Magazine Journal intime

Le complexe du kangourou

Publié le 25 juillet 2008 par Corcky



Tu me connais un peu, et tu sais que je suis une incurable hypocondriaque.

Depuis quelques temps, je m'inquiète. Je présente des symptômes alarmants. Je me palpe, m'ausculte, me considère sous tous les angles.

J'ai la tension dans les chaussettes, et même les énormités successives proférées par les guignols qui nous gouvernent peinent à me faire sortir de mes gonds. J'ai des boutons. La langue chargée. Ma vue a tendance à se brouiller facilement. Tout m'énerve, je suis à fleur de peau et j'envoie chier absolument tout le monde.

Évidemment, moi, j'ai tout de suite pensé à la thyroïde.

Quant à ma femme, elle s'est contenté de me faire remarquer que la période du mois pouvait éventuellement justifier cette effervescence corporelle, mon taux d'hormones étant inversement proportionnel à la cote de popularité du Président de la République.

Mais quand même, y'avait un truc qui ne collait pas. Quelque chose de pourri au Royaume de Danemark de Mézigue.

Et puis hier, j'ai tout compris.

C'est le Syndrôme de l'Elephant. Tu connais?

Cette sensation de te réveiller, chaque matin ou presque, avec un pachyderme de trois tonnes assis sur ta poitrine? Tu te lèves, Dumbo s'enfonce encore plus dans ta cage thoracique. Tu prends ton petit déjeuner, et les céréales ont du mal à descendre, parce que Dumbo vient de se gratter vaguement les couilles, comprimant ton oesophage au point de te filer un hoquet de tous les diables. Tu files sous la douche, et Dumbo se met à danser sur tes côtes tellement il est jouasse, lui aussi, parce qu'il aime la flotte et que c'est pas ça qui va le pousser à se lever, bien au contraire. Tu pars au boulot, Dumbo est toujours là, confortablement installé entre tes deux mamelles (généreuses, les mamelles), et ça te rappelle presque la sensation du porte-bébé que tu trimballais y'a quelques années, quand ta môme braillait comme un ouistiti et qu'elle faisait  encore dans ses couches. En fait, tu te rends compte que tu n'as jamais vraiment posé ce foutu porte-bébé, c'est juste que le bambin rose et potelé a laissé sa place à l'éléphant. Un éléphant en kangourou, en somme.D'où le nom de "complexe du kangourou" (tu remarqueras l'habileté de la pirouette syntaxique qui me permet de faire coller le corps de mon sujet au titre que j'ai choisi pour ce billet).

Du coup, me voilà avec la sale impression d'être, malgré moi, le cornac d'une bestiole obèse et qui ne sent pas la rose. Mon boulot me fait chier (et si ma fille me dit qu'elle veut devenir infirmière, je la déshérite ou je la bute, j'hésite encore). J'en ai marre de servir de nounou à une centaine de poivrots mal rasés même pas foutus d'honorer un rendez-vous chez le toubib qui crèche à cent mètres, qui me prennent pour un distributeur de pilules du bonheur et qui passent leur temps à s'envoyer des injures racistes à la gueule (les "tensions communautaires" qui font vendre du papier existent aussi chez les exclus, faut entendre les Arabes du Foyer demander aux Africains de remonter dans leur arbre et les Noirs rétorquer aux Arabes d'aller enculer Ben Laden). La banlieue me fait chier, avec ses centres commerciaux pourris qui attirent tous les kékés du 93 (grosses cassquettes de blaireaux, pantalons tellement "baggy" qu'on dirait qu'ils ont chié dedans, démarche d'attardés mentaux venant de fuguer du CMP le plus proche, vocabulaire pitoyablement pauvre se réduisant à "ta mère" et "pédé") Les infos me font chier, où l'ont voit des barbus pendre des homos et lapider des couples adultères en Iran, des apprentis-dictateurs éructer au Vénézuéla, des Américains plébisciter la peine de mort, des débiles profonds gouverner la France, Bernard Thibault pas encore exilé à Cuba ou en Corée du Nord, Renault licencier six mille pauvres couillons pour cause de profits pas suffisamment profitables, Tapie empocher le jackpot à force de sucer comme une pro du Bois de Boulogne et les Français contribuer malgré eux à la bonne santé du marché de la vaseline. La télé me fait chier, avec ses rats et ses lombrics vedettes, ses pouffiasses aseptisées, son Loto de merde, sa propagande à deux balles, ses redifs de Derrick et ses films de catégorie "va louer un cerveau" directement issus du trou de balle qui sert de cervelle aux grands cinéastes que sont Max Pécas, Philippe Clair et Bruno Mattéi, sans parler d'Intervilles qui est sans aucun doute ce que la beauferie crasse a produit de plus lourd.
.....

Excuse-moi, j'ai un éléphant à nourrir.





Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Corcky 6 partages Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte