Magazine Journal intime

En tête-à-tête avec...

Publié le 04 août 2008 par Dan
En tête-à-tête avec...Mardi dernier, je bossais. 12H de boulot, c'est 12h de transpiration. 12h de course. 12h de problèmes potentiels. Je bossais sans rien dire pour une fois. Oui, parce que d'habitude je suis une vraie pipelette. Je parle à tout bout de champs et je raconte toujours un truc. Quand je ne parle pas, je râle.

Quand je ne parle pas et que je ne râle pas, c'est que je dors... et encore...

Aujourd'hui, je sais que la journée va être tendue. Voilà maintenant plusieurs jours que la nouvelle a fait le tour du service. Mardi, et plus précisément ce mardi, la Directrice suprême de l'établissement doit nous rendre visite. Tout le monde est impressionné, sauf moi. Tout le monde met les petits plats dans les grands, sauf moi. Tout le monde à fait gaffe à son haleine, sauf moi.

Et pour cause, je ne l'ai jamais vu. Même pas à l'embauche. J'en ai entendu parlé. Je l'ai seulement vue en photo sur le livret d'accueil. Il s'agit d'une brunette aux yeux bleus. Elle arbore le sourire un peu forcé sur cette couverture mais elle donne une vague impression rassurante et presque maternelle. Qui est-elle? Comment est-elle? Je ne vais pas tarder à le savoir.

En tête-à-tête avec...
10h pétante! L'heure de boire le café si on a le temps et si nous ne sommes pas trop en retard sur notre travail. Infirmier organisé que je suis, je l'ai déjà préparé à l'avance! Il ne manque plus qu'a dresser la table de la salle de repos et d'entraîner les collègue à la débauche. En général, ils grimacent un peu mais quand je leur dis que le café est fait, personne ne rechigne davantage et tout le monde se précipite sur sa tasse.

Cette fois, ça s'annonce compliqué. Avec la visite de la chef suprême, tout le monde à peur de se faire pincer en train de boire le café. Tans pis pour eux. Je me retrouve donc seul, en tête-à-tête avec ma tasse dans la salle de repos. Comme souvent dans ces moments-là, si quelqu'un d'important se présente, il y a toujours une personne dans l'équipe qui donne l'alerte à tout le monde.


Dan range alors sa tasse à café, jette ce qu'il reste pour effacer les traces,avale sa gorgé collectée dans les joues gonflées et se jette sur son chariot pour faire mine de travailler.

La chef suprême débarque dans un service étrangement silencieux, accompagnée d' une cohorte d'huiles en tout genre. Ils lui présentent les locaux, les pièces, la chef du service, les toubibs...

Elle ne bronche pas d'un poil. Elle n'a encore pas eu besoin d'articuler la moindre syllabe que tout lui est apporté sur un plateau par ses sbires. C'est une femme certes bien habillée mais qui n'a rien d'exceptionnel. La quarantaine. Plutôt bien entretenue et d'une allure générale assez sportive. Taille moyenne, cheveux mi-long.

J'avais entendu dire, et ça me plaisait moins, qu'elle pouvait faire et défaire les réputations. Lundi tu peux travailler et le mardi être viré. Elle avait fait pleurer des filles, poussant même
certaines dans leurs derniers retranchements, jusqu'à ce que cela aboutisse en un arrêt maladie pour dépression. "Il parait que lorsque elle a quelqu'un dans le pif, tu es mort", m'avait-on prévenu.
Bref!! Puisque je ne semblais pas l'intéresser outre mesure, je m'appliquai au nettoyage de mon chariot de soins comme un petit infirmier docile que je suis.

Une fois le tour du service fait 20 fois, il a fallu que ses sbires lui meublent l'heure de visite qu'il lui restait. Ils décidèrent de lui présenter le personnel infirmier. Ça faisait un peu bêtes de foire.

Allez vient on va matter le personnel. Tu verras, ils mordent pas. Pas très civilisés mais tout de même un peu sociabilisé. Si tu passes un doigt par la porte, promis il ne t'arracheront pas le bras, on les a bien dressé.

Seul homme présent ce jour-là, j'ai droit à tout un laïus sur les bienfaits des hommes dans les équipes de soins. Je reste le regard dans le vague, ponctuant sa théorie de "hum hum". Je ne rends pas réponse et je l'écoute jusqu'à ce que la chef du service lui propose d'aller boire le café dans la salle de repos et de discuter de l'avenir du service. Ne cherchez pas, il n'y a plus de café. Quelqu'un mais je ne sais pas qui, a jeté le peu qu'il restait, de peur de se faire pincer par la chef.


"Allez-y, je vous rejoins. Je discute avec Dan."
Ce sont les mots exacts qu'elle a prononcé pour mon plus grand malheur. Comme presque toujours dans ces cas-là, tout le monde déserte et je me retrouve seul en tête-à-tête avec la chef suprême. Franchement, je préférais ma tasse de café, au moins je me mettais pas autant la pression en la regardant.

Elle à dû tenir le monologue au moins pendant encore 10 minutes. 10 minutes qui m'ont réellement parut une éternité car je ne savais même pas quoi lui répondre. Quoique je lui réponde, elle retournait toujours la situation à la manière d'un petit politicien assez culotté pour se marier à une italienne.

Lorsque la fin de l'entretien arriva, je lui souris poliment. Je lui serra la main qu'elle me tendit et je me retourna sur mon chariot encore sale à l'intérieur. A ce moment-là... ce fut le drame!!!

Et quel drame!!
En tête-à-tête avec...
Un première main se pose sur mon épaule droite et une deuxième main, lentement, se colle à mes fesses. Elle passe sur ma fesse gauche de bas en haut. Je crois rêver mais cela à duré assez longtemps pour que je puisse me rendre compte que je ne rêvais pas. Je me retourne aussi vite que je puisse le faire et je lui fais face, à quelques centimètres.

Je dois certainement avoir un air surpris sur mon visage et je ne sais même pas quoi lui dire. Mon cerveau ne fait qu'un tour: Sa parole contre la mienne? Un homme qui se plaint d'une femme? Un infirmier contre la chef suprême?

Trop tard. Tu n'as pas réagi assez vite.

Elle me souris, recule, éclate de rire sans doute devant ma naïveté et part en direction du café.

Je suis seul en tête-à-tête avec mon chariot.

Ok, je me suis fais avoir...elle a eut ce qu'elle voulait...

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