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Zone de confort…

Publié le 14 octobre 2021 par Ivanoff @ivanoff

Les années sèment derrière elles ceux qui ont avant nous succombé.

Plus nous vieillissons, plus nous assistons impuissants aux départs de ceux qui furent longtemps un cadre familial ou sociétal. Progressivement nous sommes devenus à notre insu celui de nos enfants… Pourquoi craindre cet « Après » dont personne ne sait s’il existe ou s’il n’est que Néant ?…

Vieillir c’est se comparer à plus jeune. Mais ça n’est rien d’autre que ce qu’on appelle la Vie, qui commence on ne sait pourquoi et finit on ne sait pour quelle raison.

J’ai déjà perdu tant d’aimés, et tant d’inconnus qui pourtant cernèrent mon existence, il me semble maintenant évident qu’un Temps proche viendra où plus rien ne me sera familier. Que faire alors dans un monde sans repère ? La Mort n’est que le constat que plus rien grand chose ne nous retient ici bas.

Maintenant, autour de moi, nombreux sont ceux qui en ont franchi le pas… Je laisserai à regret mes enfants derrière moi, mais sereine cependant, puisque menant leur vie à leur tour munis du peu que je leur aurais appris, et nantis chaque jour davantage d’une « expérience » propre qui n’est pas transmissible.

Je ne crois pas avoir peur de cet inimaginable état qu’il serait vain d’essayer de décrire puisque personne n’en revint pour nous en instruire. Cet éternel questionnement a sa raison d’être, sans aucun doute, puisqu’il nous oblige à réfléchir à l’empreinte bien éphémère que nous aimerions laisser… La trace plus tenace des « célébrités » n’a finalement rien d’enviable, figée dans une mémoire collective qui n’en retient que la partie visible et ignorera à jamais l’intime vérité. Nous autres communs des mortels nous fondons lentement dans une mémoire familiale fugace certes, mais bien plus authentique. Je n’aurais d’ailleurs pas aimé qu’une foule d’inconnus s’approprie le peu de moi auquel ils auraient eu accès, le « succès » quel qu’il soit ne retient qu’une image factice faite pour coller à l’imaginaire collectif. L’anonymat préserve de ces intrusions indélicates, me suffit le regard de mes proches qui n’échappe pourtant pas à ces dérives, que connait on de l’Autre d’ailleurs que ce qu’il veut bien nous montrer, mais au moins l’échelle modeste est davantage supportable.

N’empêche, chaque coupure de presse annonçant le décès d’une célébrité qui fit partie de notre paysage participe à l’effacement de notre « zone de confort » tout autant que le départ de nos proches. C’est sans doute une façon de nous convaincre progressivement que notre Temps s’amenuisera ainsi jusqu’à ne plus nous être « familier », peut-être même « hostile » puisque dénué de ce cadre rassurant que sont nos ainés, nous laissant seuls à bord et bientôt à notre tour « portés disparus »…


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