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Craquelures et froissements…

Publié le 17 octobre 2020 par Ivanoff @ivanoff

L’après-midi s’étire sous une bruine que transpirent des cieux ternes comme l’ennui.

Cette fois ci plus encore que la veille il faudra déplier les lainages que l’été avait remisé au fond des placards, il va sans dire qu’on n’oubliera pas son parapluie bien engoncé dans le grand vase qui lui sert d’égouttoir… Bien vissés sur nos têtes les bonnets rivaliseront de pompons colorés, autour de nos cous s’enrouleront douillettement les écharpes et nous goûterons à nouveau l’étreinte de nos manteaux…

Un vent sournois a ébouriffé l’été sans même le laisser se pavaner avec sa coiffe d’indien, voilà toutes ses plumes envolées, point de foisonnement forestiers, les arbres dévêtus frissonnent en déplorant à leurs pieds le tapis mordoré.

Les ronces s’étirent du plus profond des haies, formant un arc de triomphe épineux sur les rhododendrons dépités, les lianes des coloquintes tournent en nœuds barbelés autour de supports de fortune, leurs fruits orangers veillent les frondaisons agonisantes. C’est l’Automne.

La pluie sur les carreaux brouille les derniers efforts d’élégance de mon jardin, le froid trop gourmand de verdure n’en a presque rien laissé si ce n’est ce feuillage jauni qui se noie dans les derniers sanglots de la belle saison et, tenace, pourrit pathétiquement, mais toujours accroché à ses branches…

Ce soir hélas je dois renoncer à la douceur des ciels pleins de torpeur, aux étoffes légères, aux terrasses ombragées où tintaient nos verres à moitié pleins… J’ai rangé les fauteuils d’osier qui me tendaient encore désespéramment leurs bras humides, décroché les toiles toutes raidies de froid de la pergola.

Et voilà Dame Nature déjà nue quand l’Automne s’en éprend et la fait sienne, tels des amants comblés ils s’endormiront tout un hiver de froidure jusqu’à ce qu’en Prince Charmant le Printemps éveille la Belle d’un baiser plein de promesses sans davantage s’enquérir du bellâtre tout flétri qui git à son côté…

Parce que l’automne froisse les feuilles comme les cœurs solitaires qui ont trop longtemps cru aux mirages de l’été.

Guy de Maupassant

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