fiers, à plus forte raison dans une branche où la finalité est de sauver des vies humaines. De ce fait, il n'y a rien d'étonnant à ce que la remise en cause desdits résultats soit très mal vécue : l'orgueil des chercheurs est rarement déplacé.

Seulement voilà : ce qui, d'habitude, reste au stade de discussions entre médecins a été porté sur la place publique, du fait de l'importance dans les médias (et ailleurs) de l'épidémie de covid-19, et s'est ainsi transformé en polémique brûlante, avec l'opinion publique comme arbitre. Didier Raoult s'est ainsi retrouvé investi d'un rôle finalement enviable dans la mesure où il vous garantit la sympathie immédiate d'une partie de l'opinion, celui du combattant quichottien, seul contre tous, victime d'un système corrompu par l'argent qui rejetterait les solutions " hors normes " pour protéger des intérêts plus ou moins avouables ; bien entendu, ce n'est pas si simple, son statut même de directeur d'IHU lui ôte toute légitimité à jouer au rebelle et son comportement ne diffère guère de celui de la plupart de ses collègues. Par conséquent, en le traitant de " charlatan " comme l'a fait Raphaël Enthoven, on lui rend service en renforçant sa " légende " ; on l'a souvent comparé aux politiciens populistes et, de fait, il a au moins au commun avec eux de se présenter comme un marginal qui dérange alors qu'il est intégré au " système " depuis longtemps.

Pour résumer : la figure de Didier Raoult n'est atypique que pour ceux qui ne connaissent pas les milieux de la recherche. Son comportement surprend parce qu'il ne correspond pas à ce à quoi les médias nous avaient habitués jusqu'à présent quand ils nous présentaient des médecins. C'est tout. Pour le reste, ce n'est certes pas un saint de la médecine, mais ce n'est pas un charlatan non plus : l'hydroxychloroquine qu'il défend à corps et à cris n'est pas la panacée contre le covid-19, mais ce n'est certainement pas non plus un poison. Raoult est certainement un médecin compétent et intelligent qui ne parle pas à la légère, mais ce n'est ni un rebelle ni un guérisseur mystique : il est seulement représentatif de l'orgueil particulier des chercheurs, et ce n'est pas en l'exécutant en place publique, tel un bouc émissaire des tâtonnements de la recherche, que vous guérirez la profession de toute prétention !


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