Magazine Journal intime

Destination Finale

Publié le 22 juillet 2008 par Corcky



Pourquoi il a fallu, hier soir, que ma femme me colle devant une production cinématographique potable, correctement jouée et porteuse d'un message quelconque?
J'avais pas envie.
Moi, hier soir, je voulais me décérébrer le bulbe avec une bonne grosse merdouille télévisuelle, histoire d'oublier ma conversation avec ma fille.
Conversation qui a démarré par une crise de larmes inattendue entre la poire et le fromage, et que je te résumerai comme suit:
- BOUAAAAAAAH! Snirfl...
- Ben quoi, mon loulou?
- Snirf...maman, la mort, ça arrive à tout le monde?
- Heu...Ben oui.
- Et même à mon chat?
- Ben oui. (et tant mieux, bordel, ça fait douze ans que je me cogne ses touffes de poil et sa gerbe)
- BOUAAAAAAH!
- Mais ma p'tite pomme, la mort c'est quelque chose de naturel. C'est la fin de la vie, c'est normal, ça arrive aux plantes, aux animaux et aux humains, mais ça arrivera dans très longtemps en ce qui te concerne!
- Et même Mamie, elle va mourir? Ta maman à toi?
- ....(gloups)...Ben oui, oui.
- BOUAAAAAH! Mais Mamie, elle est vieille, elle va mourir bientôt!
- ....Ben ouais (putain mais tu vas fermer ta gueule, oui?)
- Et la mort, ça dure toute la vie?
- Heu...Oui, ça dure toujours. On ne se réveille plus.
- Pas comme "La belle au bois dormant"?
- Non. Pas comme "La belle au bois dormant".
Voilà, en gros, comment ma môme
de quatre ans s'est rendu compte que la mort, c'était plus qu'un simple "pan, je t'ai eu" dans la cour de l'école, plus que le cadavre de pigeon écrasé qu'on croise dans la rue, plus que la fin larmoyante d'un épisode de Dora, cette pute qui venait du Brésil.
Donc, hier soir, j'étais un peu secouée.
J'avais envie de m'abrutir.
Une omelette, un verre de rosé, et quelque chose de très con.
Un truc dans le genre de Pékin Express.

Pékin Express,
je ne connaissais pas jusqu'à l'année dernière.
Une production M6, un énième gros étron dans la fosse à purin des émissions de la "petite chaine qui monte ", après le Loft et ses blondasses décérébrées, La Nouvelle Star et ses hasbeen pathétiques, la pouffiasse mal baisée qui sert de nounou et qui fait peur aux enfants, les connards qui bricolent sous la direction d'une obèse, les deux thons qui font le ménage.
Le principe du jeu (car c'est un jeu), si j'ai bien tout compris: On largue des équipes, composées de deux personnes, quelque part en Asie (l'année dernière, c'était en Inde) et ils doivent suivre un parcours établi à l'avance pour arriver en Chine (Ben oui, à Pékin, tu suis ou pas?).
Pas de thunes, un sac à dos et deux ou trois caméras qui les suivent même quand ils vont faire caca.
Mais mais mais...ce serait pas de la télé réalité, ça? Hummm? Avec un zeste de "Koh Lanta" pour le côté faussement baroudeur (pompes de randonnée, gros sac à dos, duvet, les Bidochon partent à l'aventure).
Pour le reste, que du classique, du bon, du culte: une équipe éliminée à chaque émission (ils refilent
les perdants aux Chinois pour les faire bosser dans le textile) et plein de rebondissements hyper-excitants (Thomas a un caillou dans sa chaussure, Nelly a envie de faire pipi, Fabien se branle dans son duvet).
Le tout, dans des paysages à couper le souffle, histoire de bien faire comprendre au beauf moyen qu'il n'aura absolument jamais les moyens de se payer le voyage et qu'il devra se contenter de regarder l'émission en sirotant son Ricard depuis sa caravane de gros con installée au milieu du camping des Flots Bleus.
J'avais cherché un mot, un qualificatif, un adjectif, un adverbe, n'importe quoi, qui m'aurait permis d'exprimer clairement ce que m'avait inspiré ce visionnage plus ou moins volontaire, à l'époque.
Je n'avais trouvé que ça: A-FFLI-GEANT.
Fallait voir le frère et la soeur (Nelly et Fabien, s'ils n'ont pas voté De Villiers au premier tour de la présidentielle, je mange mon chapeau) jeter sur l'Inde le regard le plus méprisant, le plus "p'tit Blanc" que j'ai pu voir depuis longtemps.
Elle, blondasse au Q.I de moule trépanée, obsédée par "le manque d'hygiène de ces gens", faisant une crise d'hystérie à la moindre coupure ("appelez le médecin de l'émission! Je ne repars pas sans avoir vu le médecin!") et répétant à qui voulait l'entendre qu'elle en avait "marre, marre, marre!" (trois fois, oui, Nelly était un peu lente à s'exprimer).
Lui, grand couillon à la tronche d'adolescent boutonneux, qui passait sont temps à tutoyer l'indigène primitif qu'il croisait dans la rue ("tu parles pas anglais, ou quoi? Arrête de me causer en Indhi, je pige rien!") et à l'engueuler copieusement (l'indigène) comme s'il était, lui, en terrain conquis, ambiance "Y'a bon Banania".
Ah, putain d'autochtones barbares! Ils auraient au moins pu causer français et manger du steak-frites! Vivement une bonne petite guerre à la sauce Bush pour les civiliser un peu.
Insupportable.
Mais tellement drôle
Les autres candidats étaient à l'avenant: Deux cousines de Marseille complètement timbrées, deux "meilleures copines" aussi neuneu l'une que l'autre (Tic et tac, Dupont et Dupont), deux "jeunes" au look routard et aux dreadlocks soigneusement disposés dans une couche de crasse fort appétissante.
Bref, c''était "Crétin Express" à tous les niveaux.
A chier donc, mais à conseiller à ceux et celles qui veulent se lobotomiser un moment en dégustant une pizza quatre-fromages.
Hier soir, c'était mon cas.
J'aurais voulur regarder L'amour est dans le pré (ou comment des cul-terreux mal dégrossis cherchent l'âme soeur entre deux bouses de vaches et finissent par se marier au milieu d'un champ de patates).
Parce que c'est bon pour l'égo, de regarder des imbéciles s'agiter sur le petit écran.
On se sent moins désarmé par un gosse qui découvre qu'il va bien finir par mourir un jour.
On se sent moins con.

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