Magazine Journal intime

La mer, qu'on voit danser… (part 1)

Publié le 04 août 2008 par Anaïs Valente

Me vlà donc à nouveau partie en train, grâce aux services extraordinaires de la èsseènesébé, cette fois vers la côte belge une fois.  Ostende.  Ville parfaite pour aller sur le sable en cas de soleil et manger des gauf’/faire du shopping en cas de pluie.

Je suis heureuse comme une gamine un premier jour de vacances : je vais revoir la mer.  En compagnie de ma chtite filleule, 11 ans au compteur cette année.  Nan, je le jure, elle n’a subi aucune pression pour aller à la mer, je lui ai proposé plusieurs choses (citadelle, Bruxelles, bateau, mer, glandouille…), mais rien ne semblait l’intéresser, à part la mer, passque cet enfant est, via une mutation extraordinaire, passée, en quelques semaines à peine, de « gamine qui aime Diddle, les Walt Disney, le rose, donner la main à sa marraine et le happy meal » à « jeune ado qui aime les mangas, les comédies romantiques, les bijoux, prendre des poses langoureuses de petite femme et le big méga menu de la mort qui tue ».  En plus, elle est d’une beauté fatale, avec son teint mat et ses cheveux lisses et d’une minceur encore plus fatale, ce qui me fait ressembler, à ses côtés, à une grosse baleine blanchâtre, ridée et bouclée comme un caniche.  Je comprends maintenant ce que ressentent les mères à l’approche de la quarantaine, face à leurs filles soudainement transformées en adolescentes-lolitas. 

Un coup de vieux.  J’ai un sacré coup de vieux.  Et je la revois, d’un coup, à quelques mois,  régurgitant joyeusement sa panade sur mon chemisier de soie, braillant comme un veau qui vient de naître, me regardant de ses grands yeux, prononçant pour la première fois « marraine » dans sa poussette.  Argh.  J’ai un réel coup de vieux.  Bientôt elle sera grande et ne voudra plus parler à sa vieille grosse marraine ringarde.

J’ai un vraiment très gros très réel coup de vieux.

Bon.

Faut se ressaisir ma vieille qu’a un coup de vieux.  Retour à notre planning…

Nous partons donc à la mer, munies de quinze litres d’ice tea pêche, de trois kilos de biscuits, d’un chapeau de bobonne pour moi, d’une casquette glamour pour elle, de crème solaire, du jeu Uno, d’un appareil photo pour tout immortaliser, d’un grand essuie pour lézarder, de pulls pour grelotter, d’un livre pour elle, d’un livre pour moi, et de sa DS pour passer le temps.  Une véritable expédition. 

A la gare, le soleil est au rendez-vous.  J’achète nos tickets.  En réalité, mon ticket, passque les enfants de moins de douze ans voyagent gratos, sauf que je ne sais prouver qu’elle n’a pas douze ans, car elle n’a pas ses papiers sur elle.  Le vendeur de tickets, genre d’ogre édenté, me fait savoir que ce sera en fonction de l’humeur du contrôleur (enfin on dit « accompagnateur », mais l’ogre a bel et bien dit « contrôleur »).  Etant donné que nous ferons un changement à Bruxelles et que l’aller-retour durera près de cinq heures, cela me fera donc cinq heures à angoisser et quatre pics de stress à surmonter.  Vive les vacances.

Sur le quai, le soleil est encore au rendez-vous et la journée promet d’être belle.  Elle commence en musique.  Un concert de rap donné d’une voiture.  Les morceaux se suivent et se ressemblent.  J’interroge ma filleule : « tu aimes ? »  Elle aime.  Je vous le disais, transformation radicale.

Dans le train, nouveau concert, bien différent.  Du Brel.  Les vieux.  Une chanson que j’adore, mais dans ce cas, la cacophonie est totale et insupportable, un groupe de passagères adolescentes se croyant à la Star Ac.  Je hais les ados.  Y a-t-il une potion magique afin que ma filleule ne devienne jamais ado, par pitié ?  A nos côtés, une jeune femme raconte sa vie et celle de sa meilleure amie par GSM « je suis crevée, me suis couchée à 2h, levée à 6h30, non j’étais pas bourrée, j’ai juste trop fumé, tiens au fait c’est fini entre eux deux, il l’a demandée en mariage et depuis c’est fini ».  De l’autre côté, un couple d’amoureux se regarde dans le blanc de l’œil.  Il passe sa main sur son visage, tellement tendrement que j’en ai des frissons.  Derrière nous, un trentenaire complètement bourré, à la lèvre inférieure qui frôle le sol, fait d’incessants va-et-vient vers les toilettes, dispersant sur son passage des effluves répugnantes. 

Le train, déjà un goût de voyage.

22, vlà le contrôleur.  Sourire enjôleur.  Bonjour séducteur.  Merci charmeur.  Ça passe comme une lettre à la poste. 

Bruxelles.

Attente du second train.  Dix minutes.  Dix minutes durant lesquelles une employée n’aura de cesse d’annoncer des changements de voies au micro, dans les deux langues, à la vitesse d’un concorde.  Incompréhensible.  Elle va faire une crise d’apoplexie, la pauvre.  Et nous sommes mortes de rire 

Second train.  Il y a foule.  Impossible de nous asseoir l’une à côté de l’autre.  Je case la petite-plus-si-petite d’un côté, moi de l’autre.  Nous voilà entourées de cinq allemandes, ou à tout le moins de cinq germanophones.  Il est 10 heures.  Elles entament leur quatrième bouteille de pinard.  Rouge.  S’en servent des rasades monstrueuses dans des gobelets en plastiques, qu’elles déposent négligemment sur les tablettes du train.  Je suis habillée en blanc.  En blanc !  Avec du pinard rouch’ tout autour de moi.  Elles sortent ensuite le saucisson, les chips, puis la cinquième bouteille.  Et elles parlent.  Enfin elles hurlent.  Est-ce propre à la langue allemande de devoir la crier pour la pratiquer ?  Et elles picolent.  Ça sent la vinasse dans tout le compartiment.  Et j’ai en tête la chanson « ein proooosit, ein proooosit » (j’ai un doute sur le « ein », mais soit, on s’en fout).  Je l’ai en tête durant tout le trajet.  Tête à la limite de l’explosion, à cause de cette cacophonie dont nous sortons hébétées en gare d’Ostende.  Vite, fuyons.  Pas de contrôleur durant cette seconde partie du trajet, ouf, sommes sauvées… jusqu’à ce soir.

Ostende.  Son port, ses bateaux, son casino, sa mer, ses mouettes, ses touristes et son Mac Do.  La meeeeeeeeeeer, nous voilààààààààà !

Suite du récit… demain, même heure.



Retour à La Une de Logo Paperblog

Dossier Paperblog