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29 - La fin de Guerrier des Paysages - This is the end, beautiful friend This is the end, my only friend

Publié le 22 septembre 2020 par Basile

29 - La fin de Guerrier des Paysages - This is the end, beautiful friend This is the end, my only friendJeudi 19 mars 2020, 10h00, le jour des élections primaires de Californie, et veille de l’ouverture du salon du livre de Paris

« Steve ressentit à la fois de la honte, du plaisir et de la peur à l’idée de revoir Igor Ilitch Sarkösky. Le père qu’il avait fini par retrouver pour un court instant alors qu’il recherchait ses parents, puis qu’il avait décidé d’oublier. »
Pendant des nuits entières, cette phrase avait hanté ses nuits d’insomnie. Mais désormais, tout collait. L’histoire du père réapparu mystérieusement, le rôle ambigu de Paul dans cette sombre affaire, le tatouage énigmatique de Sally, Oleg…et cette saxo verte ...
Toutes ces informations, pistes et contre-pistes n’avaient pas été faciles à articuler. Mais à présent, il connaissait le fin mot de cette histoire et c’était incroyablement hallu... attendez la suite... cinant ! Hallucinant ! Comme tout cela s’assemblait sans heurt !
L’astuce consistait bien évidemment à provoquer ce rapprochement improbable entre Moustache et Bobby, la pièce centrale de l’intrigue.
Il ne restait plus à Jerèm aka Samuraï qu’à huiler consciencieusement les mécanismes de sa Machine à écrire Underwood n°5 et à se mettre à l’ouvrage. Le soleil de ce matin de mars crépitait en bas des rideaux. Il se mit à la fenêtre pour contempler les passants en contrebas. Il se surpris à accompagner K. Maro qui donnait de la voix à travers le poste de radio : « J'ai le mal qui fuit, tu donnes un son à ma vie, Et puis j'sais pas qu'est-ce qui s'passe, T'as ce regard dans la face…»
Dans quelques instants, ce moment de calme serait derrière lui, il le savait : la frénésie de l’écriture lui permettrait de sceller une fois pour toute le sort de Steve. Le Goncourt l’attendait, impatiemment et sans aucun doute.
Dans quelques instants, ses doigts pianoteraient avec brio sur sa machine et l’histoire100noms dévoilerait son dénouement orgasmique.
Dans quelques instants, il inscrirait le mot F.I.N, en bas de la dernière page, et en lettre de feu.
Sans un bruit et presque sans douleur, la balle pénétra dans le gras de son cou et un flot de sang pissa sur ses mains. Il chercha en vain sur les toits en face l’ombre du sniper. Il eut une dernière pensée pour le ténébreux secret de la famille Keller que ne connaîtraient jamais ses lectrices. Il s’écroula sur le sol, comme une pauvre merde.
Jeudi 19 mars 2020, 11h24, le jour des élections primaires de Californie, et veille de l’ouverture du salon du livre de Paris
« Steve ressentit à la fois de la honte, du plaisir et de la peur à l’idée de revoir Igor Ilitch Sarkösky. Le père qu’il avait fini par retrouver pour un court instant alors qu’il recherchait ses parents, puis qu’il avait décidé d’oublier. »
Deux minutes quinze plus tard, Steeve avait envie de pleurer. Il avait vécu des moments tristes au cours de sa vie. Il avait connu des jours tristes, des semaines tristes de temps en temps et probablement un mois triste. Mais cette fois-là, c’était bien pire. Il ne s’était jamais senti aussi triste de toute sa vie. Il se tenait là, derrière le bureau surélevé de Maître CHEVAL, face aux rangées de chaises. La puanteur qui régnait ne lui était pas complétement inconnue. Steve avait senti cette odeur, jadis. Cinq ans auparavant, très précisément. Elle faisait remonter à la surface de sa mémoire des souvenirs répugnants, car c’était tout simplement l’odeur de la mort, de la destruction et de la trahison, enveloppée d’une brume de poudre noire.
Baz s’arrêta au milieu de la page 18 de l’édition du livre poche « Le livre sans nom », traduit de l’anglais par Diniz Galhos écrit par un anonyme. Pas mal se dit-il, ça fera l’affaire… Depuis le début de l’écriture de cette histoire100noms, Baz trompait son entourage ! Il travaillait comme gardien de jour à la grande bibliothèque nationale François Mitterrand et il avait pris l’habitude de piocher des bouquins dans les rayons des livres au gré de ses rondes de surveillance. Et à chaque fois que c’était à son tour d’écrire, il recopiait au hasard en changeant quelques noms pour donner une consistance à l’histoire. Pour l’instant ça marchait du tonnerre !!!
Il reprit sa lecture à voix haute, sa montre connectée enregistrant et transcrivant directement le texte sur l’ordinateur familial resté à la maison. Les chaises n’étaient plus recouvertes de coussins lilas mais de sang. Elles n’étaient plus rangées soigneusement, mais sans dessus dessous. Et pire que tout, leurs occupants, n’avaient pas l’air morne, ils avaient l’air morts. Tous sans exception. En levant les yeux, à plus de quinze mètres au-dessus de sa tête, Steve pouvait même voir du sang couler du plafond.
Des siècles auparavant, sur le marbre de la voute parfaite, avaient été peintes des scènes mystiques où l’on voyait des anges très saints danser avec des enfants, heureux et souriants. A présent, chaque ange et chaque enfant étaient souillés du sang de…
« Rayer les deux dernières phrases » ordonna Baz à haute voix. A l’écran du mac, chez lui, ces deux phrases furent rayées instantanément. « Ça n’a aucun rapport…se dit-il Voyons, comment puis-je continuer… ? »
Il sortit le petit flacon de savon antiseptique qui ne le quittait jamais, s’en tartina voluptueusement l’index. Satisfait, il put s’humecter le doigt par un tout petit coup de langue et tourna trois pages. Il reprit sa dictée : Une trentaine de cadavres gisaient affalés, sur les chaises. Une autre trentaine se trouvait hors de vue, sous les chaises ou entre les rangées. Seul un homme avait survécu au massacre, Steve lui-même. Son père lui avait tiré à bout portant dans le ventre, à l’aide d’un fusil à double canon. La douleur était atroce et la blessure saignait encore un peu, mais elle cicatriserait….
Baz transpirait d’excitation. « ça déglingue » se dit il ! Je vais m’arrêter là, ça fait une fin mystique* !
*Le lecteur notera que Baz n’est pas aussi costaud que Sallustius pour les sorties dramatiques.

Jeudi 19 mars 2020, 15h09, le jour des élections primaires de Californie, et veille de l’ouverture du salon du livre de Paris

« Steve ressentit à la fois de la honte, du plaisir et de la peur à l’idée de revoir Igor Ilitch Sarkösky. Le père qu’il avait fini par retrouver pour un court instant alors qu’il recherchait ses parents, puis qu’il avait décidé d’oublier. »
Putain de merde se dit Vincent. Qu’est-ce que ce con d’Igor Ilitch vient faire dans cette histoire ? Comment voulez-vous qu’on écrive une histoire qui tient la route ! A moins que…
Depuis quelques semaines, l’histoire100noms avait refait surface. Lors d’une soirée parisienne dans une cave digne du Chicago de la prohibition, quatre des écrivains de la saga Keller s’étaient retrouvés et avaient déterré le manuscrit oublié. C’était une bonne nouvelle pour les fans de la première heure dont plusieurs c’était déjà suicidé de désespoir en attendant le nouvel opus. Bon ok, c’était pas une bonne nouvelle pour les suicidés, mais au moins un réconfort pour leurs proches… Le lendemain de la fête, en voyant s’afficher le numéro de son pote sur son portable, Vincent avait tout de suite essayé de refouler sa frustration. A chaque fois qu’il croisait Emeric, il espérait que celui-ci lui annoncerait la reprise de l’écriture, en vain. Mais cette fois au bout du fil, Ricky balança « Vincent, tu te souviens par hasard de l’histoire qu’on avait commencé il y a quelques années ? » A ces mots la poitrine de Vincent manqua d’exploser ! C’était le retour de la gloire ! Il avait signé tout de suite pour reprendre la plume!
Mais très vitre le stress de ne pas être à la hauteur des écrits de l’époque vint le tourmenter. Et surtout… Qu’est-ce que ce con d’Igor Ilitch vient faire dans cette histoire ?
A moins que…
Oui, la solution était avec Martial et sa fameuse punchline sur Kietzsche.
Oui, Vincent était secrètement amoureux d’un certain Martial qu’il avait intégré en guest star dans le chapitre 10 de l’histoire100noms. Ce Martial était un jeune camarade de classe qu’il avait rencontré dans la vraie vie au lycée Paul Poiret et qui l’avait ébloui avec son esprit vif et son physique de rêve : un athlète, aux cheveux courts et avec une énorme queue de cheval. Il n’avait jamais osé l’aborder.
Oui, Martial pourrait apparaitre dans le dernier chapitre et sauver tout le monde !
Vincent alluma son ordi, ouvrit le seul fichier de son ordinateur h100n.docx et se mit à écrire :
C’est alors que Martial entra lui aussi dans le bureau de M. Cheval. L’assistance fut éblouit pas sa beauté. Martial dit alors de sa voix suave : Je sais pas qui c’est ce Kietzsche, mais moi…
Vincent ne manqua pas d’inscrire ensuite le mot F.I.N en lettre de feu. Il prit son téléphone et changea la carte sim. Il appela alors le seul numéro de cette carte, un numéro qu’il n’avait jamais osé composer… Une voix suave venue des années lycée décrocha.

Lundi 19 mars 2068, 15h14, 38 ans après le jour des élections primaires de Californie, et veille de l’ouverture du salon du livre de Paris

« Steve ressentit à la fois de la honte, du plaisir et de la peur à l’idée de revoir Igor Ilitch Sarkösky. Le père qu’il avait fini par retrouver pour un court instant alors qu’il recherchait ses parents, puis qu’il avait décidé d’oublier. »
Le vieil homme bava dans sa soupe aux poireaux.
L’aide-soignante essuya le coin de sa bouche. Il suait comme un porc… comme d’habitude. Et le liquide aigre de sa sueur dégoulinait le long de son corps obèse, sous son T Shirt maculé de graisse en irritant les zones de repli de ses bourrelets boudinés.
Il ne réagit même pas, si ce n’est en dégorgeant un grognement animal. C’était un réflexe plutôt qu’une réaction volontaire.
« Steve ressentit à la fois de la honte, du plaisir et de la peur à l’idée de revoir Igor Ilitch Sarkösky. Le père qu’il avait fini par retrouver pour un court instant alors qu’il recherchait ses parents, puis qu’il avait décidé d’oublier. »
Combien de fois cette phrase avait tourné en boucle dans sa tête ? Après la soirée dans la cave, il avait d’abord été exalté par l’ampleur du défi. Il allait écrire le dénouement de cette histoire ! Mais très vite il avait dû se résoudre à l’inévitable. Il était parfaitement incapable de trouver une fin digne de ce nom. Il y avait trop de pistes à recouper, trop d’indices à faire converger…Et ces saloperies d’incohérences ! Comment ce vieux chenapan de Baz avait pu écrire dans le chapitre 9 « Depuis hier soir et les quelques litres de bières à peine épongés par un "grec frites sauce blanche avec oignons" plus que douteux, Steve avait le ventre vide » alors que Vincent avait clairement stipulé que la veille, Steve avait bu du « vin passé 20 heures », et cela dès le chapitre 3 !!! En se permettant cette transgression, c’est comme si Baz avait déféqué sur Vincent.
Très vite, il dut se rendre à l’évidence, il n’était pas à la hauteur pour reprendre l’écriture
Ce fut le début d’une longue déchéance. Il est parfaitement amoral de décrire ce lui arriva alors. … Mais je vais le faire … C’est vraiment moche de le dire, ça retourne le couteau dans la plaie mais le public doit savoir la vérité.
Le jour où Marie sa femme comprit qu’il était incapable d’écrire, elle ne put le supporter. Lui l’homme, le vendéen fier, l’athlète de haut niveau se chiait mou dessus. Elle voulut partir mais ça n’était pas assez, alors elle resta pour l’humilier. Très vite ses enfants le déshéritèrent. A chaque fois qu’ils le croisaient, ils lui donnaient des petites claques. Il y eu un procès pour papa battu mais le juge donna raison aux enfants, et alourdit la peine, il devait désormais se balader en ville nu, trainé en laisse.
C’est à cette époque que le président Macron fut démis de ses fonctions. Tout le monde se souvient du scandale du nucléaire de 2020. L’opinion publique ne pouvait pas comprendre, avec raison, qu’on avait laissé cet homme sans fierté à un poste clé dans la recherche du nucléaire…
« Steve ressentit à la fois de la honte, du plaisir et de la peur à l’idée de revoir Igor Ilitch Sarkösky. Le père qu’il avait fini par retrouver pour un court instant alors qu’il recherchait ses parents, puis qu’il avait décidé d’oublier. »
Pendant ces années, il ne se rendait compte de rien. Seules les dernières phrases du chapitre 28 de l’histoire de Steve martelaient sa tête. Il devenait fou !
« Steve ressentit à la fois de la honte, du plaisir et de la peur à l’idée de revoir Igor Ilitch Sarkösky. Le père qu’il avait fini par retrouver pour un court instant alors qu’il recherchait ses parents, puis qu’il avait décidé d’oublier. »
Mais en ce jour de mars 2068, un événement survint dans sa pauvre vie.
- M. MARTIN (ses parents avaient obtenu que l’on change son nom de famille), une visite pour vous ! annonça l’aide-soignante
- Gné fit le son grognassant qui sortait de sa bouche
- Emeric ! lança une voix qu’il reconnut immédiatement. C’était Antoine. Il avait à peine changé si ce n’est quelques rares mèches poivre et sel.
- Gné !
Antoine n’était pas venu pour discuter, il alla droit au but
- Emeric, il y a 48 ans tu nous as trahis en ne publiant rien.
- Gné !
- Emeric, tous les autres sont morts, maintenant! Il ne reste que nous deux
- …
- Emeric, j’ai besoin de te parler ! Je vais te raconter la fin de l’histoire
Une larme ensanglantée perla de l’œil du vieil obèse.
- Oui Emeric, nous avons tous écrit une fin, mais ça ne collait pas. A chaque fois il y avait des incohérences… nous avons menti. Mais j’ai enfin trouvé la fin de l’histoire et je vais te la raconter !
Antoine sortit de sa poche le cigare qu’il avait depuis 48 ans, en attendant ce moment. Il se pencha à l’oreille de son vieil ami sénile et chuchota la terrible fin de l’histoire
« Steve ressentit à la fois de la honte, du plaisir et de la peur à l’idée de revoir Igor Ilitch Sarkösky. Le père qu’il avait fini par retrouver pour un court instant alors qu’il recherchait ses parents, puis qu’il avait décidé d’oublier. Et alors, il lui dit : la réponse est 42 !… »
Jeudi 19 mars 2020, 17h27, le jour des élections primaires de Californie, et veille de l’ouverture du salon du livre de Paris

« Steve ressentit à la fois de la honte, du plaisir et de la peur à l’idée de revoir Igor Ilitch Sarkösky. Le père qu’il avait fini par retrouver pour un court instant alors qu’il recherchait ses parents, puis qu’il avait décidé d’oublier. »
Il avait bien réfléchi au problème 5 minutes mais l’idée ne venait pas. « Bon de toute manière c’est trop tard pour écrire la fin… En même temps, il y a plus important que d’écrire un roman puéril. » se dit-il, choppant habilement son gilet jaune. « Je vais être en retard à la manif pour casser du poulet. »
Quelques années plus tôt, Ernesto avait débarqué de Cuba ; il avait échoué sur les quais de la gare de Massy Palaiseau. Communiste convaincu, il avait le manifeste du parti tatoué dans ses gènes. Ernesto avait pour objectif de déstabiliser l’état français pour faire exister ses convictions. Il s’était d’abord fait passer pour un jeune étudiant prometteur. C’est à cette époque que malgré lui, il s’était laissé embarquer par son entourage dans l’aventure histoire100noms. Il fallait avouer que ces écrivains en herbes avaient du talent. Il avait failli lâcher le Parti pour embrasser une carrière d’écrivain. Mais l’histoire100noms avait fait une pause. Déçu, il avait décidé de migrer. Il avait alors infiltré l’industrie pharmaceutique suisse. En réalité, il était chef d’une cellule dormante rouge du Chablais.
Alors quand cette histoire100noms avait refait surface, il s’était juré de ne pas s’y faire reprendre.
Alors à 17h28, il mit son gilet jaune et se barra pour aller casser du poulet.

Jeudi 19 mars 2020, 10h04, le jour des élections primaires de Californie, et veille de l’ouverture du salon du livre de Paris

« Steve ressentit à la fois de la honte, du plaisir et de la peur à l’idée de revoir Igor Ilitch Sarkösky. Le père qu’il avait fini par retrouver pour un court instant alors qu’il recherchait ses parents, puis qu’il avait décidé d’oublier. »
Il avait passé la nuit embusqué sur le toit d’un immeuble. La lumière de l’appartement d’en face s’était allumée depuis près d’une heure mais rien n’avait encore bougé. Il repensa à Steve et son histoire. Il avait espéré pendant des années que c’était du passé. Il avait tout fait même pour enterrer ce blog. C’était à son tour d’écrire et il avait fait le mort…
Sa débile de bonne femme avait cru bon d’organiser son anniversaire quelques mois auparavant. Par conséquent quatre des anciens co-auteurs de l’histoire100noms s’étaient retrouvés pour le fêter. Ils avaient relancé la dynamique du blog. Et sa vie serait à nouveau un cauchemar. Sa femme l’avait bien payé, il est vrai. Elle attendait depuis la veille en bas de l’appartement familiale,… dans plusieurs sacs poubelles.
Il eut un tout léger pincement au cœur pour ses enfants.
Maintenant c’était à l’autre fils de yack avec sa tête de têtard de payer. Comment avait-il pu dans le chapitre 5 de l’histoire100noms se moquer à ce point de lui. « Celui qui l’avait questionné, l’inspecteur chargé de l’enquête sans doute, avait plus le physique d’un gros charcutier que d’un fin limier : gros taille moyenne, un visage rougeaud que le propriétaire avait cru utile d’orner d’une courte moustache noire tombant sur des lèvres épaisses… » En faisant la description exacte de son physique, Jerem aka Samurai l’avait humilié. Et il comprenait bien qu’à travers le personnage de Moustache, tous les autres se moquaient systématiquement de lui.
En face, la tête de Jérèm apparu à la fenêtre.
Il ajusta la lunette de son Zastava M76 yougoslave et sans une hésitation, tira.
Yo venait d’écrire en lettre de SANG le mot F. I.N à l’histoire100noms.

FIN


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