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Erri De Luca | Statua di Caino

Publié le 02 mars 2021 par Angèle Paoli

STATUA DI CAINO o acquistato un Caino di bronzo. E' già senz'arma,
H
sta mezzo girato, si stacca dall'agguato
a suo fratello e alla generazione.
E' più basso di me, la mano larga, stesa,
la urto di sfuggita o gliel'afferro apposta
per arresto. Non so se sia mancino,
se stringo la colpevole o quell'altra. So che è tardi.
C' era pure un Abele, sdraiato sul fianco,
il braccio sul volto a proteggere niente. Non l' ho preso.
il suo corpo chiedeva uno spazio che da me non c'è.
Caino è di passaggio, svelto a togliersi, Abele no, sta a terra
e vede la sua vita seguire come un cane l' assassino.
Abele non sa stare rinchiuso in una stanza,
Caino sì, nell' umido dell' ombra, accanto ai libri
chiede il riparo che non è perdono.
Erri De Luca   |  Statua di Caino

STATUE DE CAÏN ai acheté un Caïn en bronze. Il est déjà sans arme, Erri De Luca,
J'
tourné à demi, il se détache du piège
tendu à son frère et à sa génération.
Il est plus petit que moi, la main large, ouverte,
je la heurte en passant ou je l'attrape exprès
pour l'arrêter. J'ignore s'il est gaucher,
si je serre aussi un Abel, allongé sur le côté,
un bras sur le visage qui ne protégeait rien. Je ne l'ai pas
pris,
son corps réclamait un espace que je n'ai pas chez moi.
Caïn est de passage, prompt à décamper, Abel, non, il est
par terre
pour voir la vie suivre l'assassin comme un chien.
Abel ne peut pas rester enfermé dans une pièce,
Caïn oui, dans l'humidité de l'ombre, près des livres
il demande un abri qui n'est pas un pardon.
L'Hôte impénitent [ L'Ospite incallito, Einaudi, 2008] in Aller simple suivi de L'Hôte impénitent, édition bilingue, éditions Gallimard, Collection Poésie/Gallimard, 2021, pp. 168-169. Traduit de l'italien par Danièle Valin.

Erri De Luca   |  Statua di Caino


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